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Billet de blog 13 mai 2018

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Les mots dits / Triste comme une veille de fête

Demain, 14 mai [calendrier officiel], l'État d'Israël célébrera Yom Ha'atzmaout, jour de l'indépendance, en hébreu. C'est à cette date qu'il y a 70 ans prenait fin le mandat britannique sur la Palestine.

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Illustration 1
Manifestion en soutien aux manifestants palestiniens. Toulouse, 12 mai 2018 © Alain Pitton

Indépendance : 1610 de independance  : « absence de dépendance. »

Demain, 14 mai [calendrier officiel], l'État d'Israël célébrera Yom Ha'atzmaout, jour de l'indépendance, en hébreu. C'est à cette date qu'il y a 70 ans prenait fin le mandat britannique sur la Palestine et qu'un an s'était écoulé depuis le vote par l'ONU d'un plan de partage de la Palestine. On nous dit que le rituel le plus observé ce jour-là en Israël est celui du pique nique et du barbecue. On imagine une journée gaie, légère, teintée d'un sentiment de fierté d'avoir réussi à imposer cet état né dans le cerveau d'une poignée d'hommes et qui n'était qu'une utopie moins d'un siècle auparavant. Pourtant, aujourd'hui comme hier, l'image d'Épinal d'une foule multicolore faisant la fête sous le radieux soleil du printemps oriental est entachée de sang.

En 1948, la guerre larvée entre les Hébreux et les Arabes voisins devenait une guerre ouverte à toutes les frontières du tout nouvel État. Cependant qu'à l'intérieur avait lieu un exode massif des Palestiniens, un peu poussés par la pointe des baïonnettes. S'il avait débuté « volontairement » dès 1946-47, il prit l'ampleur d'une « catastrophe », d'un désastre , « Nakba » en arabe, dès le lendemain de la création d'Israël. La grande roue tourne tourne et 70 ans plus tard, il semble que rien n'ait changé, avec, à l'intérieur, la répression démesurée* des manifestations palestiniennes dans les frontières de la bande de Gaza pour appeler à une « Marche pour le Grand retour » et, à l'extérieur, le bombardement de la Syrie, non pas contre l'État islamique, mais contre les combattants chiites qui eux, se battent contre Daech. Sans compter l'appel à peine voilé d'un Benjamin Netanyahu à une guerre contre l'Iran. Venant d'un quelconque autre État, nous hurlerions au scandale. (Imaginons un instant Vladimir Poutine responsable de la mort de 44 manifestants chez lui !) Mais ce serait oublier le sacro-saint mot d'ordre : Israël a le droit de se défendre. Là, tout est dit et nous sommes priés de nous taire. Muets et complices, puisqu'on ne pourra pas dire sérieusement « on savait pas ».

Pourtant, nous pourrions exiger que le droit international s'applique. Pour sa liberté d'action, Israël dépend de l'Occident. Si nous n'étions pas là pour armer, financer, soutenir, fermer les yeux, et in fine, approuver (en appelant certes « à la retenue », formule ô combien diplomatique), Israël oserait-il mutiler des manifestants armés de cailloux, de cerfs-volants enflammés et de pétards mouillés à l'intérieur des grilles de leur propre prison ? S'il ne comptait pas sur notre accord tacite, risquerait-il un embrasement total du Moyen-Orient, choisirait-il (provisoirement, peut-être) d'épargner Daech contre l'armée syrienne et ses alliés ? Seul, cet État se permettrait-il tout cela ? Quelle est finalement, et depuis 70 ans, la signification de l'indépendance pour l'État d'Israël ?

 *En six semaines de manifestations, au 11 mai 2018, 44 morts et 971 blessés dont 700 enfants côté palestinien. Source : Ministère de la santé palestinien à Gaza / Reuters.

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