Monsieur le député,
Votre chronique dans la dernière édition de Marianne :
« Ce que ne voient pas les frondeurs » a retenu toute mon attention.
Dès les premiers mots on a compris. Vous êtes en mission, en service commandé pour défendre et justifier les choix du gouvernement.
Mission noble, respectable mais rude tant sont grandes les difficultés à la remplir.
Dire que le retour de Sarkozy est une bonne nouvelle pour la gauche c’est, pardonnez moi, enfoncer une porte ouverte et reconnaître l’absence de vrais arguments pour rassembler la gauche.
Pour remplir au mieux votre difficile mission vous utilisez des arguments ressassés par tous les gouvernements depuis le début de la crise.
Les Français sont parmi les peuples les plus protégés d’Europe et la France ne connaît pas l’austérité. Donc, les français n’ont aucune raison de se plaindre.
Désolé, monsieur le député, mais pour parler d’austérité il ne suffit pas de consulter des experts qui ne savent rien des difficultés de la vraie vie. Pour comprendre l’austérité, il faut interroger ceux qui connaissent des fins de mois difficiles, ceux qui sont au chômage depuis trop longtemps, ou ceux qui ont peur de perdre leur emploi.
Il faut consulter ceux de plus en plus nombreux qui renoncent à cotiser à une mutuelle tant sont faibles leurs revenus, ou encore ceux qui après avoir hésité vont s’inscrire aux restaurants du cœur.
C’est pour eux, pour les protéger que vous et vos collègues avez été élus, pas pour faire plaisir au MEDEF.
Comment osez vous parler, Monsieur le député, d’une prime exceptionnelle pour les petits retraités sans avoir le courage d’en indiquer le montant : 40 euros par an, c'est-à-dire 3,30 euros par mois, de quoi s’acheter deux paquets de pâtes.
Un député socialiste peut-il présenter cette aumône comme une victoire sur la pauvreté ?
Faut-il vraiment dire « merci » à Manuel ?
Comment osez vous parler de réforme fiscale quand l’engagement du candidat Hollande à séparer les banques de crédit des banques de marché n’a pas été tenu ?
Rédigée par des banquiers, la loi a été vidée de ses objectifs.
Pendant longtemps l’impôt sur le revenu était un marqueur de gauche, il symbolisait la participation citoyenne de chacun selon ses ressources à l’effort collectif. Aujourd’hui, le PS tient le même discours que la droite.
Comment pouvez vous dire que le pouvoir d’achat des salariés et des retraités est maintenu alors que les salaires, les retraites sont gelés.
Dans le même temps, le gaz, l’électricité, le loyer, les transports augmentent ; La vie est dure pour les plus modestes, monsieur le député.
Non, monsieur le député, le cap n’est pas maintenu depuis 2012, sinon comment expliquez vous la chute du Président dans les sondages, le désastre des municipales et des européennes ?
Pour conclure, je veux vous rassurer. Les députés frondeurs ne sont pas tous frappés de cécité ; Il n’y a pas d’un côté ceux qui ont la vérité et de l’autre ceux qui sont dans l’erreur. Les choses ne sont jamais aussi simples.
Les amis de la vérité sont ceux qui la cherchent, rarement ceux qui croyant l’avoir trouvée, se cachent derrière leurs certitudes.
Il est encore temps de sauver le quinquennat.
Il suffit pour cela, Monsieur le député, d’ouvrir les yeux.