L’autre nuit, n’arrivant pas à trouver le sommeil, j’ai regardé un vieux film américain qui racontait l’ascension d'Abraham Lincoln vers le pouvoir, jusqu’à son élection à la présidence des Etats-Unis en 1861.
Une chose m’a frappé, tellement elle pourrait – devrait - s’appliquer à notre pays dans le contexte de l’élection présidentielle.
Le jour des élections, l’état-major de Lincoln enregistre les résultats qui parviennent – par le télégraphe, l’internet de l’époque… - de tous les états du pays. Lorsque les derniers chiffres tombent, qui confirment la victoire de leur candidat, les supporters de Lincoln éclatent de joie. Un seul reste silencieux, triste, accablé et se retire dans son bureau : c’est Lincoln lui-même.
Un des cadres du parti républicain demande à un ami de Lincoln : Qu’a-t-il ? Veut-il vraiment être élu ?
Et l’autre de répondre : Oui, il veut être élu, mais il sait que, au moment même où sa victoire sera proclamée, les états du sud déclareront leur indépendance et ce sera la guerre civile.
Le soir du 6 mai, il faut espérer que, quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle, il n’y aura pas de débordements de joie dans son camp. Car chez nous aussi, ce sera immédiatement la guerre. Pas la guerre civile, bien sûr, mais une guerre terrible à mener contre les déficits, contre le déclin économique de notre pays, contre l’appauvrissement de notre peuple. Ce sont plusieurs années terribles qui nous attendent, et il ne faudrait pas que celui qui sera élu ignore ou fasse mine d’ignorer qu’il sera probablement, dans un avenir sans doute proche, l’homme le plus détesté de France.
Non, aucune raison de faire la fête le 6 mai…