Je suis de plus en plus désorganisée en termes de respect d’horaires (repas, lever, coucher).
Je n’en profite pas pour faire « les choses qu’on n’a jamais le temps de faire ».
La seule discipline que je parviens à maintenir à peu près c’est la séance de gymnastique.
Je m’inquiète pour « l’Après » selon cette nouvelle expression qu’on voit partout.
Je lis cet article https://reporterre.net/Au-nom-du-coronavirus-l-Etat-met-en-place-la-societe-de-controle et je comprends que çà y est, on y est, on est en train de basculer dans autre chose ; en même temps cela fait un moment qu’on bascule ; il fallait bien qu’un jour on soit complétement passés de l’autre côté. C’est maintenant. L’occasion est idéale, trop belle pour qu’ils la laissent passer. Pour organiser la résistance sanitaire du pays (masques, tests, médicaments, respirateurs, lits, moyens dans les hôpitaux …) y’à personne. Mais pour les drones, les applications de tracking et la reconnaissance faciale, là, ce sont des champions. L’occasion est meilleure que les attentats. Car les attentats ne nous enfermaient pas chez nous. Avec le covid-19, nous sommes faits comme des rats.
J’en vois beaucoup qui se disent prêts à en découdre « après ». Mais y-a-t-il un après ? Et après quoi ? « Après », le virus sera toujours là, pour longtemps. Comme dit mon chef « tout terrain perdu ne se reconquiert que très difficilement ».
Pourtant « en haut lieu », ils s’inquiètent de possibles mouvements de désobéissance civile après le dé-confinement. Ils ont bien raison.
Samedi je suis ressortie faire des courses. C’était ma troisième sortie, moins d’une heure à chaque fois. C’est compliqué avec le masque en tissu et les gants en vynil. Penser à l’ordre dans lequel on fait le moindre geste. Je ne sais pas si je sortirai cette semaine. Je peux m’en passer, en termes de ravitaillement du moins ; en termes d’équilibre mental ce sera autre chose … Mais sortir avec cette « fichue » attestation, pour une tâche bien définie, en moins d’une heure, en mode quasi commando d’une certaine façon, m’en ôte l’envie. Je m’en sens presque coupable. Je n’ai pas l’insouciance de ceux qui disent « qu’il faut bien s’aérer ».