Mettons-nous en situation. Imaginons que Sophie, une collègue, exprime un besoin à Benoît : un document à écrire, une réponse à apporter, une tâche à réaliser.
Pour le cadre en entreprise, il faut surtout éviter de répondre positivement à cette demande. Une tâche en appelant une autre, ce serait en effet le début d’un dangereux engrenage.
Comment échapper à ce piège ?
Dans la palette des techniques qui s’offrent à lui, Benoît peut choisir l’excuse bien pratique du manque de temps.
Mais attention. Il ne faudrait pas laisser croire que ce manque de temps est momentané, qu’il est lié à une situation amenée à disparaître rapidement. Il faut faire comprendre qu’il est structurel, consubstantiel même du poste : le cadre est donc « débordé ».
Il le fait savoir sur un ton mi-désespéré, mi-comique, afin que Sophie ressente tout le tragique et l’absurde de sa situation. Il s’agit de montrer que, avant même que la nouvelle demande n’ait été formulée, Benoît avait les pieds pris dans le ciment, qu’il était réduit à l’incapacité par la multitude de tâches qu’il doit réaliser.
« Alors, tu comprends, ta demande ! »
C’est tout le but de la manœuvre : indiquer que la réalisation de la nouvelle tâche va s’ajouter à une immense pile, et que sa réalisation sera nécessairement repoussée aux calendes grecques.
Si jamais Sophie fait mine de ne pas comprendre, et s’aventure à demander une échéance, alors la sentence tombera : en soupirant, le visage déconfit, Benoît indiquera : « Malheureusement c’est impossible de te dire quand je pourrai répondre à ta demande ».
C’est presque une preuve supplémentaire des difficultés que Benoît rencontre : il est tellement débordé qu’il n’est plus en mesure de se projeter dans le futur ! C’est dire si sa situation est compliquée.