Cet état de complète satisfaction que l’on appelle « le bonheur » est là. Nous le cherchons trop souvent alors qu’il suffit de le cueillir. Aujourd’hui, j’ai fait les courses. Elles sont bien rangées. Vous êtes vous jamais senti (e) heureux(se) à l’idée de voir votre frigo plein de et vos placards en ordre. Chaque produit à sa place comme autant de petits soldats à disposition de votre ventre glouton. Les plaisirs de la grande bouffe « une blanquette de veau et ses petites carottes, un bon tadjine aux pruneaux, un hachis parmentier, un poulet coco » et n’oublions pas le dessert « une salade d’orange à la cannelle, un bon gâteau au chocolat, une compote pomme rhubarbe » Autant de plats qui vous font dire que la vie est finalement simple et rien ne sert d’aller souffrir, il suffit de manger et de faire à manger. Une jolie phrase me direz-vous. Dans le brouillard qui envahit votre tête quelques fois rien de mieux qu’un épluchage de patates pour se reconnecter aux choses de la vie. Prendre la patate, l’économe la polit et vous avez le sentiment d’avoir bien fait votre travail. La peau est enlevée, les yeux aussi. Elle est là toute nue dans votre main. Vous l’avez bien épluchée. Neufs autres patates donneront encore du sens à votre vie.
La nourriture est le meilleur moyen de se reconnecter. Les prisonniers des camps d’extermination l’avaient bien compris, eux qui s’inventaient des festins imaginaires. Elle rythme notre journée le matin, le midi et le soir. Elle nous réconforte et nous redonne l’énergie que nous avons perdue au rythme de nos actions. Elle contribue à des bonheurs éphémères le temps du repas. Elle instaure un sentiment de communion lorsque nous sommes plusieurs. Une douce lourdeur nous envahit alors que notre nez et notre palet sont encore chatouillés par ce plat que nous avons dégusté. Cette torpeur de notre corps, un petit ventre qui s’arrondit et une envie de dormir. La plénitude au boulot, à la maison, dans la rue. La nourriture nous donne des forces et nous en enlève. Nous nous attendrissons en l’avalant. Nous devenons plus doux, moins dangereux. Essayez d’être méchant le ventre plein ! Pas évident ! Il faudrait alors nourrir la planète pour que la violence s’arrête ! Une idée parmi d’autres !
Montesquieu avait donc raison. Il faut nous convaincre du bonheur. Pas facile lorsque l’on est dehors sous la pluie, sur les routes à fuir des guerres que l’on n’a pas choisies. Pourtant même dans ces moments, le bonheur existe. Un enfant trouvera toujours un instant pour jouer avec un autre, une vielle conserve pour ballon et des rires au milieu du jeu. L’enfant sourit à la caméra qui le filme. Il va passer à la télévision. Il oublie les bombes dans son pays, la maison détruite, les membres de sa famille décédés et la route interminable qui l’amène nulle part. Si là où il n’y a pas de bombe. Vous ne le savez peut être mais n’y a que 11 pays qui ne sont pas en guerre dans le monde selon le « Global peace index » de 2014 réalisé par IEP (Institute for Economics and Peace)[1], la France n’en fait pas partie puisqu’elle est en guerre. Depuis 2007, le monde est de moins en moins pacifique.
Cherchons le bonheur, il nous est nécessaire ! Apprenons à le voir ! Aujourd’hui, il a fait beau. La lumière était scintillante et le ciel d’un bleu tendre de chamallow. Alors je suis sortie le prendre ce soleil. Réinventons son adoration plutôt que de croire à un illustre inconnu que personne n’a jamais vu : Dieu. Revenons à cette chère nature que nous bouleversons. Elle nous accueille à tout moment alors que nous la maltraitons. L’arbre sur ma terrasse est tout perdu. Il bourgeonne en plein moins de février le pauvre. Je ne sais pas ce qu’il va devenir s’il gèle. Je suis inquiète de son sort. La nature se réveille alors qu’elle devrait hiverner. Nous n’avons plus conscience du bonheur qu’elle nous offre. Les saisons se succèdent de moins en moins, les animaux se réveillent en plein hiver, les glaciers fondent de plus en plus vite.
Nous sommes attentistes à ces bouleversements. Si nous avions conscience pleinement et universellement de notre bonheur de vivre sur cette planète, nous serions alors éveillés… Je suis de plus en plus persuadée qu’il faut apprendre le bonheur comme une nouvelle matière que l’on enseignerait à l’école avant qu’il ne soit trop tard. Nous aurions des leçons de bonheur et des exercices à faire ; nous pourrions trouver de beaux moments à raconter. Je veux bien être professeure de bonheur.
[1] (http://www.wikistrike.com/2014/08/seulement-11-pays-ne-sont-pas-en-guerre-en-2014.html)