La frappe israélienne sur Doha change la donne : elle n’est pas un incident isolé mais la manifestation explicite d’une doctrine qui ne connaît plus de limites territoriales ni de frein moral. Alors que la population de Gaza pleure plus de soixante-cinq mille morts, au bas mot, un bilan officiel repris par des médias internationaux, l’État génocidaire israélien étend aujourd’hui sa loi du plus fort au-delà de la Palestine elle-même.
Ce que nous observons n’est pas simplement une escalade militaire, c’est une stratégie politique cohérente : multiplier les fronts, internationaliser la terreur, saboter toute médiation, et masquer le génocide en cours derrière un rideau de fumée diplomatique. En quelques jours, Israël a bombardé non seulement Gaza mais aussi le Liban, la Syrie, la Tunisie, le Yémen et désormais le Qatar, dans une démonstration assumée d’extraterritorialité militaire. Les dirigeants israéliens ne s’en cachent même pas : le ministre de la Défense parle du «long bras d’Israël» capable de frapper partout, tandis que Netanyahu menace directement le Qatar de nouvelles frappes si celui-ci ne se plie pas à ses injonctions d’expulsion des chefs politiques du Hamas que le Qatar avait accueilli en 2012 sur la demande des USA.
Cette offensive révèle la logique profonde du projet sioniste. La violence n’est pas un accident mais le cœur du système colonial. Elle est utilisée comme outil de contrôle systémique, pour discipliner les peuples et détruire les structures politiques arabes. En exportant la guerre hors de Gaza, Israël cherche à transformer toute résistance palestinienne en « menace globale » et à brouiller les lignes de responsabilité. L’objectif est double : criminaliser la résistance et isoler la Palestine, tout en dissuadant les médiateurs régionaux. C’est ainsi que l’attaque contre Doha doit être comprise : comme une tentative de faire payer au Qatar son rôle de plateforme de négociations et de lui signifier que même l’alliance avec Washington ne garantit plus la protection de sa souveraineté.
La réaction internationale, timide mais notable, confirme ce basculement. Londres, Paris, New Delhi et d’autres puissances complices du génocide ont dû condamner publiquement l’attaque contre un État souverain. Mais ces condamnations ne suffisent pas devant Juste rajoute le viol des souverainetés territoriales des pays toujours plus nombreux. L'impunité pousse cet état criminel et génocidaire à toutes les horreurs. Ainsi, ces faibles condamnations ne gomment ni les décennies de soutien militaire, ni les livraisons d’armes, ni la couverture diplomatique qui ont permis à Israël de prospérer dans l’impunité. Dénoncer ponctuellement une frappe tout en renforçant les liens stratégiques avec Tel-Aviv revient à maintenir intacte la structure qui rend ces agressions possibles.
Face à cette fuite en avant, il devient urgent de clarifier les enjeux. La frappe de Doha n’est pas une dérive, mais la continuité de la logique coloniale israélienne. L’extraterritorialité de la violence vise à affirmer qu’aucun État, aucun peuple, aucun territoire n’est à l’abri de la terreur sioniste si ses intérêts contredisent ceux de Tel-Aviv. Il faut en tirer une conclusion politique nette : Israël n’est pas seulement une menace pour la Palestine, il est une menace pour la stabilité régionale et mondiale.
L’heure n’est donc plus à l’indignation impuissante. Ce qui est en jeu, c’est la construction d’un rapport de force réel. Cela signifie imposer un coût politique et économique à Israël : isolement diplomatique, sanctions, embargo sur les armes, gel des accords de coopération et poursuites systématiques devant les juridictions internationales. Cela signifie aussi renforcer la solidarité internationale avec la Palestine et avec tous les peuples pris pour cible par la machine de guerre coloniale israélienne.
Ce que Netanyahu a fait à Doha est une déclaration de guerre au monde. C’est à nous d’y répondre par une résistance mondiale, politique, sociale et juridique, capable d’imposer des limites à un régime qui n’en reconnaît aucune. La solidarité ne peut plus être une posture morale : elle doit devenir une stratégie offensive.