Netanyahou s’érige aujourd’hui en prophète d’un « Grand Israël », et ce n’est ni une revendication innocente, ni une figure de style passionnée : c’est un programme colonial barbare, anachronique, qui crache au visage de l’histoire, du droit international et de l’humanité elle-même.
Le 12 août 2025, Benjamin Netanyahou, dans une interview télévisée, a reconnu se sentir « très lié » à la vision du Grand Israël, qualifiant sa démarche de mission spirituelle et historique qu’il croit héritée des générations passées et à transmettre aux suivantes. Il s’inscrit ainsi dans une tradition extrémiste qui revendique la souveraineté israélienne sur des pans entiers de territoires historico-bibliques, allant bien au-delà des frontières israéliennes telles qu’elles aujourd’hui reconnues par la communauté internationale.
Cette proclamation ne relève pas de l’idéal romantique : elle est un coup de force idéologique que les capitales arabes ont immédiatement condamné avec une virulence qui, pour certaines d’entre elles, étonne d’ailleurs. La Ligue arabe l’a jugée violation nette de la souveraineté des États arabes, menace grave à la sécurité collective arabe et provocation colonialiste extrémiste. L’Égypte parle d’une rhétorique qui menace la paix régionale et exige des clarifications officielles. La Jordanie dénonce des propos provocateurs, une escalade dangereuse, une rupture du droit international au péril de sa propre souveraineté. L’Irak fustige, dans des termes tout aussi forts, une provocation contre la souveraineté, une violation flagrante du droit international et de la Charte de l’ONU. Tant de dénonciation et de craintes tardives ! Ces régimes ont échoué à voir dans le sort des Palestiniens ce que leur réserve le sionisme et son racisme effréné.
Ce récit est en totale dissonance avec les droits du peuple palestinien et la légitimité internationale. Cette vision expansionniste se conjuguant avec la colonisation de fait est un lien qui lie les mots aux actes. Car, pendant que Netanyahou glorifie ce fantasme impérial, son gouvernement, par le biais d’un de ses ministres les plus radicaux, débloque un projet de 3 000 logements en Cisjordanie, précisément pour « enterrer l’idée même d’un État palestinien ». Ce plan, concentré dans la zone stratégique dite E1, fracturerait le territoire palestinien, empêchant toute continuité territoriale entre Jérusalem-Est, Ramallah et Bethléem.
Ces paroles retracent une carte de la violence : elles légitiment l’annexion et la dépossession, elles installent la normalisation d’une domination territoriale masquée en devoir historique. Il n’est plus tolérable de confondre mythologie religieuse et politiques d’État. Ce discours revendique l’effacement de peuples, nourri par les repères bibliques d’un passé impérial, et porté par une coalition gouvernementale furieusement nationaliste, xénophobe et raciste. Ce n’est pas un retour à l’histoire, mais une réécriture destructrice destinée à justifier le présent par la foi en un avenir tyrannique et génocidaire.
Ajoutons à cela que cet agenda colonial trouve une alliée tacite dans l’hypocrisie occidentale. L’indignation sélective s’abat avec violence sur le slogan « de la mer au Jourdain », présenté comme discours haineux, alors que lorsque la légitimité d’un État se détache du droit et qu’on revendique l’extension illimitée, on réclame la nuance ? On diplomate ? Quand un dirigeant revendique la conquête, on brandit la morale ? Où sont les sanctions, les déclarations musclées, les lignes rouges actives ? Tout se tait. Ce silence n’est pas de la neutralité : c’est une complicité silencieuse dans le colonialisme contemporain et raciste, qui regarde brûler les territoires sans agir, condamnant et confortant le pillage à la fois.
À Gaza, un génocide se déroule sous nos yeux. Ce n’est pas une « guerre » : c’est l’aboutissement d’un siècle de colonialisme d’implantation, d’apartheid raciste et de nettoyage ethnique dans toute la Palestine occupée. Le régime israélien est bâti sur le vol des terres, l’effacement d’un peuple et la suprématie d’une ethnie sur toutes les autres. Il nie l’existence même des Palestiniens, criminalise leur résistance et justifie leur extermination par la propagande et la violence d’État. Bombardements, famines organisées, déplacements forcés, assassinats de masse : ce système ne cherche pas la paix, il cherche à effacer un peuple de la carte.
Ce n’est pas un horizon lointain : c’est l’apogée d’un continuum colonial. Ce discours est la légitimation verbale d’un effacement programmé. Nos réponses doivent être dignes, bruyantes et précises. Nous exigeons l’arrêt immédiat de toute expansion coloniale, l’annulation des projets d’infrastructure qui empêchent la continuité territoriale palestinienne, la reconnaissance pleine et entière des droits nationaux palestiniens, la protection internationale de leur terre, de leur peuple, de leur dignité. Toute aide, toute relation, toute reconnaissance doivent être conditionnées au strict respect du droit international, des résolutions onusiennes, de la justice.
Chaque silence occidental, chaque discours de complaisance est une croyance en l’impunité du colonialisme. L’histoire jugera sévèrement ceux qui auront fermé les yeux devant cette nouvelle forme de conquête et de génocide. Le « Grand Israël » n’est pas une légende : c’est une machine de domination raciste, culturelle et territoriale, et nous sommes là pour la dénoncer, la combattre, la faire échouer.
Nommons-le pour ce qu’il est : Israël est un état colonial, raciste, fascisant. Combattons le en tant que tel, jusqu’à la fin de l’apartheid, jusqu'à ce que cesse le génocide des Palestiniens et jusqu'à à la libération de toute la Palestine, jusqu’à que justice soit faite.