
Converger, du latin vergere, incliner vers, se diriger vers un même point.
Au regard des multiples manifestations de mécontentement, d'opposition, de critique envers le gouvernement, le tout en ordre dispersé, on soupçonne ici ou là une envie de convergence des luttes. Cet idéal rassemblement de tous contre un seul, pour simplifier, répondrait à la logique actuelle puisque cheminots, usagers du train, étudiants, travailleurs du privé, fonctionnaires, avocats et magistrats, personnels hospitaliers, d'EPHADs, Kurdes oubliés de la guerre contre Daech sont en fait en butte à un seul homme, Emmanuel Macron et sa politique à marche forcée. Pour converger, cf la définition, il faut encore savoir quel est le point à atteindre. Étant moi-même journaliste d'écran (de ceux qui parlent du monde peinard, dans un bureau chauffé sans jamais s'y frotter, pas au chauffage, au monde), j'ai contacté mon envoyé spécial afin qu'il me raconte ce que devait être aujourd'hui à Toulouse une journée de convergence.
Cela donne ceci :
« Alors, toi, tu vas tranquillou au Saint-Sernin pour discuter collectif [de photographes qui risque bien ne jamais voir le jour, ndlr], en sachant qu'il y a une manif pour l’Éducation nationale à 12h30, puis une autre appelée à 14h30 qui devrait rejoindre les cheminots. Mais tu sais aussi que les Finances Publiques appellent à un rassemblement devant la Cité administrative à 12h. Et que les étudiants de la fac du Mirail ont une AG à10h. Tu bois ton café et tu entends des sirènes de locomotives. Tu te demandes qu'est-ce que c'est. Tu envoies un texto à un cheminot de ta connaissance pour savoir. Sans réponse dans l’immédiat. Tu entends du barouf et tu vas voir, et là, surprise ! tu vois un cortège de cheminots qui se rend à la Cité Administrative. Tout le collectif (4) va voir et suivre une manif de 200 personnes. Tu croises le cheminot que tu connais qui t'explique qu'ils vont en AG devant la Cité, tu lui demandes pour le cortège de 14h30 qu'ils doivent rejoindre. Il n'est pas au courant. OK. Tu vas voir une nana de Sud et un gars de la CGT pour savoir... Ils tombent des nues, pas au jus du tout ! Bon. Pas grave. Tu es à la Cité administrative, tu vois des profs (50), des gars des finances (50), les cheminots (200) qui causent "convergence". Parfait ! À 300, ça semble gérable...
Tu demandes aux uns et aux autres pour la manif de 12h30 (Quelle manif ? C'est juste une prise de paroles ! Ah. Bien.) et pour celle de 14h30 ("???" on aurait dit des poules devant un œuf..). Tu causes à un gars du SNES qui te dit oui mais alors non, on en avait juste causé, rien n'est prévu. Des étudiants du Mirail arrivent (50-100). Les flics sont là, ça se chipote un peu, sans conséquence. Puis soudain, tout ce qu'il reste de ce beau monde part en manif sauvage direction le Monument aux morts. Devant Jeanne-d'Arc, ça chauffe, la BAC a serré 3 jeunes. Je me fais jeter par les policiers y compris par ceux que je connais. Ambiance très tendue ! Mais tout le monde finit par se calmer, le cortège repart. Je continue à demander qu'est-ce que c'est que ce truc de 14h30. Personne ne sait, enfin... un me dit que ça a été décidé mardi, l'autre que c'est annulé. A Bayard, hop ! surprise, tout le monde part vers la gare bloquée par un mur bleu marine. La manif se disperse. Je cause au gars d'hier qui fait partie du "comité du 5 mai" et lui demande pourquoi ils appellent à se rassembler au Cap[itole] samedi. Ça alors ! Il n'est absolument pas au jus ! Je lui montre où je l'ai vu et me dit "ça, c'est pas nous, nous, on fait une manif à 10h30 qui part du siège du Medef mais on n'a absolument rien prévu pour samedi aprème, d'ailleurs, on sera à Paris"... Il y a quand même un truc de prévu samedi, mais personne n'a l'air de savoir qui y appelle. Sud-Rail et les étudiants appellent à un rassemblement à 18h en soutien aux étudiants. Pas à l'Université du Mirail comme prévu mais à la Préf' finalement...
Bref. Tout ça est totalement incompréhensible... »
Tu m'étonnes. Pour se diriger vers le même point, la première chose à faire est sans doute de se donner rendez-vous.