Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux,
Le silence qui a accueilli notre première lettre ne peut plus être toléré face à l'ampleur du drame qui se déroule sous nos yeux. L'escalade génocidaire s'est intensifiée : plus de 60 000 morts dont 19 000 enfants, 119 000 blessés, 11 200 disparus. Gaza détient le sinistre record du plus grand nombre d'enfants amputés au monde. Quatre-vingts pour cent de ses écoles ont été pulvérisées, tout un patrimoine millénaire réduit en poussière.
Ces chiffres témoignent d'un génocide en cours - le mot doit être prononcé sans détour. C'est ce que reconnaissent le Comité spécial des Nations Unies, Amnesty International, quarante-quatre États et les plus grands spécialistes du génocide. Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de Justice a reconnu l'existence d'un risque « plausible » de génocide contre le peuple palestinien. Cela fait plus d'un an que vous le savez.
L'article L1115-1 du Code général des collectivités territoriales vous impose le respect des engagements internationaux de la France, dont la Convention de 1948 sur la prévention du génocide. Contrairement à d'autres décisions qui relèvent de l'État, la rupture d'un jumelage est de la compétence exclusive du conseil municipal. Vous avez le pouvoir et le devoir d'agir.
D'autres villes ont rompu le silence : Strasbourg et La Rochelle ont suspendu leur jumelage avec Acre, Barcelone et Ixelles ont agi. Ces décisions montrent une marche de l'histoire qui va vers le refus de la complicité. Et c'est pourquoi Marseille doit faire mieux encore : face au génocide, la réponse n'est pas une simple suspension, mais la RUPTURE DÉFINITIVE, car il existe des crimes face auxquels toute forme de complaisance devient complicité.
Haïfa n'est pas une ville innocente : c'est un rouage essentiel de la machine de guerre israélienne. Le Technion forme les ingénieurs de guerre, les géants Elbit et Rafael y fabriquent les drones et missiles qui tuent à Gaza, et ces entreprises engrangent des milliards en vendant leurs armes comme « testées sur les Palestiniens ». Haïfa vit économiquement du génocide. Aucune neutralité n'est possible face à une telle complicité.
Depuis dix-neuf mois, chaque dimanche, des centaines de Marseillaises et Marseillais descendent dans les rues pour dire leur refus de cette complicité. Cette mobilisation révèle combien le silence de votre municipalité ne reflète en rien la volonté populaire de notre ville.
En tant que Marseillaises et Marseillais, nous exigeons :
La rupture immédiate du jumelage avec Haïfa
Une déclaration publique condamnant l'entreprise génocidaire en cours et affirmant la solidarité avec le peuple palestinien
L'ouverture d'un débat sur la cohérence de nos jumelages avec le droit international
Ces demandes procèdent d'une nécessité morale et juridique absolue. L'Histoire se souviendra de ce moment. Elle se souviendra de ceux qui ont eu le courage de leurs convictions et de ceux qui ont préféré le confort du silence.
Car il y a des silences qui déshonorent. Et il y a des moments où le silence devient complicité.
Marseille a aujourd'hui l'occasion de rejoindre le camp de l'honneur.
Si cette lettre venait à s'égarer une nouvelle fois, nous nous chargerons de vous la remettre en main propre, portée par toutes les voix marseillaises qui refusent de se taire face à ce génocide.
Union pour la Palestine Marseille
Recevez, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, l'expression de notre détermination inébranlable.