Sionisme : de Sion, une des collines de Jérusalem, le sionisme désigne le mouvement politique et religieux, formalisé par Théodore Herzl à la fin du XIXe siècle qui a appelé à la création en Palestine d'un état israélite autonome. Depuis la naissance d'Israël en 1948, il vise à regrouper un nombre croissant de Juifs dans cet État.
Francis Kalifat, ancien militant du Betar*, aujourd'hui président du Crif avait prévenu : "Pour ce 24e dîner nous attendons des actes et des décisions fortes". Aussitôt exigé, aussitôt obéi sans trop se faire prier par le président de la République qui était l'invité d'honneur de ce dîner annuel. Emmanuel Macron y a en effet annoncé, parmi d'autres mesures pour renforcer la lutte contre l'antisémitisme, que la France allait se plier à la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste (IHRA), fondée en 1998 et établie en Suède, condamnant l'antisionisme comme "une des formes modernes de l’antisémitisme". Certes, pour le moment, il n'est pas question, malgré la volonté d'une partie des députés, de pénaliser l'antisionisme, mais il va falloir désormais prendre des pincettes pour discuter de politique israélienne. Cette brusque décision a semble-t-il été inspirée par l'agression verbale dont a été victime Alain Finkielkraut le samedi 16 février à Paris. On a pu entendre « sioniste de merde » parmi les insultes et les sifflets. Un homme, une loi.
Nous sommes maintenant sommés de soutenir Alain Finkelkraut sous peine d'être fustigés comme antisémites, quoi que nous pensions de ses idées, déclarations et actions. Il va falloir à ses pairs philosophes un infini doigté pour critiquer ses œuvres... Il va falloir caviarder bon nombre de livres d'histoire et de de géopolitique, d'essais critiquant le sionisme ; interdire (mais c'est déjà souvent le cas) les discussions publiques, les débats, etc. portant sur la création d'Israël et sa politique de colonisation. Après le " On est tous Charlie ", mot d'ordre à double tranchant pour la défense de la liberté d'expression mais imposant des règles strictes à ne pas dépasser pour discuter de terrorisme islamiste, et imposant la défense de l'hebdomadaire quel qu'en soit son contenu et de sa qualité intrinsèque de journal. Une sorte de "On est tous Finkielkraut" clôt en France le débat sur le sionisme.
Oui, il existe un lien indéniable entre l'Ancien testament qui désigne la Palestine comme la Terre Promise et le thème du « retour » du peuple juif à ses racines. Il y a bien une dimension religieuse au sionisme mais il reste un mouvement essentiellement politique. Une idéologie que nous devrions être libres de discuter et de critiquer. Se dire anticommuniste ou anticapitaliste est-il un crime ? En parler est-il condamnable ? Autant l'antisémitisme (la haine envers les Juifs) vise une population en tant que telle et ne supporte aucune justification, autant le sionisme, en tant que forme de colonialisme, en ce qu'il a pour conséquences humaine et géopolitique peut faire l'objet de discussions, de critiques, de rejet. Certes, comme dans tout refus d'une idéologie qu'elle soit religieuse, politique ou économique, on trouve ceux qui veulent « tout détruire », « en finir », « interdire », etc. Mais la force d'une nation qui se dit démocratique, éclairée, ouverte, intelligente, confiante est de pouvoir disputer de ce qui fait mal, de nos erreurs, de nos aveuglements, de nos complicités nauséabondes sans en avoir peur. De la discussion naît la lumière paraît-il. Assimiler l'antisionisme à l'antisémitisme coupe court à toute conversation : vous êtes contre l'implantation de colonies israéliennes en Territoire palestinien, contre la violence déchaînée à Gaza par l'état hébreu, contre ses crimes de guerre ? Vous êtes antisémites. Noir ou blanc.
* Betar, mouvement de jeunesse de la droite sioniste, qualifié parfois d'extrémiste.