Est-ce un hasard ? Une volonté politique délibérée ? Alors que « La vie d’Adèle » recevait la palme d’or à Cannes, aux mêmes instants dans la capitale, s’étiolaient dans un dernier spasme, les psaumes réfractaires de la France bleu blanc brune. Un réalisateur, deux actrices, leurs larmes de joie, leur jeunesse, contre les Légions du Triste et leurs chants lugubres.
Comme un coup de grâce, porté en point final.
Non décidément c’était une vraie psychomachie, s’imposant d’elle même. Un instant magique a vous tirer les larmes, qu’autorise parfois le cours aléatoire des choses. Un tableau de Van der Weyden où les dragons portaient la croix en sautoir, serre-têtes ou pulls bleus marines noués aux épaules, s’exerçant pour la première fois de leur vie, à cracher dans la rue le feu maladroit de slogans revanchards. Une belle coïncidence. Car il faut être clair, si l’on est vraiment amoureux d’un film, on ne prend pas le risque de l'abaisser à un instrument de récupération politique. Et c’est justement parce que certains l’auraient souhaité, que l’on ferait tout pour que cela ne soit pas. Et de l’amour, il y en a beaucoup dans et autour de ce film. Oui, « on a le droit d’aimer qui on veut, on a le droit d’embrasser qui on veut ».
J’espère juste qu’il rencontrera aussi un large succès auprès du public, qu’il pourra convaincre les plus bornés, que l’amour c’est beau entre hommes et femmes, entre hommes, entre femmes. L’amour est indivisible, et il n’y en aura jamais de trop ici bas.