Ceci est la copie d'une lettre lue lors de la soirée de soutien aux civils de Gaza, à Toulouse, le 7 novembre. Je l'ai reproduite telle qu'elle m'a été confiée par la personne qui l'a lue. Je n'ai pu en vérifier ni l'origine, ni la traduction.
Les journalistes des médias, les intervieweurs télévisuels... viennent à nous, nous pointant du doigt et posant cette question sans fin : condamnez-vous le terrorisme palestinien ? Condamnez-vous le Hamas ?
Alors, parlons de ça !
Je me condamne. Je condamne toute mon existence.
Je condamne ma propre naissance dans un camp de réfugiés dans mon propre pays.
Je condamne ma propre naissance en tant qu'être palestinien, alors que, selon beaucoup, la Palestine n'existe pas. Je condamne mes parents qui ont été déracinés de leurs villages détruits et qui m'ont fait vivre dans un camp de réfugiés.
Je condamne ma propre vie, j'ai grandi, j'ai fait des études, j'avais l'espoir et le rêve d'être un grand biologiste et chercheur qui sauverait des vies... d'être un peintre incroyable, un merveilleux photographe et un acteur fantastique et un écrivain talentueux qui inspirerait le monde entier...
Je me condamne pour prétendre et continuer de prétendre que je suis un être humain, que je défends mon humanité et ma dignité et celle des autres... Il semble que je ne sois qu'un animal humain, ou encore moins...
Je me condamne de croire au droit international, aux résolutions de l'ONU et à toutes ces déclarations selon lesquelles : les personnes sous occupation ont le droit légitime de résister par tous les moyens. Mais comment oserais-je considérer que nous sommes sous occupation, même sous une entité illégale qui est présentée comme la seule démocratie du Moyen-Orient ?
Que puis-je dire ? Je suis tellement ignorant.
Je croyais, je croyais qu'une victime de viol avait le droit de se défendre... mais il semble que je sois confus... Je n'avais pas compris qu'il fallait féliciter le violeur et condamner la victime si elle ose résister... qu'elle/il devrait profiter du viol et y trouver des avantages...
Je croyais que se tenir aux côtés des opprimés était la chose naturelle à faire. Encore une fois, je suis confus parce que je ne devrais vraiment jamais m'identifier aux autres opprimés.
Il n'existe qu'une seule entité opprimée dans le monde et aucune autre, n'est-ce pas ?
Je devrais féliciter l'Israël qui opprime les soi-disant Palestiniens, leur apprendre qui ils sont et quelle est leur valeur aux yeux de la communauté internationale... Que leur vie ne vaut rien.
Je condamne mon obstination à revendiquer mon droit au retour dans les villages détruits de mes parents. Comment oserais-je faire ça ? Comment tous ces réfugiés palestiniens obstinés osent-ils réclamer ce droit au retour ? Sommes-nous tellement aveugles que nous ne pouvons même pas voir les faits sur le terrain, même après 75 ans de création de la seule démocratie au Moyen-Orient ?
Je condamne tout acte de résistance contre l'injustice, l'oppression, l'occupation. Comment les opprimés osent-ils défier l'oppresseur ?
Je condamne mes parents qui m'ont élevé avec « Si tu es rongé par la haine, tu perds ton humanité ? » Mais devaient-ils m'apprendre à haïr ?
Monde !
Je suis vraiment désolé,
je n'avais pas réalisé que j'avais été induit en erreur et mal informé
Je m'excuse profondément, Monde !
Je m'excuse auprès de vous tous.
Mes plus sincères excuses.
Mes parents m'ont dit qu'il fallait soutenir les opprimés et empêcher les oppresseurs de continuer leur oppression, je m'excuse, je ne connaissais pas le droit international et les droits de l'homme.
Je ne savais pas que tout cela était faux.
Donc, Monde, je me condamne.