J’ai des bretelles de souvenirs doux comme une mousse
J’ai des poches à craquer de désirs assez bruts
Je ceinture les envies qui déboulent
Je me tiens bien, comme on dit – i –
Mais rien n’est grave ici, pour moi
J’ai trop chaud, un peu soif
Je ne regarde pas les immeubles défoncés et les cratères dans le sol
Pas chez moi
Je ne regarde pas les corps allongés, face contre terre
Non, je bois du thé et j’écoute l’ingérante radio qui débite de l’info au kilomètre
Je lis des articles jusqu’à en perdre le sommeil et la raison
Mais rien de grave ici, pour moi
Pas d’hôpitaux de guerre, de sirènes qui s’évanouissent
Nous avons inventé le béton armé et nous le coulons dans la gueule de la liberté
C’est une terre où tu ne sais plus qui est ton frère, ta sœur
Car l’histoire se réécrit en permanence
Chaque strate qui s’ajoute éventre ton espoir
Il n’y a jamais de vérité
Chaque strate qui s’ajoute efface le rêve de paix
Tu ne sais plus si la frontière fait sens car il te semble que des murs s’élèvent non pas entre les peuples, mais entre chaque individu
L’autre, si peu différent soit-il ou elle, l’autre devient un impensé, un impensable
Le 11 octobre 2023 - VS