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Billet de blog 24 octobre 2025

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Cisjordanie 2025 : la phase finale de la barbarie du colonialisme israélien

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Alors que le monde fait semblant de regarder vers Gaza où un cessez-le-feu factice n’a de cesse d’être violé par le régime génocidaire israélien, la Cisjordanie s’enfonce dans une nuit sans fin, tous les jours un plus rongée par le cancer du colonialisme sioniste et ses attaques insidieuses et barbares. Derrière les check-points, les routes de contournement et les drapeaux bleus et blancs qui se multiplient sur les collines, une colonisation violente et systématique poursuit son œuvre : celle d’un effacement progressif du peuple palestinien de sa propre terre à grand coups de harcèlement par les colons, de pogroms, de pillages, de vols, de spoliations et même de meurtres.

Une intensification sans précédent de la violence coloniale

Depuis octobre 2023, la Cisjordanie est le théâtre d’une répression militaire et coloniale d’une intensité inédite depuis la seconde Intifada. Selon les données de l’OCHA, plus de 690 Palestiniens ont été tués par les forces d’occupation israéliennes ou les colons armés entre janvier 2023 et octobre 2025, dont près de 160 enfants. Rien qu’en 2025, plus de 9 000 arrestations ont été recensées, et près de 1 400 démolitions de maisons, d’écoles ou de structures agricoles ont été exécutées sous prétexte « d’absence de permis de construire », permis que l’armée d’occupation refuse quasi systématiquement d’accorder alors que les terres concernées sont palestiniennes. Mais qu’attendre d’autre d’un état qui a volé l’entièreté des terres qu’il occupe aujourd’hui ?

Ces chiffres, froids et administratifs, traduisent une politique de terreur organisée : à Jénine, à Hébron, à Naplouse, les incursions nocturnes et les bouclages militaires se succèdent, accompagnés de raids de colons agissant souvent sous la protection de l’armée. Les villages de Turmus Ayya, Beita, Huwara ou Masafer Yatta sont devenus les symboles d’un harcèlement continu, vicieux et immonde : maisons incendiées, oliviers déracinés, familles expulsées sous les caméras impassibles des soldats.

Une politique de transfert forcé méthodiquement planifiée

EN 2024, toujours selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) : les démolitions et l’expulsion des Palestiniens en zone C s’inscrivent dans un schéma de transfert forcé, violant l’article 49 de la Quatrième Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante d’un territoire de déplacer ou transférer sa population dans un territoire occupé. En effet, l’organisation des Nations Unies rappelle que plus de 700 000 colons israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie, dont 230 000 à Jérusalem-Est, répartis dans plus de 160 colonies officielles et 120 avant-postes illégaux. Derrière les chiffres, il y a une logique claire : fragmenter le territoire palestinien, rendre impossible toute continuité géographique, et imposer une domination permanente.

Les « routes réservées », les zones militaires fermées, les terres confisquées au nom de la « sécurité » participent de cette ingénierie coloniale. Ce ne sont pas des abus ponctuels, mais les rouages d’un système d’apartheid territorial où les droits, la mobilité, et jusqu’à la respiration des Palestiniens sont conditionnés à l’arbitraire militaire sioniste.

Gaza et la Cisjordanie : deux visages d’un même régime

La violence coloniale en Cisjordanie ne peut être séparée du siège imposé à Gaza. Le blocus, les bombardements, les destructions massives sont l’expression militaire d’un même projet politique : la dépossession totale, l’éradication de la nation palestinienne tout simplement.

B’Tselem, l’organisation israélienne de défense des droits humains, parle désormais ouvertement d’un « régime d’apartheid du Jourdain à la mer Méditerranée ». Elle appelle la communauté internationale à « mettre fin à ce régime », considérant que la distinction entre Gaza et la Cisjordanie est devenue purement administrative : dans les deux cas, Israël exerce un contrôle total sur les vies palestiniennes, par l’armée, par le siège, ou par les colons.

Le blocus de Gaza et l’occupation de la Cisjordanie sont les deux faces d’une même politique de domination raciale, que la Cour internationale de Justice a commencé à qualifier de violation grave du droit international humanitaire.

Un cadre juridique piétiné dans l’indifférence

L’article 49 de la Quatrième Convention de Genève, les articles 46 et 55 du Règlement de La Haye, les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, la Convention sur l’apartheid (1973)… Tous ces textes érigent une interdiction claire : une puissance occupante ne peut s’approprier un territoire, y transférer sa population, ni y détruire des biens civils. Et pourtant, en 2025, Israël poursuit ces pratiques avec une impunité quasi absolue. Les grandes puissances occidentales, tout en se disant « préoccupées », continuent d’armer, de financer et de couvrir diplomatiquement l’occupation, dans une hypocrisie coupable qui elle aussi comme le génocide doit faire l’objet de condamnations pénales. Cette hypocrisie structurelle, qui condamne à Gaza ce qu’elle tolère en Cisjordanie, est le socle de la persistance du crime.

Résister à l’effacement

Ce qui se joue aujourd’hui en Cisjordanie n’est pas seulement la survie d’un peuple : c’est le sens même du droit international. Car si l’on peut, en toute impunité, coloniser, détruire, transférer et tuer sous le prétexte fallacieux de la « sécurité », alors la loi n’a plus de sens, et le monde bascule dans le règne du plus fort. Les Palestiniens, eux, résistent encore, dans les camps de Jénine et de Balata, sur les terres de Masafer Yatta, dans les ruelles étouffées d’Hébron. Leur obstination à rester, à reconstruire après chaque démolition, à labourer les terres sous la menace, est une forme de dignité que même les chars ne peuvent écraser. Tant que cette résistance existe, le projet colonial n’aura pas triomphé. Et c’est à nous, observateurs, militants, citoyens du monde, de refuser la banalisation de ce crime immonde et permanent, de rappeler, encore et encore, que l’occupation n’est pas un état de fait, mais un crime en cours et que chaque minute qui passe est l’occasion manquée de l’arrêter ce dont, un jour ou l’autre, les puissants de ce monde auront à défendre.

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