
Observatoire : 1667 «établissement scientifique destiné aux observations astronomiques et météorologiques» (cntrl).
« Nous venons vous informer qu'à partir de maintenant, nous vous considérons comme des manifestants comme les autres . Vous occupez illégalement l'espace public. » Il est environ 18h30, place Wilson à Toulouse ce 23 mars et deux gradés de la police se sont avancés jusqu'au petit groupe d'observateurs de la Ligue des droits de l'Homme / Fondation Copernic / Syndicat des Avocats de France pour leur signifier clairement que leur statut d'observateurs ne les protégera pas des tirs de gaz lacrymogène, de grenades de désencerclement et autres coups.
Avec leur chasuble bleue et jaune siglée SAF, Fondation Copernic et LDH, ces petits groupes de 4 à 5 volontaires répartis sur les bords des cortèges sont bien connus des manifestants et des forces de police depuis deux ans qu'ils observent les défilés toulousains. Observatoire, c'est le nom qu'ils ont choisi, donnant délibérément une orientation objective à leur travail, celui de surveiller de la façon la plus « scientifique » possible les manifestations, comme le savant le ferait pour les étoiles et les nuages. En matière de phénomènes météorologiques, il faut dire que les chutes de grenades, les brusques averses de canon à eau, les pluies de gnons, les fronts chauds de boucliers et les brusques coups de tonnerre assourdissant ont tendance à augmenter.
Neutres, ils ne le sont pas, dans la mesure où ils s'intéressent, et le disent, aux pratiques policières qu'ils scrutent suite à de multiples violences dénoncées en particulier depuis les manifestations contre les lois travail. Ils tentent toutefois de le faire dans la plus grande objectivité, en tenant compte notamment des agressions dont peuvent être victimes les policiers qui sont alors dans la réplique. Cependant, l'attention portée aux gestes déplacés, hors de propos ou disproportionnés des forces de l'ordre dérange, surtout quand le ministre de l'Intérieur envoie un message sans ambiguïté sur la fermeté à appliquer lors des manifestations des « gilets jaunes ». Alors on voit croître les signes d'intimidation : gazage de membres de l'OPP alors qu'ils sont isolés des manifestants, bousculades gratuites et noms d'oiseaux. Plus grave, une blessure au front le 2 février. Le rapport que rendra l'Observatoire des pratiques policières, le 17 avril lors d'une conférence de presse, sera riche d'informations sinon de scoops pour les Toulousains.
Communiqué OPP _ 26 mars 2019 (pdf, 145.7 kB) © OPP