Nous avons fini par trouver ce que ce bougre picore le plus: des arachides moulinées. Il en est vraiment gourmand. Le bug vient du merle qui, assumant sa taille à donf' , le chasse. Alors on a cherché. On a fini par recyclé une petite jardinière où rentre le rouge gorge, mais pas le merle. Sauf à s'y coincer un peu les ailes, et à "majorer son sentiment d'insécurité", parce qu'il ne peut pas s'envoler aussi vite que voulu. ça a duré quelques jours de libations pour le rouge gorge. Le merle s'est adapté. Pas con, le merle!
Le merle a fini par se vautrer quand même et piqueter les précieuses arachides. S'en fout de majorer son stress: il se gave.
Sont coquasses les oiseaux du balcon. Une compagnie de mésanges à longue queue vient en commando au lever du jour. Le rouge gorge nous sollicite derrière la vitre. Provoquant comme un étudiant à Tian an Men. Sauf qu'on n'a pas de char. Juste notre taille d'humain, démesurée à l'échelle d'un rouge gorge. Les étourneaux (sansonnets) viennent rapiner. Sont moches. Enfin, ils ne nous paraissent pas aussi chatoyants que le rouge gorge. Mais on veut pas faire dans le délit de faciès, on veut pas , alors on s'efforce d'accepter les sansonnets. Vraiment: ils sont moches et tachetés, comme de vieille truites, et luisants comme de l'huile. Pas ragoutants? commestibles, mais pas séduisant. Nous ne mangeons pas d'oiseaux, je précise,sauf un poulet de temps en temps, et un canard en grande occasion. Mais ça, c'est des oiseaux de compagnie.
Lui, le rouge gorge, a des yeux immenses, et nous transperce la conscience à travers la vitre. Un demi mètre nous sépare au matin. Nous sommes voisins. Deux étages en dessous vit un Labrador noir, peuchère! il me tend sa laisse quand je suis du matin, du haut du deuxième, l'air de dire "je t'accompagne, vient me chercher". Son maître bosse le jour et la nuit aussi. Besoin de fric pour ses deux filles. Le Labrador est souvent seul à pleurer sur son balcon. Si je lui parle doucement la nuit, il me renvoie un regard de latin lover et se love dans sa panière, et dort. Au troisième, il y a un chat. Au rez de chaussée, des gamines en coloc' qui n'ont pas pu se résoudre à démonter leur sapin de Noël. Je le vois quand je rentre dans mon Kangoo. Nous vivons en proximité silencieuse: les z'humains, les oiseaux, les chats, les chiens. Ce soir, c'est mon tour de poubelles. La grande muraille d'immeuble en face ressemble au générique de "Nounours".
Mon pote a entrepris de repeindre le blanc de l'appartement (4 ans de fumée, ça vous marque les silhouettes au mur des objets aimés plus surement qu'un impact de météorite). Mon pote n'a pas de job "rémunéré", la dignité par le travail, il peut vous en causer. Il a quelques arguments. C'est lui qui mouline les cacahuètes du rouge gorge. Fidèlement. Chaque jour. Et me raconte au soir les broutilles et mésententes du balcon. C'est long en hiver une journée au 4e. Les jours rallongent: ça devient enfin sensible! bientôt les jours longs, la lumière au soir, et deviser sans fin avec les amis qui passent. Et même: la ponctuation des vacances (avec le projet ici d'aller passer la dernière semaine d'aout à la C.../... en compagnie de quelques uns de vous autres, médiapataunautes. les projets. Les fous rires.
Nos 4 enfants se promènent aux 4 coins du monde. Tous vont bien et nous le disent souvent. Maintenant, c'est devenu souvent et régulier ces nouvelles. Nous mesurons, mon pote et moi, le bonheur de recevoir des news ainsi, aussi souvent que nous aspirons à en recevoir (c'est à dire à peu près tout le temps en fait!). Les oiseaux du balcon nous en donnent chaque jour, des news. Pas un lever de soleil sans eux. Une mesure du temps qui en vaut bien une autre. Je souhaite de toute mon énergie amitié courage et détermination à tous les potes de Tunisie, d'Egypte, du Yémen, et d'ailleurs. Quelle leçon pour tous ceux qui se terrent dans leurs petits et grands avantages acquis ici.
Les oiseaux du balcon vont et viennent entre nord Afrique et sud Europe.