Miskine la démocratie !

Miskine n'est pas encore dans le dictionnaire, ou plutôt, il y est depuis longtemps mais dans les lignes qu'on ne lit pas toujours jusqu'au bout, celles qui concernent l'étymologie. C'est un cas rare de retour aux origines. On reconnaît en effet l'adjectif mesquin/mesquine, piqué vers le X^e siècle à l'arabe meskin, « pauvre ».

Ce sont les plus jeunes qui font renaître ce mot arabe avec tout le mépris dont ils sont capables, puisqu'ils et elles l'utilisent pour désigner une personne pitoyable, pathétique. Ce « manque de grandeur » dans le sens français du début du XVII^e siècle, doublé d'une dimension avare. La démocratie aujourd'hui : un minable qui a des oursins dans les poches quand il s'agit du Français lambda. Indigente, voilà comment la génération qui vient voit la démocratie, sans prendre de gants, à sa manière, lucide. Deux mots sur une pancarte qui rejoignent les longues analyses de politologues étoilés.
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Un système dans lequel le pouvoir appartient au peuple ? Quand, il y a presque un an et demi, Emmanuel Macron ordonnait la dissolution de l'Assemblée nationale, provoquant des élections législatives anticipées, la logique démocratique, ainsi que la coutume sous la V^e République auraient voulu que soit respecté le résultat qui donnait le Nouveau Front populaire (NFP) vainqueur, en nommant un Premier ministre issu de cette majorité. Les cohabitations ont existé et fonctionné, qu'elles aient correspondu à nos choix ou pas. Mais non. Manquant pour le coup de grandeur, d'ouverture sinon de générosité, la volonté du président français fut, de façon tout à fait mesquine, de nommer au poste de chef du gouvernement tout sauf une personne issue de la gauche. Un président « de centre gauche » qui aime si peu la démocratie et tant les élites de droite que trois Premier ministres de droite se sont succédé depuis les élections législatives de juin 2023. Même l'ami Lecornu a craqué le 6 octobre alors qu'il tentait de former un nouveau gouvernement.
Pourtant, la démocratie dispose par essence de lois permettant aux citoyens de changer de gouvernement ou de projets politiques légalement. Alors, qui à présent pour rassurer la "gen Z" sur ce qu'on leur vend sous l'étiquette démocratie ? Qui saura supporter le débat sur les finances publiques ? Qui saurait réparer ce lien entre le peuple et ses gouvernants _ dont tellement ont eu ou ont affaire à la justice ? Aux yeux des Français et pas seulement des plus jeunes, notre démocratie ne mérite plus aujourd'hui, hélas, que le mépris tant elle est mesquine. A moins que ce ne soit notre président...