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Billet de blog 29 août 2025

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La définition de l’IHRA : une arme politique pour bâillonner la critique d’Israël

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Depuis plusieurs années, une offensive sémantique s’organise autour de la définition dite « opérationnelle » de l’antisémitisme proposée par l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste). Derrière l’apparente bonne intention de lutter contre un fléau réel et ancien, se cache un projet bien plus trouble : criminaliser la critique de l’État d’Israël et réduire au silence la solidarité avec le peuple palestinien.

En France, cette stratégie a trouvé des relais puissants : des parlementaires jusqu’aux associations communautaires proches du gouvernement israélien, en passant par les institutions universitaires pressées d’adopter cette définition. Or, il faut le dire clairement : l’IHRA ne vise pas seulement à définir l’antisémitisme, elle cherche à imposer une confusion entre racisme anti-juif et critique politique d’un État colonial.

Le piège est grossier : dans les « exemples contemporains » annexés à la définition, on trouve notamment le fait de qualifier Israël d’État raciste, de dénoncer l’apartheid ou de comparer ses crimes à ceux d’autres régimes. Autrement dit, toute analyse politique rigoureuse de la réalité vécue par les Palestiniens pourrait être qualifiée d’antisémite. C’est ainsi que des résolutions de l’ONU, des rapports d’ONG internationales comme Amnesty International ou Human Rights Watch, toutes reconnaissant le caractère d’apartheid du régime israélien, se retrouveraient de facto assimilées à du racisme anti-juif.

En France, l’adoption de cette définition a déjà servi de levier pour attaquer les militants et les chercheurs. On se souvient des campagnes contre le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), assimilé à de la haine raciale, alors même qu’il s’agit d’un outil de lutte non-violente reconnu par le droit international. Plus récemment, des colloques universitaires sur la Palestine ont été menacés ou annulés sous pression, au nom de la lutte contre l’antisémitisme. L’objectif est limpide : créer un climat d’intimidation qui décourage toute critique d’Israël dans l’espace public.

Ce détournement est d’autant plus dangereux qu’il invisibilise les véritables victimes de l’antisémitisme en diluant la lutte contre ce racisme spécifique dans une opération de propagande étatique. Or, la France connaît une histoire lourde de persécutions antisémites : de l’affaire Dreyfus à Vichy, jusqu’aux attentats antijuifs récents. Confondre cette histoire tragique avec la défense des crimes d’un État étranger est une insulte à la mémoire des victimes et un affaiblissement du combat antiraciste.

Face à cette instrumentalisation, des voix s’élèvent. En France, l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) dénonce depuis longtemps la manœuvre. Des chercheurs et des intellectuels, comme Dominique Vidal ou Edgar Morin, ont rappelé le danger de cette confusion entre judaïsme et sionisme. À l’échelle internationale, plus de 200 universitaires juifs ont signé en 2021 une tribune rejetant la définition IHRA et proposant des alternatives, telles que la « Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme », qui distingue clairement l’antisémitisme, haine des Juifs en tant que tels, de la critique légitime des politiques israéliennes.

Adopter la définition IHRA en France reviendrait à museler un débat démocratique déjà fragilisé, et à transformer nos institutions en chambres d’écho de la propagande israélienne. Dans un pays qui se targue de liberté d’expression, il est insupportable que le simple fait de nommer l’apartheid israélien ou de dénoncer un génocide en cours à Gaza soit menacé de criminalisation.

La lutte contre l’antisémitisme est une exigence absolue. Mais elle doit être menée pour ce qu’elle est : une lutte contre le racisme. L’instrumentaliser pour protéger un régime colonial et oppresseur relève non seulement de la manipulation politique, mais aussi d’une trahison de la mémoire. En France, il est urgent que les forces progressistes, les chercheurs, les associations et les citoyens refusent cette confusion toxique. Défendre la vérité sur la Palestine, ce n’est pas de l’antisémitisme. C’est un acte de justice et d’humanité.

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