"Chers compatriotes gabonaises et gabonais,
De par ma naissance, mon éducation, les différents cercles de formation auxquels j’appartiens et l’expérience accumulée au fil des rencontres, des microcosmes, des responsabilités et des voyages, j’ai acquis un certain nombre de valeurs telles que le sens du devoir, du respect et de la responsabilité.
Ainsi, mon positionnement actuel et futur, fruit d’une méditation personnelle sur "l’engagement républicain responsable" ne saurait souffrir d’aucune influence ou embrigadement que ce soit. La situation actuelle de notre pays le Gabon et la manière dont ses affaires sont menées interpellent à raison le citoyen libre que je suis.
La sagesse nous enseigne que les dernières paroles d'un chef de famille, d'un maître spirituel - ou d'un ancien sont sacrées et ne s'envolent jamais. A échéance, ces paroles prophétiques se réalisent toujours. Pour l’illustrer, je citerai deux grandes figures contemporaines que vous et moi avons plus ou moins connues, côtoyées, servies, aimées et respectées.
D’abord Omar BONGO ONDIMBA. Celui-ci déclarait : «... j’ai pour habitude de dire, gabonais nous sommes, gabonais nous resterons. Pensons à notre pays, pensons à notre jeunesse. Nous croyons en Dieu, mais Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes entrain de faire. Il nous observe. Il dit : amusez vous. Mais le jour où il voudra nous sanctionner, Il le fera. Que Dieu protège le Gabon, je vous dis merci. » Fin de citation.
Puis une autre figure plus universelle celle-là, disait, je cite : « Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c'est l'oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l'opprimé d'autre recours que d'utiliser les méthodes qui reflètent celles de l'oppresseur. » Il s’agit, vous l’avez compris de Nelson MANDELA.
Ainsi, après une longue période de réflexion et d’hésitation, j’ai donc pris la décision de démissionner du Parti Démocratique Gabonais (PDG), parti auquel j’ai librement adhéré, et l’ai notifié à son Secrétaire Général.
A quoi nous sert-il d’avoir des yeux si nous regardons sans voir ? A quoi nous sert l’ouïe si nous entendons sans comprendre ? Si le bon fonctionnement de ces sens nous fait défaut, ayons au moins la faculté d’agir selon les exigences du temps. Notre pays se trouve désormais dans une situation où se taire, ou pire, se compromettre, revient à naviguer à contre courant des mutations sociétales que nous inspirent l’actualité et les signes des temps.
A la loi du silence qui veut qu’on adapte son pas au rythme du troupeau des moutons de Panurge, sans discerner le compromis de la compromission, j’ai choisi d’opposer, au risque de sembler « solitaire et suicidaire », ce que je nomme « l’engagement républicain responsable ».
Ma responsabilité devant Dieu, devant la Nation, devant l’histoire et face à ma conscience m’oblige à ne pas rester silencieux en ces temps si sombres et si difficiles que traverse notre pays.
Au vu de l’urgence, j’interpelle la responsabilité de chacun. En effet, avant d’être politique, économique et sociale, la crise au Gabon appelle avant tout à une de prise de conscience morale. Le non respect de l’éthique républicaine, de la déontologie, de l’histoire nationale, de la tradition et des lois spirituelles ont été à l’origine des problèmes auxquels nous devons faire face aujourd’hui ; et il revient dès lors à notre génération d’y mettre un terme afin de ne point léguer aux générations futures une « bombe à retardement » qui d’ailleurs pourrait aussi très bien nous exploser en plein visage.
D’abord, il nous faut chez nous préserver et consolider le peu que nous avons construit pendant ces cinquante dernières années : la paix. Dilapider cet héritage, déjà fragile du fait de nos turpitudes, serait un crime contre nous-mêmes.
Chacun d’entre nous compte. Chacun d’entre nous a son apport dans l’atteinte de cet idéal. Dans cet esprit, le développement du Gabon sera à notre portée. Nous devons agir maintenant et tous ensemble face à cet idéal qui s’impose à tous ; cet idéal contenu dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, réaffirmé dans notre constitution et qui font de : (1) l’égalité politique et sociale de tous les citoyens, (2) du respect de la propriété, (3) de la souveraineté de la nation, (4) de l’admissibilité de tous les citoyens aux emplois publics, (5) de l’obligation imposée à chacun d’obéir à la loi, (6) de l’expression de la volonté générale, (7) du respect des opinions et des croyances, (8) de la liberté de la parole et de la presse et (9) de la répartition équitable des impôts consentis librement par les représentants du pays, les fondements de notre vivre ensemble.
La République Gabonaise est une et indivisible ; elle doit l’être dans les faits et l’intérêt supérieur de la nation doit prévaloir sur toute appartenance à une ethnie, à une famille, à une province, à un parti politique ou encore à un courant de pensée humaniste. J’ai donc décidé en conscience, de ne pas être otage d’un système qui a démontré ses limites et son inefficacité devant les enjeux auxquels notre pays fait face.
