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Ce qu'il faut retenir :
102 044 € d’argent public gaspillés pour un permis de construire illégal, une mairie condamnée pour entêtement, des chantiers hors de contrôle, et un maire plus isolé que jamais. À Vigneux-sur-Seine, le mandat de Thomas Chazal ressemble de plus en plus à un naufrage annoncé
Nouvelle condamnation, même impuissance : la mairie de Vigneux paie pour ses erreurs et son entêtement
La commune de Vigneux-sur-Seine vient d’être condamnée en appel à verser plus de 100 000 € à un promoteur immobilier, conséquence d’un ancien permis de construire illégal (dmjarchives.org). L’affaire remonte à 2018 : le maire de l’époque, Serge Poinsot, avait délivré un permis pour un projet de 176 logements sur un terrain public non déclassé.
bureau de pré-vente du promoteur SOPIC avenue Henri Barbusse
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Le permis a ensuite été annulé, et le promoteur a poursuivi la ville. En première instance, il n’avait obtenu que 1 000 € symboliques, mais la cour administrative d’appel de Versailles a retenu la responsabilité de la commune à hauteur de 30 %, la condamnant début 2025 à dédommager le promoteur à plus de 100 000 €.
Cour administrative d'appel de Versailles, 4ème Chambre, 8 avril 2025
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En effet, après l’annulation du premier permis, le successeur de Poinsot, le maire Thomas Chazal (LR), avait refusé le nouveau permis déposé par le promoteur, refus que le tribunal administratif a annulé en 2021. Au final, la cour d’appel a condamné Vigneux-sur-Seine à verser 102 044 € d’indemnités au promoteur – une somme sans commune mesure avec les 4,8 M€ demandés, mais bien supérieure aux 1 000 € initiaux. Cette décision en appel, rendue en avril 2025, fait payer à la commune la « faute initiale » de l’ancien maire… et l’entêtement de son successeur.
Des chantiers municipaux à la dérive : retard, explosion des coûts, et opacité
Le bilan du maire actuel se caractérise surtout par des chantiers qui patinent. Plusieurs projets municipaux accusent de longs retards et des dépassements de budget conséquents, au point de faire douter de la capacité de la mairie à mener à bien les travaux dans les délais et les coûts annoncés.
L’exemple le plus parlant est la rénovation de l’Hôtel de Ville (et de son annexe). Lancé en 2023 avec de nobles ambitions – modernisation en « maison du citoyen », amélioration de l’accueil, mise aux normes et verdissement du parvis – ce chantier a viré au cauchemar logistique (blogs.mediapart.fr). La livraison était initialement prévue pour avril 2024, mais dès les premiers mois les délais ont dérapé. Mais le plus frappant, c'est que les premières promesses visaient une livraison pour 2023 (vigneux91.fr).
Compte-rendu du conseil de quartier du 1 décembre 2022
À l’heure actuelle, mi-2025, le projet a pris de longs mois de retard et est loin d’être achevé (blogs.mediapart.fr). Les échafaudages entourent toujours la mairie, et nombre de services municipaux ont dû être délocalisés en attendant. Corollaire habituel de ces retards : la facture explose. Le budget de la rénovation a grimpé d’au moins +50 % sur certaines tranches de travaux. Le coût total initial, annoncé autour de 1,3 million d’euros HT, devra être réévalué lourdement. Ce fiasco municipal pénalise directement les usagers, tandis que la mairie communique peu sur la crise, alimentant frustrations et spéculations. Enquête publique ? Aucune. Audit ? Inexistant.
D’autres réalisations locales ont connu des sorts similaires. La rénovation de la salle des mariages qui devait doter Vigneux d’un espace cérémonial moderne dans le parc du Château des Acacias, pour 838 000 € prévus (vigneux91.fr) a pris du retard et peine à voir le jour. Par ailleurs, le cout passe de 838 000€ à 1 320 770€.
