Voici les enseignements que nous avons tirés ce matin du débriefing à l'University of North Florida (UNF) avec deux éminents professeurs spécialistes dont un constitutionnaliste : Mr. Matt Childer et Josh Gellers. Si quelques leçons pouvaient être tirées par un modeste Bruno Ben MOUBAMBA (le Secrétaire Général de l’Union du Peuple Gabonais), il faudrait résumer les choses de la manière suivante : Les républicains américains sont parvenus, mardi, à prendre la majorité au Sénat tout en conservant leur mainmise sur la Chambre des représentants. C'est donc avec un Congrès entièrement dominé par les républicains que le Président Barack Obama devra composer à l'avenir, jusqu’en 2016, la fin de son mandat et c’est une leçon à tous les Chefs d’Etat africains qui se prennent pour des dieux vivants ou des mâles dominants.
Avec le constitutionnaliste Josh Gellers de l'University of North Florida (UNF) pour l'analyse des élections américaines le 5 novembre
Les républicains ont raflé, le 4 novembre, la majorité au Sénat et confirmé leur supériorité à la Chambre des députés. Ils ont ainsi pris la main sur le Congrès entier, lors des élections de mi-mandat, qui renouvelaient les 435 députés de la Chambre des représentants, un tiers du Sénat (36 sénateurs) et 36 des 50 gouverneurs.
Mais, Il n’y a pas péril en la demeure et ce n’est pas la fin du monde. La défaite d’un camp ne signifie pour un autre camp le désastre, l’humiliation ou la famine comme au Gabon. La Constitution Américaine est la plus ancienne des temps modernes et la continuité du pays est inscrite dans la matrice des USA au-delà des ambitions. C’est une grande leçon en soi … pour le Gabon et l’Afrique à l’heure ou le Burkina Faso change et que le Congo Brazzaville procède à des arrestations de contestaires du projet de modifier la Constitution.
- Le Sénat est redevenu républicain aux USA et alors ?
A la Chambre haute du Congrès américain, les sénateurs du "Grand Old Party" ont récupéré six sièges (Virginie Occidentale, Arkansas, Dakota du Nord, Colorado, Montana, Iowa) nécessaires pour faire basculer la majorité en leur faveur. Et ils se sont même offert le luxe d'en rafler un de plus, en Caroline du Nord. Les républicains totalisent donc au moins 52 sièges sur 100 à la Chambre haute.
Pourtant, il faudra attendre encore plusieurs semaines avant de connaître les résultats définitifs. En Louisiane, les candidats n’ont pas réussi à se départager et devront s’affronter à nouveau lors d’un second tour, le 6 décembre. Le républicain Bill Cassidy devrait toutefois profiter du soutien du candidat du Tea Party et finalement gagner son siège au Sénat, détenu sans interruption par les démocrates depuis 1883. Autre verdict retardé, celui de l’Alaska, où les résultats mettent traditionnellement plus de temps à être rassemblés dans les comtés ruraux - ils pourraient ne pas arriver avant la semaine prochaine. Mais, c’est beau de vivre dans une liberté démocratique quoi qu’on en dise en Chine ou on ne sait ou …
- La Chambre des représentants est restée républicaine
Ce résultat était lui aussi attendu. La chambre basse reste républicaine avec 242 sièges contre 193 pour les démocrates, selon les projections de la chaîne NBC. Les républicains renforcent ainsi encore un peu plus leur mainmise sur cette Chambre où ils détenaient jusqu'ici 233 sièges. Le Président va devoir sortir le grand jeu pour montrer aux gens qu’il n’est pas payé à ne rien faire de constructif comme ceux qui passent leurs vies dans le luxe et la débauche au lieu de travailler pour le Peuple.
- Des électeurs désabusés dans un pays ou le vote est un luxe de plus
Si les chiffres de l'abstention ne sont pas encore connus, les analystes s'attendaient à une participation faible pour ces "Midterms" qui n'ont pas passionné les Américains. Jusqu’au bout, les candidats démocrates ont tenté d’encourager les électeurs à se rendre aux urnes, notamment les plus susceptibles de s’abstenir, à savoir les jeunes, les citoyens afro et latino-américains. Pourtant, selon NBC (chaîne sur laquelle s’est exprimée Bruno ben MOUBAMBA), la proportion de jeunes de moins de 30 ans qui s'est rendue aux urnes est plus faible qu'en 2010.
