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Billet de blog 3 septembre 2025

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Accord UE–Mercosur : un feu vert européen, une alerte française

Le 3 septembre 2025, la Commission européenne a officiellement validé l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Conclu en 2019 après plus de vingt ans de négociations, ce texte doit encore être ratifié par les 27 États membres et le Parlement européen avant de pouvoir entrer en vigueur.

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Mercosur mais pas certain © Valras Belle et Rebelle

L’objectif affiché est ambitieux : créer un marché commun de plus de 780 millions de consommateurs, l’un des plus vastes au monde. Mais pour la France, cet accord reste porteur de lourds risques économiques, sociaux et environnementaux.

Ce que prévoit l’accord

* Suppression progressive des droits de douane sur de nombreux produits industriels européens (automobile, pharmacie, chimie, machines).

* Ouverture accrue aux produits agricoles du Mercosur : quotas pour le bœuf (99 000 tonnes par an), la volaille (180 000 tonnes), le sucre et l’éthanol.

* Protection de 350 indications géographiques européennes (champagne, roquefort, jambon de Parme…).

* Accès facilité aux marchés publics et aux services pour les entreprises européennes en Amérique du Sud.

Les garanties ajoutées par Bruxelles

Pour répondre aux inquiétudes, la Commission a introduit plusieurs garde-fous :

* Un mécanisme de sauvegarde : si les importations agricoles sensibles augmentent de plus de 10 % ou si les prix chutent de plus de 10 %, des mesures de suspension peuvent être activées en moins de trois semaines.

* Des quotas limités : les importations à droits réduits ne représentent qu’une faible part de la consommation européenne (1,5 % pour la viande bovine, 1,3 % pour la volaille).

* Un fonds d’urgence de 6,3 milliards d’euros pour soutenir les agriculteurs européens fragilisés.

* Des engagements environnementaux : respect de l’Accord de Paris et promesse d’une meilleure traçabilité des produits exportés vers l’Europe.

Pourquoi la France reste opposée

Concurrence déloyale

Les exploitations sud-américaines produisent à coûts réduits, avec des normes sanitaires et environnementales moins strictes. Les éleveurs français, soumis à de fortes contraintes, craignent de ne pas pouvoir rivaliser.

Menace sur l’élevage

Le quota de viande bovine représente un danger direct pour les éleveurs français, en particulier dans le Massif central, où les exploitations familiales sont déjà fragiles.

Déséquilibre économique

L’accord profiterait surtout à l’industrie européenne, dominée par l’Allemagne, tandis que l’agriculture française servirait de variable d’ajustement.

Impact environnemental

L’expansion agricole du Mercosur est liée à la déforestation de l’Amazonie, en contradiction avec les engagements climatiques de la France et de l’UE.

Souveraineté alimentaire fragilisée

L’Europe deviendrait plus dépendante d’importations stratégiques (viande, sucre, éthanol), réduisant son autonomie en cas de crise mondiale.

Les scénarios possibles

Blocage français

L’accord étant « mixte », il doit être ratifié à l’unanimité des 27 et validé par le Parlement européen. La France dispose donc d’un droit de veto : si elle dit non, l’accord complet ne peut pas entrer en vigueur.

Contournement par découpage

La Commission pourrait scinder l’accord en deux :

* une partie commerciale adoptable à la majorité qualifiée (sans veto français),

* une partie politique nécessitant l’unanimité (Cela permettrait d’appliquer provisoirement les volets commerciaux, malgré l’opposition de Paris)

Compromis politique

Historiquement, la France obtient souvent des compensations (fonds agricoles, clauses environnementales) avant de lever son veto. Un scénario où Paris se déclare « gagnant » en obtenant de nouvelles garanties reste possible.

Rejet par le Parlement européen

Même si la France restait isolée, le Parlement européen peut encore bloquer l’accord, ce qui donnerait une issue favorable aux opposants.

Conclusion : un feu vert qui ne dissipe pas les zones rouges

La validation de la Commission est un pas important, mais elle ne règle pas les inquiétudes françaises. Pour Paris, l’accord UE–Mercosur reste synonyme de :

* concurrence déloyale pour les agriculteurs,

* affaiblissement de la souveraineté alimentaire,

* contradictions environnementales majeures.

La France conserve une carte maîtresse : son droit de veto. Mais Bruxelles dispose de leviers pour contourner une opposition frontale. Les prochains mois s’annoncent donc comme une bataille politique et diplomatique, où se jouera l’avenir d’un accord qui divise profondément l’Europe.

Illustration 2
Logo Valras Belle et Rebelle © Valras Belle et Rebelle

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