Compte-rendu du conseil de quartier du 1 décembre 2022
Communication du site de la ville
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Du côté de la place Anatole France, les projets de réaménagement de ce quartier (notamment autour de l’ancienne halle du marché) ont été lancés puis freinés à plusieurs reprises. Annoncée comme une future place conviviale avec commerces revitalisés et services publics modernisés (vigneux91.fr), la requalification tarde à se concrétiser. La place Anatole France reste un champ en friche, entre projets annoncés, promesses de réaménagement, et parking provisoire. Les commerçants ont été consultés et des idées proposées, mais sur le terrain rien de visible si ce n’est la fermeture du marché traditionnel et un espace en suspens : un simple parking. Là encore, les échéances glissent et les coûts risquent de dériver au-delà des prévisions initiales. Certains bruits courent au sujet d'amiante détecté dans la structure. Si cela s'avère exact, la mairie devrait revoir son projet de destruction afin d'intégrer cette nouvelle contrainte dans leur protocole de destruction. Pour l’heure, les habitants de ces quartiers constatent surtout les désagréments (délais allongés, cadre de vie dégradé temporairement) sans bénéficier des améliorations promises.
Photo de la place Anatole France en juillet 2025
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En somme, l’efficacité promise n’est pas au rendez-vous : à chaque fois que la mairie pilote un chantier, celui-ci semble s’enliser, avec temps doublés et factures alourdies à la clé, au grand dam de la population.
Ces retards systématiques posent une question de compétence : comment une mairie peut-elle accumuler autant d’échecs sans remise en question ?
Une gare rénovée... sans la ville
Le contraste est frappant avec le chantier de la gare de Vigneux-sur-Seine, piloté par d’autres acteurs. Présenté comme « titanesque », ce projet de modernisation du pôle gare a été mené tambour battant en à peine quatre ans de travaux, pour un investissement de 35 millions d’euros (mde.essonne.fr). Co-financés par Île-de-France Mobilités, la Région et SNCF Gares & Connexions, les travaux ont permis de transformer la gare, le tout inauguré au printemps 2025. Cette rénovation majeure s’est achevée sans retard notable – un fait suffisamment rare pour être souligné.
Pourtant, autour de cette gare flambant neuve, les aménagements relevant de la municipalité brillent par leur absence. De nombreuses mesures d’accompagnement local figuraient au programme afin de faire de la zone un véritable pôle multimodal exemplaire, mais plusieurs sont restées lettre morte à ce jour. Par ailleurs, chacun appréciera la façon dont le nom de la ville est accollé au montant du budget total des travaux que la région a investie. Nous sommes vraiment intéressés à savoir quelle est la contribution de la ville dans ce projet de plus de 40 millions d'euros. Nous savons d'ores et déjà qu'il est minimal car rien ne figure explicitement dans les budgets de la ville.
Compte-rendu du conseil de quartier du 1 décembre 2022
Dans le plan de requalification du pôle gare affiché en 2022, la ville prévoyait notamment : « aménagement du parking relais avec IDF-Mobilités » et « stationnement pour toutes les mobilités (Véligo-vélo, deux-roues motorisés, modes alternatifs…) » (vigneux91.fr), en plus de la restructuration de la gare routière et la création d’un nouveau parvis (prises en charge par les partenaires). Or, plusieurs de ces travaux n’ont pas été concrétisés, ou ne relèvent tout simplement pas de la compétence de la ville (l'art de s'octroyer les lauriers d'autrui) :
Le plan de stationnement réglementé dans le quartier de la gare, annoncé pour organiser le flux de véhicules autour du pôle, est toujours en attente.
Aucune zone de parking dédiée aux deux-roues motorisés (motos, scooters) n’a été aménagée, malgré la promesse d’en créer pour améliorer l’offre de mobilité.
Une structure de consignes sécurisées Véligo pour les vélos a été installée par la Région (ne relève, ni des compétences de la ville, ni de ses finances).
La transformation du parking actuel en parking relais (destiné aux voyageurs laissant leur voiture pour prendre le train) reste floue – concrètement, le stationnement aux abords de la gare n’a pas évolué (ni devant la gare, ni à l'arrière).
les emplacements taxis n’ont pas connu de changement notable, pas plus que les aires de dépose-minute pourtant évoquées un temps pour fluidifier le trafic des voyageurs.
les liaisons douces autour du pôle gare – ces parcours sécurisés pour cyclistes et piétons censés favoriser les déplacements “doux” – elles demeurent inexistantes. Vigneux-sur-Seine ne s’est toujours pas doté de pistes cyclables dignes de ce nom dans ce secteur. Le seul embryon de voie cyclable du quartier reste celui aménagé il y a plusieurs années sous Serge Poinsot le long de l’avenue de la Concorde, et aucun réseau continu n’a été réalisé depuis.
