Mes âmes, mes cieux,
Mes anges,
Mes anges d’en haut,
Mes anges d’en bas,
Par-delà des montagnes,
Par-delà des blés,
Par-delà des océans,
Par delà l’étang de la Cazine,
A tous les solaires,
Les vivants
De là, d'ailleurs,
voyageurs, passeurs,
A tous les lunaires,
Les dys, les bi, les polaires,
(…)
Ce monde
Désormais
Accueillera
Accueillera
Accueillera
Force de vulnérabilité. »
dans la douceur
le respect
l’infini respect
du plus petit vivant
du plus chétif
du plus frêle
du plus mal en point
du plus silencieux
du plus souffreteux
de l’enfant sans vie
de l’enfant vivant des vivants
Mes âmes, mes cieux,
Mes anges
Corps et âmes mêlés,
De l’infiniment grand à l’infini petit
Ou plutôt
De l’infini petit à l’infiniment grand
Désormais
Now.
Jetzt.
Alan.
L’enfant sera écouté
Tendrement.
Doucement.
Avec humilité.
Dans ce monde que je dois ensemencer,
De chaque élément
Pousse une vie
de la plus douce des espèces.
Les feuilles d’un vert pas comme les autres
Se tourneront vers le ciel
Se fermeront le jour,
S’ouvriront la nuit,
Puiseront dans l’obscurité.
Pour se ressourcer
Un léger duvet
Couvrira les rugosités
transformera rudesse en délicatesse
Brutalité en légèreté
Vulgarité en volupté
Les pétales douces et odorantes
Des boutons de roses
auront le pouvoir
d’attendrir
la moindre violence,
le moindre sursaut,
de panser la moindre blessure,
de guérir meurtrissures,
de faire bourgeonner les pourritures
Et nous pourrons,
Enfin
nous regarder
La douceur
De nos sœurs, mères,
De nos mères de nos pères,
mères de nos mères,
mères de nos pères,
mères
si douées,
de sublimation.
Pour votre douceur, l’encensement.
Il reçoit des couronnes du ciel et descend dans la fosse à la rencontre des femmes. Dans un rituel cérémonial, il les couronne une à une et les embrasse sur le front. Il remonte en scène au micro.
Et nous nous souviendrons de l’instant
où de vos yeux brûlants doux
(roucoulement de pigeon)
Un instant à notre naissance
Une fois, Une fois,
seulement
par vos yeux doux légers
nous avons été regardé.
Silence. Noir. Chant.
(...)
Cher enfant,
Bienvenue, ne disparais plus.
Ecris l’histoire, elle est à toi, écris-là, écris l’histoire,
Que l’histoire s’écrive par tes soins (…)"
Ecrite en 2018, la pièce a été lue Samedi 12 octobre 2019, par son autrice à Saint-Goussaud (23).
En 2020, par Marie-Do Fréval, lecture à
La Lanterne, Saint-Goussaud (23),
mise en espace Valérie Chatain,
Samedi 03 octobre 2020.
Ce texte est librement inspiré du tableau
de Ingres, « Roger délivrant Angélique »,
d’images et de personnages des métamorphoses
d’Ovide.
Cie L’Oiseau Vache Creuse.
Les métamorphoses, V. Chatain, éditions Les balades, extrait.
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