Van Eylen Didier

Abonné·e de Mediapart

43 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 août 2015

Van Eylen Didier

Abonné·e de Mediapart

L'Europe et Frontex face à l'immigration, ou le problème posé à l'envers.

Van Eylen Didier

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je pense que toutes les solutions proposées par tous les partis politiques seront toujours bancales pour la simple et bonne raison que l'on réagit aux conséquences et à l'immédiateté. Autrement dit, on réfléchit en terme de flux (quand c'est trop tard) au lieu d'une manière systémique.

L'idée est très simple:

- Si je vais faire la guerre en Irak et en Libye au nom de la démocratie et que je laisse une situation chaotique derrière moi en me disant que j'ai fait mon boulot, que va-t-il se passer? 

- Si je suis un organisme international (FMI) qui se charge de réformer des pays en Afrique, en Amérique du Sud etc. et que leur situation se dégrade de manière encore plus inquiétante, que va-t-il se passer? (Voir Jean Ziegler "Destruction massive, géopolitique de la faim")

- Si je suis européen et que j'achète le pétrole de l'EI par des moyens détournés parce qu'il est moins cher, et donc que je finance cette organisation, que va-t-il se passer?

Et je pourrais encore continuer, mais je pense que le principe est bien saisi: le monde est profondément déstabilisé et nous en sommes en partie responsables. Chaque acte entraîne une conséquence et nous en sommes à réfléchir aux conséquences sans jamais remettre en question ce qui déstabilise le monde (économie et autres)

Et au milieu, les immigrés, doublement victimes. Une fois de l'incapacité à s'accomplir dans leur propre pays. Ils entreprennent donc un voyage heroïque (entre les passeurs de frontières qui les arnaquent, se cacher, se nourrir quotidiennement etc...), non pas pour trouver un absurde eldorado, mais pour pouvoir simplement vivre sans avoir peur. Et une deuxième fois arrivés sur place, ou l'hostilité est de plus en plus violente à leur égard. Des gens qui n'ont plus leur place nulle part, imaginez l'enfer après leur parcours. Insupportable.

Les réactions européennes?

- Citons les tabloïds anglais, dont un qui proposait d'envoyer l'armée à Calais, avec Cameron qui accuse la France de laxisme, on construit des murs, le président tchèque qui devant une centaine d'immigrés enfermés dans un camp qui ont voulu se rebeller s'est écrié courageusement dans les médias  "Ce sont nos règles, si vous n'êtes pas contents, rentrez chez vous, personne ne vous a invité".  En face, il y a Juncker qui demande un peu de calme et l'arrêt des propos populistes montants, Hollande qui tempère également et d'autres.

- Les réseaux sociaux: c'est le déchaînement total, c'est le débordement de ce qu'il y a de plus raciste et xénophobe. Des journalistes qui écrivent des articles sur la situation des immigrés se font insulter et autres joyeusetés.

La réaction politique:

- Via Frontex, tout d'abord:

Qu'est-ce que Frontex?

C'est l'agence européenne  pour la sécurité et les frontières extérieures de l'Union Européenne.

Quand on jette un oeil sur son fonctionnement comme Jean Ziegler l'a fait, on se rend vite compte que cela ne va pas.

Par exemple: la semi-privatisation de l'organisme, son côté para-militaire qui montre comment Frontex s'insère dans un dispositif général d'externalisation de l'asile  et de délégation aux pays-tiers à l'UE du contrôle, de la rétention  et de l'expulsion des migrants. Ça, ce sont des informations que l'on trouve partout, je n'ai aucun mérite d'effectuer un copier-coller.

- En Hongrie, on va faire construire par les chômeurs (tout un symbole) un mur anti-immigré 

- Lampedusa (pas besoin d'en dire plus)

- Etc.

En conclusion, le problème est proposé en termes de chiffres et de nombres qui déshumanise totalement le problème, ce qui permet de proposer des solutions qui le sont tout autant, sans jamais regarder par le bon  bout de la lorgnette, et sans jamais nous remettre en question.

Et au milieu, il y a ces gens.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.