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Le confinement prendra fin le 1er décembre, ou un peu après. Finalement, dans quelques années le coronavirus nous apparaîtra peut-être comme une parenthèse pénible dans nos vies. Toutefois, aujourd'hui, ce qui angoisse les jeunes, ce n’est pas le confinement mais l’absence de perspective heureuse pour la suite.
On n’en peut plus d’entendre le mot crise !
Nous avons à peine 30 ans, un peu plus ou un peu moins, nous avons l’avenir devant nous, et pourtant... Dans notre jeunesse, nous avons été bercés chaque soir par les mises en garde de Patrick Poivre d’Arvor et Claire Chazal – « crise économique et chômage de masse ! » –, au point de faire de ces états d’exception la norme de nos vies. Alors, nous avons cessé d’allumer la télé, mais rien ne s’est amélioré pour autant, bien au contraire.
Tous les cinq ans on nous promet que le chômage sera éradiqué, et pourtant, nous n’avons jamais eu autant peur de perdre notre emploi, et jamais été aussi angoissés d’en décrocher un. On nous a fait la promesse solennelle que notre pire ennemi c’était la finance, et pourtant les prix de l’immobilier augmentent tellement que bientôt, étudiants et jeunes diplômés vont commencer à se disputer les mêmes 9 mètres carrés de la honte. On nous a promis que l’on allait faire quelque chose pour la planète et l’environnement et pourtant seul le confinement a pu stopper, un temps seulement, le carnage écologique. On nous dit que demain sera meilleur, et pourtant on angoisse plus que jamais à l’idée d’avoir des enfants de peur de les obliger à vivre dans un monde immonde.
Nous sommes nés dans la crise, notre monde est une crise, permanente. Crise économique, crise écologique, crise démocratique, crise de l’emploi, crise de sens, crise des représentations, crise sanitaire, crise, crise, crise. Assez !
Nous n’avons jamais droit au chapitre, on nous moque pour nous dire qu’on ne serait pas réaliste, trop jeune, pas assez mature, mais de quoi parlez-vous ? C’est vous qui vous laissez bercer par cette fable de la croissance infinie dans un monde fini, c’est vous qui pensez que le travail et les marchandises sont nos seules sources de bonheur. Vous avez le droit d’arrêter de rêver mais ne nous obligez pas à faire de même, nous avons encore de l’espoir et des projets, non pas celui de devenir milliardaire mais plutôt ceux qui nous permettront de prendre une part de bonheur dans ce monde.
On va faire à autrement ou à côté
Je crois que le but des jeunes de chaque génération est de ne pas se voir imposer leur manière de vivre, en démontrant qu’ils peuvent mener leur vie différemment. Alors, Cécile construit sa Tiny House pour changer de vie et être en adéquation avec ses valeurs, Anaïs tente de repenser le travail et d’y insuffler plus d’humanité, Carole a rejoint Greenpeace, Juliette a renoncé à son boulot d’architecte pour vivre dans son van en Espagne, pour vivre de rien ou plutôt pour vivre d’autre chose. Tous ceux d’entre nous qui en avons l’énergie prennent le risque de mener une vie différente de celle que l’on nous avait présentée comme indépassable : travailler - s’endetter – voir sa vie défiler. Pas le choix qu’ils disaient. Vous allez voir, faudra vous y faire, nous allons prendre le risque !
Prenons des risques !
Prenons le risque de douter, souvent, et à propos de tout,
Prenons le risque de réfuter les principes de réalité́ et les principes de précaution qui gouvernent nos vies par l’ignorance et par la peur,
Prenons le risque de faire douter la fatalité,
Prenons le risque de désobéir à l’inacceptable pour garder nos âmes en vie,
Prenons le risque d’être nous-mêmes, quitte à déplaire,
Prenons le risque de nous frotter à l’inédit pour rêver des alternatives,
Prenons le risque d’être déçus pour nous défaire de nos illusions,
Prenons le risque d’être passionnés pour faire chanter et danser nos âmes,
Prenons le risque de penser que le monde peut changer,
Il faudra vous y faire, nous allons prendre le risque de changer le monde.

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