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Il s'agit ici de trois minutes d'un échange entre un ancien enseignant d'histoire de l’Éducation nationale, certes engagé mais en rien encore "politicien professionnel", et le polémiste de droite dure Eric Zemmour.
Là où en une, parfois deux heures de débat une dizaines d'hommes politiques supposés de premier plan n'avaient pas réussi à mettre en vraie difficulté le polémiste d'extrême-droite, cee personnage ridiculise l'habitué des plateaux-télé en adoptant une posture simple : il répète une phrase dénuée de sens d'Eric Zemmour et lui demande de la justifier. Le tout très poliment, et sans jamais adopter une posture grandiloquente d'indignation.
Au lieu de comprendre qu'il a cette fois affaire à forte partie (il faut dire qu'il n'y est pas habitué), au lieu de conceéder "oui ok j'ai été un peu approximatif mais..." (procédé de défense rhétorique dont nous verrons ultérieurement comment le contrer, c'est un peu plus difficile, mais c'est tout autant faisable), le sophiste néo-vichyssois s'accroche à son affirmation fumeuse, puis tente de la fait dévier sur une autre affirmation fumeuse, pensant ainsi s'en tirer*.
Sauf que son interlocuteur revient inlassablement mais fort calmement deux fois, trois fois, quatre fois, dix-fois, à la contre-vérité qu'il dénonce, avec pour conclusion sympathique que l'idéologue d'extrême-droite en sort ridiculisé, quasi-liquéfié.
Point à souligner à propos de cette méthode toute simple : NE SURTOUT PAS ACCEPTER DE CONTINUER AUSSITÔT LA DISCUSSION EN ABORDANT UNE AUTRE IDÉE, UN AUTRE THÈME, OU EN ACCEPTANT DE RÉPONDRE A LA DÉVIATION QUE TENTERAIT D ENGAGER L AUTEUR DE L'"IDÉE FAKE", CE QUI ABOUTIRAIT AU MÊME RÉSULTAT : PERMETTRE QUE SOIT QUASIMENT OUBLIÉE LA COMPLÈTE DÉMOLITION DU TRUQUAGE ÉVOQUE.
Tout au contraire : S'EN TENIR LA ET NE PLUS RIEN DIRE PENDANT AU MOINS TROIS VOIRE QUATRE MINUTES; C'est psychologiquement difficile, évidemment, mais cela constitue un point essentiel de la méthode. Cela permet en effet de ne pas redonner une seconde chance à un truqueur déjà mis ko.
Enfin si justement on était obligé, trois ou quatre minutes plus tard, de reprendre la parole (parce qu'il s'agirait d'un débat, par exemple), toujours commencer par rappeler l'acquis. Du type : " Bon, nous venons déjà de voir que vous racontez des fadaises à propos de... Venons en donc maintenant à..."
NB 1 : cette série de petits billets de blogs qui démarre, billets consacrés à l'anti-terrorisme intellectuel, reprend en les simplifiant diverses parties d'une étude à paraître prochainement dans un grand mensuel d'idées, et s'appuie sur une expérience de l'enseignement de la prise de parole démarrée il y a... 45 ans. Quant aux références, elles sont multiples, je n'en citerai donc que deux aujourd'hui : le Ménon de Platon (qui constitue une véritable mine de méthodes d'antifalsifications oratoires) et Monsieur Caméléon de Curzio Malaparte (1929 - Malaparte y analysait les mécanismes utilisés par Mussolini pour entraîner des foules entières de leur socialisme antérieur à ce qui devint le fascisme).
NB 2 : je laisse le premier billet de cette série ouvert aux commentaires. Si toutefois les quatre ou cinq provocateurs qui hantent le fil des tribunes de Médiapart pour y semer la confusion qu'ils adorent le prenaient pour cible, je serais amené à le fermer aux commentaires à partir d'un certain moment, et à fermer aux commentaires dès le début les suivants. Le service modération de Médiapart travaille en effet d'une manière qui m'oblige par avance à m'occuper moi-même de ne pas laisser voir empoisonner mes billets de blog.
Je demande donc instamment par avance aux abonnés qui se trouveraient en désaccord entre eux sur certains points soulevés par le billet de s'abstenir de s'insulter réciproquement, de s'abstenir de se traiter de"fascistes", et autres procédés empêchant toute véritable discussion. Si on est en désaccord avec un autre commentateur ou avec l'auteur du billet, on énonce ce désaccord poliment, et on en énonce le plus finement possible les raisons - enfin si possible on utilise un exemple à l'appui de son argumentation. Merci d'avance de respecter ces deux règles utiles et simples (je reviendrai d'ailleurs ultérieurement sur cette question du "débat non piégé, non piégeant", qu'avait beaucoup travaillée l’École de Francfort).
* Nous verrons également plus tard que faire face à cette méthode que nous appelons celle de "l'anguille", quand elle devient un peu plus subtile que dans la vidéo dont je viens de donner le lien.
Bon, je sais que ce billet sera "invisibilisé" par Médiapart, mais je me refuse à faire de la retape en envoyant des messages aux abonnés que je connais pour qu'ils viennent laisser un mot sur le fil ou cliquer sur"recommander", donc à ceux elles qui seront simplement venus le voir et l'auront éventuellement apprécié, SVP, faites lui un petit peu de publicité. Merci d'avance.