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Faim : du milieu du XIe siècle,« besoin de manger » et vers 1200, « envie de, désir » (Cnrtl)
Thomas Brail, grimpeur et arboriculteur membre fondateur du GNSA (Groupe national pour la sauvegarde des arbres) est entré en grève de la faim le 1er septembre, pour protester contre l'abattage d'un alignement de platanes sur le trajet de la très contestée A69, entre Toulouse et Castres, dans le Tarn. Depuis, il est suivi par 13 autres personnes, dans l'indifférence quasi générale des pouvoirs publics et des médias les plus regardés.
Manger est un besoin vital. Ne pas manger peut entraîner la mort. Pour autant, faire une grève de la faim n'est pas une tentative de suicide, c'est un appel à vivre mieux, ce n'est pas un renoncement, c'est une « envie, un désir » de vivre, malgré le « besoin de manger ». La grève de la faim comme moyen de pression politique essentiellement réconcilie ces deux étymologies. Mais la faim fait mal, elle torture et finit par tuer, lentement, tout en laissant sa marque : après un mois, le corps peut subir des dommages irréversibles. Les risques de décès surviennent autour du 45e jour, bien que la santé de la personne au départ, les conditions et la sévérité du jeûne pèse sur l'échéance.
Quant aux résultats ? Depuis 1878 date, selon Wikipedia, de la première grève de la faim de prisonniers politiques en Russie, ce mode de lutte n'a cessé d'être utilisé avec des issues plus ou moins heureuses. Gandhi en avait fait une de ses armes non violentes les plus efficaces ; les suffragettes aussi avec succès ; en l'utilisant, Louis Lecoin a fait reconnaître le statut d'objecteur de conscience ; aujourd'hui des réfugiés le tentent dans l'indifférence. Beaucoup se souviennent aussi des grèves de la faim de prisonniers politiques en Irlande du Nord en 1980 et 81, soldées par la mort de 10 d'entre eux, avec une Margaret Thatcher droite dans ses bottes de cuir.
La posture de Carole Delga, la présidente du Conseil régional d'Occitanie, et son silence font écho au mépris meurtrier de la Première ministre britannique, sans parler de la fermeture à double tour de Clément Beaune, ridiculisé depuis sa sortie sur Thomas Brail, délogé d'un arbre devant son ministère, pour des « raisons sanitaires. » Les 400 hectares de bonnes terres agricoles sur le tracé de la future autoroute, cette biodiversité, ces habitants, ce paysage doux et accueillant, NGE/Atosca est en train de les dévaster, pour « 150 décideurs », qui se gobergent "d'état de droit", d'engagements verts, de labels verts, d'incitations vertes, et d'initiatives de la même couleur.
« Ventre affamé n'a pas d'oreille dit-on » ? Aujourd'hui, c'est plutôt « Ventre repu n'a pas de parole. »

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Les 13 grévistes de la faim contre l'A69 sont : à Paris Thomas, Reva et Celik ; à Toulouse, Olga et Françoise ; dans le Tarn, Matthieu, Bernard, Marion, Victoria et au Burkina Faso, Yasmina, Martin, Latifa et Mahamoudou.