Madame la Directrice de la Bibliothèque publique d'information,
Une année intense et extraordinaire, marquée par l'imprévisible, se termine. Nous nous permettons de vous adresser à cette occasion nos vœux pour la nouvelle année, que nous espérons plus stable et plus clémente pour l'ensemble du personnel de la bibliothèque.
Ces voeux sont l'occasion de revenir sur l'année 2020. Cette année, la situation sanitaire a exacerbé les situations de précarité dans l'ensemble de la société française, et notamment chez les contractuels dits "vacataires" de la Bpi, que nous mettons en copie de ce mail. Cette situation a conduit à une mobilisation de ces personnels durant l'été et l'automne 2020. En juillet 2020, le protocole COVID-19 des salariés de la bibliothèque manquait de transparence, à tel point qu’il laissait planer sur les vacataires et les titulaires un risque sanitaire important. Nos collègues et prédécesseurs se sont alors massivement mobilisé.es pour l'amélioration générale de nos contrats et pour leur intégration dans les circuits d'information internes.
Les négociations avec la direction se sont conclues par la proposition d'une prolongation des contrats initialement de 6 mois non renouvelable à 9 mois non renouvelable. À la demande des vacataires, ceux-ci ont été intégrés à une liste mail censée les informer régulièrement de la situation sanitaire dans l'enceinte de la bibliothèque. Le résultat de ces premières négociations a permis une première amélioration de la situation des vacataires au sein de la bibliothèque. Pour autant, les revendications principales des actuels vacataires mobilisé.es, qui se rassemblent dans le sillage de leurs prédécesseurs, ne sont toujours pas pleinement satisfaites.
Permettez-nous, Madame, de rappeler dans les paragraphes qui suivent les revendications que nous avons portées l'année dernière et que nous ne manquerons pas de porter à nouveau en 2021. Nos revendications sont issues d'une réflexion collective quant aux conditions de travail de l'ensemble des vacataires de la Bpi. Les données obtenues lors de la passation d'un questionnaire d'enquête nous permettent de préciser leur identité. Le taux de participation à ce questionnaire s'élève à près de 60% des vacataires, accueil, rangement et bulletinage confondus. Près d'un répondant sur deux déclare percevoir moins de 600 euros par mois, alors même que 70% d'entre eux possède au moins un diplôme de master et que 85% ont ce contrat comme seule et unique source de revenus. Dans la situation sanitaire actuelle, 20% des répondants déclarent ne pas posséder de couverture santé.
Les premières conclusions de l'enquête que nous menons sur la situation des vacataires de la Bpi renforcent encore un peu plus notre détermination à poursuivre notre mobilisation et à obtenir des améliorations notables de nos contrats.
Nous soutenons :
La revalorisation des salaires effective immédiatement pour tous les vacataires.
Le remboursement des frais de transports à hauteur de 50%.
La majeure partie d'entre nous se rend sur site quasi-quotidiennement. Nos titres de transports ne sont pourtant remboursés qu'à hauteur de 25% de nos frais mensuels, considérant qu'il nous faut effectuer plus de 70% d'un temps plein pour être remboursé de moitié. En l'état actuel des choses, les plages qui nous sont proposées ne nous permettent pas d'atteindre ce nombre d'heures, malgré des trajets quasi-quotidiens vers l'établissement.
Abrogation du « service fait ».
Nos postes répondent à des besoins permanents de la Bpi. Nous demandons à percevoir des salaires fixes sur la base horaire mensuelle mentionnée sur nos contrats, à laquelle s'ajoutent la possibilité des heures supplémentaires qui y sont également mentionnées. La diversité des statuts des vacataires, notamment avec le statut des vacataires dits "volants", sans horaires fixes, implique une flexibilité accrue pour effectuer les quelques plages proposées. Les périodes de confinement et de couvre-feu ont rendu ainsi évidente la nécessité de normaliser les salaires fixes.
Des CDD de 12 mois :
Le contrat de neuf mois est une première avancée. Cependant, la menace d'une réforme de l'assurance chômage plane sur nos avenirs. Cette protection est essentielle pour les travailleurs précaires. Alors que les employeurs pourront être soumis à des malus, les employés devront s'assurer d'un nombre d'heures effectuées plus important pour s'assurer de cette protection primordiale. Les CDD de 12 mois permettent également aux titulaires de se voir seconder par des vacataires compétents, familiers des collections et des particularités de l'établissement.
Nous demandons toujours l'abrogation du délai de carence de 2 ans. 70 % des répondants de notre enquête souhaite son abrogation totale.
En dernier lieu, 75% des vacataires répondants expriment être favorables à une refonte du statut de vacataire, qui pourrait mêler des tâches d'accueil, de rangement et de bulletinage.
Il nous semble important que la Bpi mette en place un plan précarité dans la plus grande urgence, en anticipant la possibilité d'un troisième confinement. Le ministère de la culture avait affirmé la volonté d’en mettre un en place au niveau national. Nous vous demandons, Madame la Directrice, de prendre les devants, à votre échelle, face à cette problématique malheureusement si gravement d'actualité.
Pour les nouveaux vacataires de ce collectif, ces vœux sont l'occasion d'un premier échange avec la direction. Pour les plus anciens, il s'agit de poursuivre la mobilisation engagée depuis juillet aux côtés de leurs anciens collègues. Le collectif des Vacataires mobilisé.e.s reste donc uni. Nous nous déclarons prêts à rencontrer à nouveau la direction de la Bpi pour poursuivre un dialogue que nous espérons constructif pour chaque partie. Vous aviez annoncé, Madame la Directrice, la mise en plus d'une étude concernant nos conditions de travail et la répartition inégalitaire des heures pour les contractuel.le.s de rangement. Nous réaffirmons notre demande d'accéder à ce document.
Nous sommes partie prenante de l’écosystème de la fonction publique et de la bibliothèque. Nous souhaitons être reconnus comme tels et que nos revendications et nos témoignages soient entendus par la direction de l'établissement qui nous emploie. Nous accueillons le public, travaillons le jour de Noël et le jour de l’an, rangeons les livres, les revues et les chaises, mobilisons nos connaissances personnelles et nos compétences propres pour assurer des services de qualité, veillons au respect du protocole sanitaire par les usagers, préparons les enveloppes de masques pour le personnel et les distribuons. Nous sommes les petites mains, invisibles mais essentielles, de cet établissement.
Ouvrir de nouvelles possibilités de dialogue sur l’usage de nos métiers et le travail que nous effectuons à la Bpi est ainsi le vœu que nous partageons collectivement en ces premiers jours de 2021.
Nous vous adressons de nouveau nos meilleurs vœux ainsi que nos salutations distinguées,
Les vacataires mobilisé.e.s