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Billet de blog 2 octobre 2024

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Faute de poste...

Je suis professeure Néotitulaire (T1 : première année) en Zone de Remplacement, en Histoire-Géographie-EMC et je suis une prof sans élève. J’ai le sentiment d’être laissée-pour-compte, mais plus encore d’être abandonnée par l’institution. Je ressens de la frustration de ne pas pouvoir exercer ma passion, alors que c’est ma première année. 

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai fait mes études d’histoire (Master Recherche) pour devenir professeur dans le secondaire. J’ai passé le concours du CAPES que j’ai eu du premier coup, j’ai été en stage à mi-temps : travailler 9h dans un établissement et être en formation à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE) de l’académie de Créteil, parallèlement. Puis j’ai été titularisée, heureuse de pouvoir avoir un poste en tant que titulaire : j’allais enseigner 18h de cours par semaine, j’allais avoir mes 6 classes. Les vacances approchent et je reçois mon affectation : je suis Titulaire en Zone de Remplacement. 

Dès la reprise des établissements, je prends contact avec mon établissement de rattachement : on me dit que faute de poste, je dois rester chez moi pour le moment. Le 4 septembre, je n’ai pas fait de pré-rentrée ni de rentrée. Les médias parlent du manque de professeurs et moi je suis payée intégralement à rester chez moi dans l’attente d’un poste. 

Quand on vous dit que le système est défaillant : on préfère jeter dans la fosse des contractuels sans formation (« vous vous formerez sur le tas » leur dit-on). Alors que des passionnés qui se sont formés comme moi, attendent sur le banc de touche, sans informations, laissés pour compte, le temps qu’on leur trouve un remplacement à faire. 

Je voudrais comprendre pourquoi les gros titres des médias sont toujours ceux du manque de personnel, alors que le réel problème est la défaillance d’un système qui gère non pas des humains mais des pions sur un échiquier : aucune information ne nous ai fournie alors même que nous avons envoyé des emails et appelé tous les numéros du rectorat en vain. Je ne comprends pas comment on peut ignorer cette défaillance alors qu’aucune entreprise privée ne gèrerait ces employés d’une telle façon… Aucune autre administration, à part l’éducation nationale. 

Je n’ai pas passé un concours national pour me retrouver sur le banc de touche dès la première année. Si j’avais su que les diplômés, que les lauréats des concours passeraient en second plan derrière ceux qu’on embauche en « speed-dating ». Si j’avais su que le système, aussitôt la titularisation accordée, nous laisserait tomber sans nouvelle, sans information, sans rien à part un « ne vous inquiétez pas, vous serez payée ». Si j’avais su…

Aujourd’hui, nous sommes le 2 octobre et je suis toujours sans poste : depuis la rentrée, je suis payée à rester chez moi. Bien sûr je prépare mes cours pour une éventuelle rentrée quelque part, mais nous sommes déjà en octobre… 

Nous ne parlons pas non plus des conséquences psychologiques que tout ceci engendre : des passionnées qui perdent goût à force de rester sur le côté et la solitude qui pèse sur nous attendant la moindre information ou le moindre soutien de la part de l’institution. J’ai le sentiment d’être laissée pour compte, mais plus encore d’être abandonnée par l’institution, je ressens de la frustration de ne pas pouvoir exercer ma passion, alors que c’est ma première année. 

Comment voulez-vous motiver les personnes qui souhaitent tenter des concours à les passer quand finalement les contractuels sont prioritaires au niveau des affectations… 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.