
Image : apparence visible d'un objet, imitée par le dessin, la peinture, la sculpture (cnrtl)
Une fabrication de la réalité
L'image est fabriquée, elle possède un auteur qui se place de telle ou telle façon par rapport au sujet qu'il veut représenter, qui choisit tel ou tel détail (cadrage, angle), couleur, lumière ou ombre. Celui qui fait l'image a donc un point de vue qu'il impose à celui qui va regarder son image. À partir de cette évidence, on peut dire qu'une image ne peut être neutre puisqu'un tiers intervient. Elle dit quelque chose d'autre que la réalité, c'est un moyen d'expression. Dans la famille sémantique de l'image, on trouve d'ailleurs imaginaire, imagerie, imagination, etc.
Cependant, l'étymologie du XIIe siècle, le latin imagere emprunte un siècle plus tôt au latin imago, masque mortuaire que les Romains réalisaient à partir de moulages sur leurs morts (donc sans intermédiaire), à la fois pour se souvenir d'eux mais aussi pour les figer dans l'éternité. En donner une définition définitive. Les masques des ancêtres étaient en effet rangés dans des niches, à l'intérieur de la maison, pour toujours. D'où la signification contemporaine d'imago qui est la forme immuable et définitive des insectes et amphibiens connaissant des formes différentes au cours de leur vie. L'imago définit. Par exemple, l'image que l'on a du lépidoptère est plutôt le beau papillon virevoltant dans le ciel que la chenille boulottant les feuilles du rosier.
L'image au pouvoir
Alors, quand la photographe officielle du président de la République,Soazig de la Moissonière, part en maraude avec lui le 18 février (ce soir-là, elle n'avait vraiment rien d'autre à faire et elle voulait bien se cailler dans les rues pour rencontrer des pauvres) et fait glisser « comme ça » sur son compte twitter une image d'Emmanuel Macron discutant avec un SDF (oui, un de ceux-là qui « nous coûte un pognon de dingue » et « déconne » avec son RSA s'il en bénéficie, un de ceux auxquels le 115 ne répondra pas parce que leur subvention a été sérieusement revue à la baisse), c'est bien entendu pour nous raconter à quel point notre président se soucie de tous. Il n'hésite pas à expédier son dîner fin et à braver le froid pour guérir quelques écrouelles.
Une telle image est bien entendu à mettre au crédit de l'équipe de communication de l’Élysée. Nous prendraient-ils pour des gogos ? Oui. La start up nation, incapable de créer, renoue avec l'imagerie d'Epinal du XIXe siècle, avec des représentations de Napoléon III, voire avec celles des monarques précédents depuis Henri II d'Angleterre (1133-1189) touchant pour la guérir l'adénopathie cervicale tuberculeuse chronique, les écrouelles autrement dit, pour légitimer leur autorité. L'équipe d'Emmanuel Macron fait preuve une fois de plus d'une belle modernité...