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Billet de blog 21 novembre 2023

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Les mots dits / Tragédie

Hier, 20 novembre, le titre du live du Monde sur la guerre à Gaza plaçait le mot tragédie entre guillemets. Pourquoi ? Les crimes de guerre en cours dans la bande de Gaza ne sont-ils pas un spectacle où le malheur est représenté, « propre à exciter la terreur et la pitié » ?

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Illustration 1
Manifestation des gilets jaunes, Toulouse, décembre 2018. © vl

Tragédie : emprunté au grec τ ρ α γ ω δ ο ́ ς « qui chante ou danse pendant l'immolation du bouc aux fêtes de Bacchus » (CNRTL)
Hier, 20 novembre, le titre du live du Monde sur la guerre à Gaza plaçait le mot tragédie entre guillemets. Pourquoi ? Les crimes de guerre en cours dans la bande de Gaza ne sont-ils pas un spectacle où le malheur est représenté, « propre à exciter la terreur et la pitié » ?

Tragos, le bouc et oedia, ode. Littéralement, la tragédie c'est le « chant du bouc », non pas celui du bouc qui célèbre mais celui de la foule qui chante le sacrifice du dit bouc. L'origine antique du mot fait en effet référence au « chant religieux dont on accompagnait le sacrifice d'un bouc aux fêtes de Bacchus », nous dit le CNRTL. La notion de réjouissance sous-tend la tragédie puisqu'elle est un moment des fêtes de Bacchus, qui ne passaient pas pour moroses. Pauvre bouc, toujours de service dans les cérémonies religieuses. En effet, ce bouc antique en rappelle un autre de circonstance, celui de l'Ancien testament, le bouc émissaire. Lui était le centre de la cérémonie juive de l'Expiation au cours de laquelle deux boucs étaient nécessaire, l'un pour être sacrifié à Dieu et l'autre pour être symboliquement chargé de toutes les fautes et de tous les malheurs d'Israël, puis chassé dans le désert vers Azazel (un démon, ange déchu) afin de détourner la malédiction divine. (Lévitique 16 : 7-10). Faut-il voir les Palestiniens de Gaza, chargés de tous les malheurs d'Israël condamnés à errer dans le désert ? On parle de plus en plus du Sinaï comme point de chute des survivants de Gaza... Ou alors, est-il sacrifié sous nos yeux effarés face à l'horreur et au manque de réaction des dirigeants du « Nord global » ?

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