En pratique, cela signifierait que l'interdiction des 14 lobbyistes accrédités d'Amazon serait étendue aux « organisations qui cherchent à influencer les processus de prise de décision au nom d'Amazon ». En outre, la lettre signée par plus de 20 syndicats et organisations de la société civile, dont UNI Europa, Corporate Europe Observatory, LobbyControl et SOMO, demande « l'exclusion des représentant.es d'Amazon du bâtiment du Parlement européen en tant qu'invités » et « le refus des député.es européens d'assister à des réunions de lobbying avec Amazon en dehors des locaux du Parlement européen ».
La lettre, adressée au secrétaire général du Parlement européen Alessandro Chiocchetti et au Collège des Questeurs chargés de mettre en œuvre l'interdiction, affirme que « la voix d'Amazon s'étend bien au-delà de ses lobbyistes accrédités. Le registre de transparence montre que, pour la seule année 2023, Amazon a dépensé entre 2 090 000 € et 3 099 982 € pour 20 cabinets de conseil qui font du lobbying pour le compte de l'entreprise. »
Depuis la décision du Parlement et l'examen public supplémentaire, Amazon a également mis à jour son inscription au registre de transparence de l'UE. L'entreprise déclare avoir dépensé au moins 4,5 millions d'euros (avant 2,75 millions) , ce qui en fait la 7e entreprise la plus dépensière. Cette mise à jour intervient après que Corporate Europe Observatory, LobbyControl et SOMO ont déposé une plainte auprès du secrétariat du registre de transparence de l'UE en début d’année.
Oliver Roethig, Secrétaire régional d’UNI Europa, déclare : « Au lieu de négocier avec les syndicats et de payer un salaire décent à ses travailleurs et travailleuses, Amazon préfère dépenser son argent dans des activités de lobbying et de démantèlement des syndicats. Au lieu de faire face à l'examen public de ses pratiques, Amazon ne se présente pas aux auditions du Parlement européen. Mais l'époque de l'impunité est révolue : le Parlement a banni les lobbyistes d'Amazon de ses institutions. Aujourd'hui, les travailleurs et travailleuses d'Amazon, les syndicats et la société civile demandent que cette interdiction soit pleinement mise en œuvre, notamment en l'étendant aux organisations qui font du lobbying pour le compte d'Amazon. »
Les mesures décrites dans la lettre ne devraient être levées que « si Amazon (1) assiste à une audition sur les conditions de travail dans ses entrepôts dans une configuration similaire à celle de l'audition du 23 janvier et (2) accepte une visite du Comité EMPL et des représentants des travailleurs dans ses entrepôts en Pologne et en Allemagne une fois que les missions du Comité seront à nouveau autorisées après la période d'interdiction des voyages pendant les élections ».
Les antécédents de l'entreprise, entachés d'allégations de pratiques d'exploitation de la main-d'œuvre, de violations des lois antitrust, d'évasion fiscale et de négligence environnementale, ont suscité de vives critiques de la part de groupes de défense des droits dans le monde entier. La semaine dernière, après des mois d'examen minutieux de la part de la presse, de la société civile et des autorités gouvernementales, Amazon a accepté de verser 1,9 millions de dollars pour rembourser plus de 700 travailleurs et travailleuses d'entrepôts sous contrat en Arabie saoudite qui ont été trompé.es par des agents de recrutement et des sociétés de fourniture de main-d'œuvre.
La pression croissante exercée sur Amazon s'inscrit dans le cadre d'une campagne plus large menée par la campagne « Make Amazon Pay » qui a organisé des grèves et des manifestations dans plus de 30 pays le vendredi noir 2023.