Je ne sais pas qui sait écrire de la poésie quand le vent part en rafales.
Les coquelicots déclarent forfait.
Les routes se prolongent plus loin que nos yeux ne peuvent voir.
Les arbres sont des éléphants qui guettent le faux pas.
Les enfants mendiants prennent la place des bas-côtés. Et les hommes jettent leurs mégots de cigarettes par les fenêtres. Et les hommes gaspillent leur force à les incendier d'injures.
Je ne sais pas si la poésie rend justice à ceux que le monde efface.
Le bas-côté des routes est un ghetto dans la ville.
Il suffit de tendre la main pour toucher la faiblesse et la pauvreté.
Je crois que nous mangeons des monstres aux buffets des institutions.
Assis nous formons un peuple soumis. Soumis par notre soumission elle-même.
Le travail cache notre honte de n'être plus capable de transformation.
Nos bavardages ineptes rassurent notre conscience.
Nous parlons et l'action ne devient jamais la conclusion du discours.
Le discours succède au discours et les lois nous engourdissent.