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Billet de blog 21 novembre 2014

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Gabon / Biafra : Les Gabonais peuvent supporter la vérité

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C’est avec une légère déception envers « l’élite » intellectuelle gabonaise que je me résous à aborder la question du « Biafra (province du Nigéria ensanglanté par le Gabon voici plusieurs décennies) », eu égard à « l’acte de naissance » du Président Ali BONGO ONDIMBA. Je n’ai aucun intérêt politique pour ce « Président » du fait de nombreux problèmes que j’ai affrontés à cause d’une opposition intellectuelle au Système Bongo / PDG et du fait aussi de la non pertinence du « Gabon Émergent ». Je n’attends rien de cette personnalité qui a causé beaucoup de soucis à l’Union du Peuple Gabonais (et je n’en dirai pas plus) mais en la circonstance, je souhaite m’exprimer pour l’honneur et pour l’Histoire … deux thèmes qui me sont très chers.

  1. Le Biafra est une faute historique gabonaise et non un argument

Nous, à l’Union du Peuple Gabonais (UPG), nous ne sommes pas intéressés par le livre de Pierre Péan qui déclare qu’un ancien hiérarque du Parti au pouvoir, devenu opposant en deux temps et trois mouvements en 2009, aurait pu vaincre dans les urnes l’opposant historique et fondateur de l’UPG, Mr. Pierre MAMBOUNDOU. C’est peut-être l’avis du réalisateur du film « Françafrique » ou de l’auteur de « Nouvelles Affaires Africaines » mais un UPGiste sérieux ne peut pas considérer un tel livre vexatoire pour les 25 ans d’opposition de l’Union du Peuple Gabonais. Il est si facile de jouer sur les instincts des peuples pour faire de la masse critique, une foule de « hutus non modérés » ou des « nazis tropicaux » qui poursuivront demain les hordes d’envahisseurs étrangers venus manger le pain des Gabonais. Tout le monde ne mange pas de ce pain-là et c’est notre droit le plus absolu !

On peut néanmoins comprendre les arguments de ceux qui affirment qu’évoquer « l’humiliation nationale » et la propension à amalgamer tout, en citant le Rwanda est un raccourcis. D’aucun nous rappelle que revenant fraîchement des USA où un cas similaire fit débat dans une si grande démocratie, un seul geste en guise de réponse d’Obama a permis de clore le débat sans qu’il fut invoqué l’argument léger de l’humiliation des USA. Et puis qui s’humilie dans cette affaire, disent-  ils ? En tout cas, pas le citoyen Gabonais lambda, encore moins le Gabon, mais l’homme indexé… Certes !Encore faudrait-il ne pas faire dans les faux-semblants : Mr. Omar Bongo fut soupçonné d’être Centrafricain … Mr. Alassane Ouattara n’est devenu vraiment ivoirien qu’après un compromis politique décidé par l’ex-Président Laurent Gbagbo (Ce dernier est aujourd’hui au Tribunal Pénal International (TPI) et Mr. Ouattara est Président de la Côte d’Ivoire), Mr. Joseph Kabila de RDC est dit Rwandais de père, la Présidente de transition en Centrafrique est accusée d’être Tchadienne et Camerounaise, Mr. Obiang Nguema de Malabo et Bata est parfois traité de Gabonais de Bitam,… etc. Nous avons inventé la roue au Gabon mais cette question est récurrente en Afrique et il faut comparer les choses comparables. Surtout quand on a servi le pouvoir que l’on décrie aujourd’hui et lorsque ceux qui n’en ont jamais profité appellent à la raison.

On est en train d’exciter un sujet comme un chiffon rouge devant un taureau qui est pourtant une communauté politique gabonaise, qui s’est déjà rendue coupable de graves atteintes aux droits humains dans l’affaire des Béninois lynchés pour une sombre affaire entre le Président Omar Bongo du Gabon et le Président Mathieu Kerekou du Bénin (elle n’a pas empêché la communauté nationale d’être dominée économiquement aujourd’hui par des ressortissants du pays de Mathieu Kerekou), ensuite il y a eu un quasi pogrom contre les Camerounais, suite à une fausse agression sur joueur, lors d’un match de football du FC 105, et puis il y a eu des Africains qui sont morts entassés dans des cellules à Libreville  … etc.

Tout ceci, alors que le chiffre de la « population » est devenu un sujet tabou au Gabon et que les chiffres du recensement ne sont pas prêts d’être publiés.Et puis encore, il y a eu cette destruction du Biafra depuis des bases gabonaises, et aussi la destruction du Congo Brazza depuis le Gabon (n’en rajoutons plus) …  Arrêtons donc de présenter la communauté nationale comme une communauté qui a la conscience pure à défaut d’avoir une génétique purement bantoue désormais. Ce qui ne cesse de préoccuper.

