A mes lecteurs et lectrices...
Dans un article intitulé « Outreau, le poison du doute », signé Sophie Des Déserts et publié dans la dernière édition du Nouvel Observateur, votre serviteur a été épinglé en ces termes (p. 14) : « Friand de complots secrets, le sociologue blogueur Frédéric Valandré se pique de décortiquer le "retournement médiatique" : en clair, l'acquittement des accusés. » Voici le droit de réponse que j'ai adressé à la journaliste :
Madame,
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article : « Outreau, le poison du doute », paru dans Le Nouvel Observateur du 5 mai dernier. J'estime nécessaire de signaler ici les erreurs contenues dans les quelques lignes que vous m'avez consacré :
1. L'expression « Friand de complots secrets » tend à me présenter comme un conspirationniste notoire auprès de votre lectorat. Il n'y a absolument rien dans les textes figurant sur mon blog qui puisse accréditer une telle affirmation. Du reste, dans mon ouvrage Justice : mise en examen - une étude sur le traitement médiatique des affaires criminelles, parue en 2009 aux éditions Underbahn - je n'ai pas manqué de critiquer les interprétations complotistes relatives à certains dossiers (Seznec, Dominici). De manière générale, mon opinion sur le sujet relève du pragmatisme : j'estime aussi excessif de nier l'existence de toute conspiration que d'en voir partout.
2. Je suis docteur en sciences humaines, spécialité : Histoire du Livre et de l'Edition. Je ne suis pas sociologue, et je n'ai jamais prétendu l'être. Par ailleurs, je ne suis titulaire d'aucun diplôme dans cette discipline.
3. Vous écrivez que je me « pique de décortiquer le "retournement médiatique" ». Non seulement vous me faites passer pour un personnage vaniteux, mais en plus vous me prêtez un objectif qui n'est pas le mien. A travers mes billets, je n'ai d'autre intention que de livrer aux internautes mes analyses relatives au dossier dit d'Outreau, ainsi que des éléments de cette affaire parfois peu connus du grand public.
4. Je n'ai jamais fait d'assimilation entre les acquittements des deux procès de Saint-Omer et de Paris (survenus le 2 juillet 2004 et le 1er décembre 2005) et le retournement médiatique sur cette affaire. Ledit retournement est intervenu dès le début du procès de Saint-Omer, en mai 2004, lorsque les chroniqueurs judiciaires ont fait le constat que les accusés n'avaient pas la tête de l'emploi. Mais ce n'est pas la seule raison, bien sûr : configuration de la salle - les enfants parties civiles placés... dans le box des accusés - revirements d'une des principales accusées, Myriam Badaoui... Voir à ce sujet l'analyse de Marie-Christine Gryson dans son ouvrage Outreau la vérité abusée 12 enfants reconnus victimes (Paris, Hugo & Cie, 2009).
Frédéric Valandré,
Ecrivain, docteur en sciences humaines.