Gare de Vigneux-sur-seine
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En résumé : la part du travail incombant à la municipalité autour de la gare rénovée n’a pas suivi le rythme. Là où la SNCF, la Région et IDF-Mobilités ont tenu leurs délais et leurs objectifs, la ville a négligé ses propres engagements d’accompagnement. La ville revendique la métamorphose, mais n’a investi ni euros, ni volonté. Sa contribution est invisible dans les documents budgétaires. On applaudit les partenaires, pas la mairie. Un maire efficace aurait su saisir l’occasion pour transformer l’entrée de ville. Thomas Chazal a déserté le chantier.
Colère, lassitude, et gouvernance déconnectée
Les conséquences de cette accumulation de revers se font sentir parmi les habitants de Vigneux. D’une part, les affaires judiciaires coûtent cher à la collectivité : engager des procédures ou se défendre devant les tribunaux mobilise des avocats et du temps, sans compter les indemnités à payer en cas de condamnation. Chaque euro dépensé ainsi – par exemple ces 100 000 € perdus suite au permis illégal de 2018 – est un euro de moins pour les services ou investissements publics.
D’autre part, la lenteur chronique avec laquelle les projets urbains avancent et les surcoûts répétés finissent par lasser (voire fâcher) la population. Les habitants ont l’impression que les grands projets annoncés se transforment en serpent de mer, que les budgets dérivent sans explication, et que la transparence n’est pas au rendez-vous.
Plusieurs initiatives qui se voulaient « participatives » ont en outre laissé un goût amer. Par exemple, des concertations publiques ont été menées (sur le devenir du marché Anatole France, sur le quartier du 8 Mai 1945 en mutation (vigneux91.fr), mais beaucoup ont le sentiment que leurs contributions n’ont pas été vraiment prises en compte. Au final, les décisions semblent prises de façon unilatérale par l’équipe municipale, parfois à contre-courant des attentes exprimées localement.
Ce décalage renforce le climat de défiance. Sur les réseaux sociaux locaux et lors des réunions de quartier, les critiques fusent : on reproche au maire son manque d’anticipation, sa communication minimale en cas de problème, et une tendance à minimiser les difficultés plutôt qu’à les affronter ouvertement. Tous ces éléments – frais engagés dans des batailles juridiques stériles, condamnations judiciaires, projets enlisés ou imposés d’en haut – erodent la confiance des administrés envers leurs gouvernants municipaux. Beaucoup de Vigneusiens expriment de la lassitude, et certains parlent même de “mandat fantôme” pour la ville.
"Si je ne tiens pas mes promesses, je ne me représenterai pas" — Thomas Chazal, 2019
Élu en 2020 avec des promesses de renouveau et de dynamisme, il se retrouve aujourd’hui sous le feu des critiques pour les retards, les promesses non tenues ou bâclées, et une forme d’isolement dans sa gestion. Le maire lui-même avait fixé la barre haut. « Si je ne tiens pas mes promesses, je ne me représenterai pas », déclarait-il en 2019 alors qu’il briguait les suffrages des Vigneusiens (leparisien.fr). Cet engagement moral, il l’avait martelé pour convaincre les électeurs de lui faire confiance. Près de six ans plus tard, à l’approche des prochaines élections municipales, Cette phrase, prononcée en 2019, hante désormais les murs de la mairie. Car à moins d’un an de la fin du mandat, la réalité est implacable : promesses non tenues, chantiers ratés, condamnations judiciaires, et population exaspérée.
verbatim de Thomas Chazal au journaliste du Parisien
En 2025, le constat est sévère : Vigneux-sur-Seine a accumulé les retards, les litiges et les échecs, tandis que les succès tangibles se font discrets. Le mandat qui s’achèvera en 2026 aura été marqué davantage par les empêchements de dernière minute, les inaugurations manquées et les factures qui s’envolent, que par des réalisations concrètes améliorant le quotidien.
Le maire, son style de gouvernance et ses choix sont questionnés jusque dans sa majorité. À force d’écarter les voix critiques, Thomas Chazal s’est progressivement retrouvé isolé, peinant à fédérer autour de lui même ses anciens alliés. Au final, ce mandat aura surtout été un avertissement : les citoyens attendent des résultats, pas seulement des intentions. Si les promesses faites en 2019 n’ont pas su se traduire en actes efficaces, la confiance, elle, s’est évaporée. Et comme le disait si bien Monsieur le Maire lui-même, un élu qui n’honore pas ses engagements ne mérite pas de solliciter à nouveau le vote de ses concitoyens.
"À un an des élections, les promesses sont à terre. Reste à savoir s’il tiendra parole."
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