D’après des sondages de sortie des urnes, 79 % des électeurs ont une mauvaise opinion du travail du Congrès, et deux tiers pensent que le pays va dans la mauvaise direction. Moins d'un sur trois se déclare satisfait de l'administration de Barack Obama, selon CNN. On ne peut pas plaire à tout le monde !
D’après l’institut Edison Research, l’économie était le principal sujet de préoccupation des électeurs lors de ces "Midterms", devant la santé. Malgré un chômage au plus bas depuis six ans à 5.9 %, une croissance robuste à 3,5 % pour le troisième trimestre 2014, et la couverture santé de plusieurs millions d’Américains grâce à la réforme "Obamacare", le chef de l’Etat américain n’a pas réussi à convaincre. Sa capacité à être un leader a notamment été beaucoup moquée par ses rivaux ces derniers temps, aussi bien pour les dossiers nationaux qu’internationaux. Avec un Congrès acquis à l’opposition, cela ne devrait pas s’arranger.
Avec le politologue Matt Childer de l'University of North Florida (UNF) pour la prospective des élections américaines le 5 novembre
- Congrès vs Maison Blanche : blocage ou compromis ?
Que se passera-t-il à présent ? Certains républicains, comme le sénateur Ted Cruz, prônent un rapport de force, avec un affrontement direct entre la Maison Blanche et le Congrès. Ce tenant de la ligne dure du parti a ainsi prévenu, dans une interview au "Washington Post", qu’il pousserait le Sénat à être le plus conservateur possible et à ne pas tendre la main à la présidence. Ce sénateur texan du Tea Party, un probable candidat aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle de 2016, souhaite en outre que son parti cherche par tous les moyens à supprimer l’Obamacare, la politique sanitaire du Président.
Mais tous les républicains ne sont pas du même avis, et la plupart chercheront plutôt le compromis.Le "shutdown" (fermeture administrative) de 2013 n’a pas joué en faveur des républicains, accusés de s’être obstinés au détriment de l’intérêt général, pour un coût estimé à 2 milliards de dollars. Il n’est pas question, donc, de refaire la même erreur, en tout cas pour ces partisans de la négociation. Plutôt que de chercher à voter la suppression pure et simple de la réforme de santé – suppression à laquelle Obama pourrait opposer son droit de veto -, il s’agit d’en défaire certains pans seulement.
Pour le sénateur fraîchement réélu du Kentucky, Mitch McConnnel, il faut ainsi que ces deux prochaines années soient productives. "Il est temps de changer de direction ! Il est temps de remettre le pays sur la bonne voie !", a déclaré Mitch McConnnel, qui est appelé à incarner - en tant que chef de la majorité du Sénat - l'opposition à Barack Obama. Outre la remise en cause de certains volets de l’Obamacare, d’autres grands chantiers attendent la nouvelle majorité selon lui : la réforme fiscale, la production de pétrole ou encore la construction de l’oléoduc Keystone XL.
La Maison Blanche, privée de tout relais législatif, devra donc composer avec ce Congrès passé au rouge. Et outre les réformes sur lesquelles Obama devra peut-être faire une croix, d’autres décisions pourraient être rendues difficiles voire impossibles. Il s’agit de la nomination des ministres, des ambassadeurs, et d’éventuels membres de la Cour suprême. Pour toutes ces désignations, le président aura en effet besoin d’un accord du Sénat.
A l'University of North Florida (UNF) ce 5 novembre 2014
Barack Obama a d’ores et déjà annoncé par la voix d’un porte-parole qu’il invitait, vendredi prochain à la Maison Blanche, les leaders des deux partis au Congrès. Les discussions promettent d’être musclées. C’est mieux que la loi du plus fort qu’on observe au Gabon et sur le continent africain. On peut voir avec ces élections que le Secrétaire Général de l’Union du peuple Gabonais (UPG) a observé comme invité du Gouvernement américain avec d’autres visiteurs internationaux que la vraie démocratie est différente de la loi du « mâle dominant » qui impose sa volonté à tout le monde. C’est pourtant ce que les nouvelles générations africaines reprochent à leurs chefs d’Etat et leurs classes politiques.
Secrétariat Politique à la Communication de l’Union du Peuple Gabonais
Awendjé – Libreville (Gabon)