Dans Le Reflux, présenté ces jours-ci au Festival Cinéma du Réel, Guillaume Bordier recueille in extenso la parole de Didier Lambert, condamné il y a vingt ans pour vingt ans ferme et sorti après dix. Le cadrage, l'éclairage, la mise en scène, tout est cru, brut, livré tel quel, comme pour s'engager auprès du spectateur à dire la vérité et toute la vérité. Sur le procès, les années de prison, la vie d'avant et la vie aujourd'hui.Le réalisateur, avec une économie de moyens radicale, parvient à rendre à une parole jadis bridée tout l'espace qu'il lui aurait fallu, qu'il lui faut toujours, d'ailleurs (il n'est jamais trop tard pour bien faire, dit-on...). Cette parole n'étant jamais coupée, le dispositif étant toujours visible, Guillaume Bordier tord ce qui est presque un genre télévisuel, l'entretien-vérité, et rappelle que le cinéma peut aussi être cela : le dépositaire d'une parole, une manière de rendre aux gens leur dignité.
Pierre Crézé
Séances :
vendredi 22 mars à 20h30 dans la Petite Salle
mercredi 27 mars à 10h30 au Centre Wallonie Bruxelles
vendredi 29 mars à 13h30 au Cinéma 1
et dès le 27 mars en VOD sur www.universcine.com