L’engagement citoyen doit servir, à mon sens, les aspirations et les intérêts nationaux sans exclusive. Comme mon propos le suppose, je suis partisan d’une orientation nouvelle pour notre pays, loin des mentalités actuelles et des schémas en vigueur imposés de l’extérieur pour garantir des intérêts d’hégémonie impérialiste.
Relevons que certaines puissances étrangères, à travers leur politique africaine, leurs réseaux et services secrets ne cessent, ces derniers temps encore plus, d’intensifier leurs actions et opérations subversives contre le Gabon et l’unité de ses fils.
Afin de mieux exploiter notre pays, elles ne cessent de nous opposer les uns aux autres en attisant la haine et la division. Elles créent et entretiennent depuis l’ère coloniale, les préjugés discriminatoires et nous imposent des politiques tribales d’exclusion. Certaines composantes du corpus national jugées "incontrôlables ou imprévisibles" sont taxées à dessein d’extrémistes, de sectaires, xénophobes, adeptes de la violence. Le comprendre et le combattre, c’est faire se lever une aurore nouvelle pour notre chère mère patrie. Mon vœu le plus cher est de voir advenir un Gabon uni, solidaire, prospère et débarrassé de toute peur.
Que ces puissances étrangères et le pouvoir politique qu’elle soutient contentent les gabonais, mettent fin au génocide du peuple, aux rivalités et jalousies ethniques qu’ils entretiennent. A défaut, qu’ils consentent à organiser des élections libres et transparentes que les gabonais réclament de leurs vœux, au risque de voir subvenir par leurs fautes les conflits qui ont vu d’autres nations africaines s’embraser.
Aujourd'hui les injustices sociales sont telles que les gabonais ne se sentent pas tous égaux dans leur pays et se regardent en chiens de faïence. Lorsqu’un régime minoritaire et impopulaire au bilan décrié est incapable d’assurer la cohésion nationale mais s'obstine tout de même à conserver le pouvoir par tous les moyens, on peut s'attendre au pire. « Les mêmes causes produisent les mêmes effets », a-t-on coutume de dire.
La paix ne peut se construire par l’entretient d’un îlot de prospérité dans un océan de misère, et encore moins par la confiscation de privilèges par une baronnie insatiable, ni par la confiscation de droits élémentaires nécessaires à l’épanouissement de l’individu et partant au progrès qualitatif de toute la société.
Paix – Développement – Partage? Oui! Mais pas en excluant une fraction du peuple ; pas en creusant les écarts entre provinces ; pas en discriminant et sacrifiant les enfants de la république gabonaise sur l’autel des passions étrangères. Je milite donc pour plus de morale politique au Gabon pour plus de solidarité sociale, plus de justice sociale, plus d’équité et plus d’égalité des chances.
La classe politique dans son ensemble, toutes les forces vives de la nation et toutes les femmes et hommes de tous les horizons épris de paix se demandent aujourd’hui, unanimement, ce qu’il y a lieu de faire pour sortir le Gabon de l’œil du cyclone. Nous devons impérativement agir pour proposer aux générations actuelles et futures, un véritable projet de développement partagé. Cela nous oblige à accepter le principe de communauté de destin qui fonde la nation et la structure.
‘’La séquestration’’ des frustrés et révoltés - candidats à la démission des rangs du PDG, ex-parti unique mais toujours véritable parti-État - soumis à des menaces, intimidations et à des promesses de traitements identiques à leurs ex-camarades qui reçoivent dénigrement et insultes, cultive le sabotage de son action de l’intérieur par cette frange importante de militants contraints d’y demeurer par peur des mesures répressives. La conséquence logique de cette situation est l’inexécution des programmes gouvernementaux, et de fait le blocage de tout l’appareil étatique.
Les gabonais veulent être écoutés ; ils veulent librement participer au projet d’édification de la maison Gabon. C’est leur droit, et il est inaliénable. La gestion des affaires publiques ne peut plus être exclusivement une ‘‘affaire d'initiés’’. Ne pas en tenir compte, c’est se faire harakiri. En sus n'oublions pas que tout organisme est appelé à évoluer et toute structure négative à muer ou à disparaître, car portant elle-même les germes de son autodestruction.
L’histoire politique de notre pays depuis les indépendances étant jalonnée de retournements de veste spectaculaires et de trahisons, je suis conscient du scepticisme de nombre de mes concitoyens face à la sincérité de ma posture actuelle, et je le comprends.
Tirant les conséquences de ce qui précède, j'ai ressenti l’ardente détermination à être du bon côté de l’histoire et à mettre mon vécu au service de mes concitoyens et de notre pays le Gabon. Vous trouverez en moi l’interlocuteur constructif prêt à vous rendre des comptes de ma part de vérité selon les champs de compétence qui ont été et demeurent miens".
@Léon-Paul NGOULAKIA.