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Billet de blog 22 novembre 2025

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PLAN TRUMP POUR GAZA : UNE OCCUPATION COLONIALE DE PLUS SOUS COUVERT DE L’ONU

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La résolution 2803 honteusement adoptée la semaine dernière par le Conseil de sécurité des Nations unies a été présentée comme une étape diplomatique majeure vers la paix. En réalité, elle entérine un projet construit par Washington et orchestré par Donald Trump, visant moins à garantir les droits des Palestiniens qu’à restructurer l’occupation sous une forme plus acceptable pour les chancelleries occidentales tout en assurant l’impossibilité de la création d’un État palestinien et la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie sans trop de heurts.

Ainsi, treize États membres ont voté pour, la Chine et la Russie se sont abstenues, non par désintérêt, mais par méfiance profonde envers un texte volontairement flou, qui renforce la main des États-Unis tout en évacuant les enjeux fondamentaux : souveraineté palestinienne, justice, autodétermination.

Une « force de stabilisation » ou une mise sous tutelle internationale ?

Le cœur du plan repose sur une « force internationale de stabilisation » de 20 000 soldats, chargée de désarmer les groupes de résistance. C’est-à-dire : déposséder le peuple palestinien de son moyen de défense principal, après 77 ans d’écrasement systématique par l’armée israélienne, 77 ans de d’oppression, de colonisation, de conquête sioniste.

Le texte imagine ensuite un « conseil de paix » transitoire, présidé par Donald Trump lui-même, qui piloterait la reconstruction et la gouvernance de Gaza jusqu’en 2027. Cette disposition relève de l’archaïsme le plus raciste et le plus colonial, elle constitue littéralement au retour des mandats de la société des nations des années 1920. Autrement dit, le sort de deux millions de Palestiniens remis entre les mains d’un homme qui, durant son premier mandat, a :

  • reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël,
  • soutenu sans réserve les colonies illégales,
  • coupé les financements de l’UNRWA,
  • présenté un « Deal du siècle » niant l’existence même d’un État palestinien viable.

Parler ici de « neutralité internationale » relève de l’insulte et d’une escroquerie en droite lignée de la carrière de M Trump.

Une feuille de route opaque qui évite le vrai sujet : l’État palestinien

Le plan prévoit trois phases : cessez-le-feu, aujourd’hui prétendument en vigueur alors que l’État génocidaire poursuit les massacres, désarmement du Hamas, supervision internationale, puis hypothétique « voie crédible » vers l’autodétermination palestinienne.

Cette expression, volontairement vague, n’est accompagnée d’aucun calendrier, d’aucun paramètre politique, ni de garantie juridique, et encore moins de mécanisme contraignant pour le régime sioniste. Pire, rien n’est dit sur les frontières de 1967, sur Jérusalem-Est, sur le droit au retour. Rien. Un vide diplomatique et politique au seul avantage du régime colonial. Et dans ce vide, Israël, dont le Premier ministre Netanyahu a réaffirmé refuser un État palestinien “sur quelque territoire que ce soit”, peut continuer à dicter les lignes rouges, à voler les terres, à affamer les Palestiniens, à poursuivre l’annexion rampante de la Cisjordanie.

La Chine et la Russie l’ont dit : ce plan ne repose que sur des promesses américaines

Et les promesses américaines, dans l’histoire du génocide, ont toujours signifié le gel des négociations, la consolidation des colonies, la reconnaissance unilatérale des positions israéliennes et marginalisation totale du droit international. L’abstention chinoise et russe n’est pas anodine : elle signale qu’une majorité du Sud global ne croit pas à la sincérité de Washington.

Les États arabes comme caution, mais pour quel résultat ?

Le soutien ignoble et lâche des États arabes a été décisif pour faire passer la résolution.
Mais une question cruciale demeure : vont-ils réellement défendre les droits nationaux palestiniens, ou servir de caution politique à un plan américain qui redessine Gaza sans les Palestiniens ? Car pendant que les diplomates célèbrent des « avancées », des partis israéliens d’extrême droite s’organisent pour neutraliser toute reconnaissance d’un État palestinien, même purement symbolique.

Les Palestiniens eux-mêmes rejettent le plan

Le Hamas a annoncé qu’il refuserait de se désarmer. D’autres factions dénoncent « une nouvelle forme d’occupation » et même les pays pressentis pour envoyer des troupes hésitent : personne ne veut devenir la prochaine force d’occupation combattant les Palestiniens au sol.

La seule autorité qui applaudit : l’Autorité palestinienne

Affaiblie, isolée, dépourvue de légitimité démocratique, elle voit dans ce plan sa seule chance de retrouver un pied à Gaza au prix d’un alignement complet sur le dispositif américain.

Un plan digne des heures les plus sombres du colonialisme

Une puissance étrangère décide du futur d’un territoire, impose un dispositif militaire, nomme elle-même un « conseil » et définit la gouvernance sans consentement populaire. Tout cela alors que la population a vécu un siège de 17 ans, subi des destructions massives et des déplacements de masse, ainsi une campagne militaire reconnue comme potentiellement génocidaire par la Cour internationale de justice.

Le plan Trump n’est pas un processus de paix, c’est une architecture administrative destinée à neutraliser la résistance palestinienne, sécuriser les intérêts israéliens et garantir la gestion américaine du territoire pour à termes faire en sorte que plus rien de palestinien ne subsiste.

La Palestine n’a pas besoin d’une tutelle : elle a besoin de justice

Ce que réclame le peuple palestinien n’a jamais changé. La seule voie juste est celle qui garantit la fin de l’occupation et de la colonisation, la reconnaissance des droits nationaux palestiniens, l’application du droit international, le droit au retour des réfugiés palestiniens, la souveraineté et la dignité. Tant que ces principes ne structurent pas la diplomatie internationale, toute résolution, même votée à une large majorité, restera un mirage destiné à pacifier les consciences occidentales, pas à libérer un peuple.

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