  1. Pour l’honneur et pour l’Histoire

 Pendant que des politiciens désespérés s’amusent à présenter les enfants du Biafra comme des pestiférés qui auraient envahis par magie la gentille population gabonaise avec « leurs méchants ventres ballonnés », comme si le Gabonais était devenu un aryen de race pure, les intellectuels (s’il en reste) devraient expliquer au « Peuple » que le génocide du Biafra a été causé par le Gabon et que c’est une tâche sur notre Histoire.Pour l’honneur et pour l’Histoire, il est de ma responsabilité de dire qu’il n’y a rien de honteux à être un biafrai et la vraie honte pour notre pays est d’avoir servi de base arrière à une entreprise de destruction d’un peuple qui ne nous a pas attaqué et que nous avons affamé, réduit en cendre sur ordre et massacré avec une hypocrisie humanitaire, sans précédent en Afrique.

Quelq’un doit le dire au Gabon, car nul ne peut être fier que son pays ait été à l’origine d’un génocide qui a eu lieu non loin du Gabon et par la complicité ou la faiblesse de nos dirigeants. Et même si Ali Bongo Ondimba était un biafrai (ce qui reste à démontrer mais c’est à lui de le faire), ce ne serait que pure ironie de l’Histoire qu’il nous ait « commandé » un temps, car les crimes du Gabon sont innombrables et ce ne serait pas cher payé, n’est ce pas ? Et les citoyens de ce pays, ne peuvent pas dire « ce n’est pas moi, c’est le Président Omar Bongo qui a bombardé le Biafra pour plaire à ses amis ». Les actes d’un « chef » engagent la communauté qu’il représente. L’une des premières choses qu’un vrai Président fera dans un « Gabon normalisé » sera de demander « pardon » à tous ceux à qui notre pays a fait du mal et je ferai cette repentance pour l’honneur et pour l’Histoire, si cela m’arrivait un jour. C’est mon honneur et ma fierté de dire la Vérité ici et maintenant, sans craindre la rumeur assassine et les projets anonymes.

  1. Ne pas offrir une victoire aux artisans du malheur des populations !

Si  les Gabonais veulent entendre le langage de la haine, je ne leur serai jamais d’aucune utilité, c’est certain. J’ai choisi de m’inscrire dans la lignée des hommes qui ont pardonné tout le mal qui leur a été fait, d’une manière ou d’une autre ! Non, à la vengeance et au crime, même organisé !Alors que l’Afrique du sud était plongé dans le chaos des années 90, un homme a su défendre sa vision alors qu’une guerre raciale et ethnique étaient l’option la plus crédible : Nelson Mandela  ! Se laisser déborder par la haine serait offrir une belle victoire aux artisans du malheur des populations ! Comme lors des dérives de l’Inkhata Zoulou en Afrique du Sud qui voulait en découdre absolument, alors que Mandela tentait d’imposer la paix et la réconciliation.Dans tous les cas, nous qui n’avons pas détruit ce pays et qui ne participons au débat national qu’avec nos idées et nos convictions, n’avons pas à nous laisser impressionner par les campagnes calomnieuses.

Nous disons au Peuple ceci : Le Gabon peut supporter la vérité ! C’est nous, le Gabon qui avons détruit le Biafra et causé un génocide au Nigéria. Il n’y a rien de honteux à être biafrai et c’est bien notre pays qui porte la responsabilité de « leurs fameux ventres ballonnés » que nous exhibons sur le net, comme une honte !Et pour être cynique : si par miracle, Mr. Ali Bongo Ondimba était un biafrai qui nous dirige, ce ne serait que pure justice, je le redis : le Gabon a causé un véritable génocide au Biafra. A quand la repentance nationale au lieu de se réfugier derrière des postures et en ignorant les balbutiements de l’Histoire ?Mais en quoi cette vérité cynique changerait le destin tragique quotidien des Gabonais ?  Au regard de l’Histoire politique du pays, le Système BONGO -PDG est toujours là et Ali BONGO c’est le système !

La réponse ne se trouve pas au siège de l’UPG mais du côté de ceux qui ont permis à ce système de durer un demi-siècle et qui veulent se présenter en parangons de vertu, sans aucune repentance. C’est indécent.Restons sur le droit : ce Président a prêté serment le 16 octobre 2009 et il est donc Président en droit, reconnu par la communauté nationale et internationale ! Nous sommes partisans de le faire partir par des moyens politiques et légaux et non en jouant le jeu des officines que nous connaissons très bien, même si l’on fait semblant de les ignorer ou de les méconnaître. A moins qu’il ne dépasse les bornes, bien évidemment. En cela, nous faisons comme les opposants Camerounais qui ont eu assez de sagesse pour laisser Biya s’en aller en paix plutôt que de jouer le jeu de ceux qui veulent voir le chaos au Cameroun. Ali Bongo n’est pas Dieu et il n’est pas éternel ! Voici pourquoi « le débat de l’acte de naissance » n’est pas une vraie occasion politique.  Mais ceci n’est qu’un point de vue et personne ne peut tuer le débat dans un pays qui se cherche.

 Bruno Ben MOUBAMBA

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