"Un homme, au Texas, avait entendu Pat (lépouse de Nixon), à la radio, dire que nos enfants aimeraient avoir un chien. Croyez-le ou non, la veille de notre départ pour Baltimore, nous avons reçu un message disant qu'il y avait là-bas un paquet pour nous.
Savez-vous ce que c'était?
Un petit épagneur en cage, arrivé du Texas: blanc et noir, avec des taches. Notre petite fille Tricia, celle qui a six ans, l'a baptisé Checkers." Nous sommes le 23 septembre 1952 et, devant des millions de téléspectateurs branchés sur NBC, Richard Nixon, le candidat à la vice-présidence des Etats-Unis, dévoile, l'oeil humide, l'émouvant secret qui va faire pleurer l'Amérique.
Propos savamment calculés et manœuvre désespérée pour redresser une situation qui l'est tout autant.
En effet, cinq jours plutôt, le New York Times révèle que pour assurer son train de vie, il puisait régulièrement dans une caisse noire alimentée par des financiers véreux...
Le Herald Tribune et le Washington Post réclament en coeur sa démission.
Il doit agir, il n'a pas le choix. Il achète trente minutes d'antenne à NBC. A 18H30, Il prend l'antenne:
"Mes chers compatriotes, je viens devant vous comme un candidat à la vice-présidence et comme un homme dont l'intégrité et l'honnêteté ont été mise en cause...."
Il commence à détailler sa situation financière: "je possède un Oldsmobile de 1950; 3.000 dollars sur ma maison en Californie où vivent mes parents;20.000 dollars sur ma maison de Washington; une assurance-vie de 4.000 dollars. Je dois: 10.000 dollars sur ma maison en Californie; 20.000 dollars sur ma maison de Washington; 4.500 dollars à la Riggs National Bank; 3.500 dollars à mes parents; 500 dollars sur mon assurance-vie".
Face à une telle transparence, le téléspectateur à le souffle coupé.
Il continue sur sa lancée: "non, Pat n'a pas de manteau de vison, non;, je ne reçois pas de cadeaux, non...
Et il finit par l'épisode du chien.
Pour la conclusion, il se lève, et affirme, la voix assurée, regardant les téléspectateurs dans les yeux: "j'aime mon pays!". La caméra pivote, et on voit sa femme, Pat, buvant ses paroles, le supportant dans l'épreuve.
On a su, après que chaque expression, chaque intonation, chaque phrase avait été minutieusement répété autant de fois que cela avait été nécessaire.
Il fut réélu vice-président en 1956.
Quel coup de maître. Mais de maître, il est tombé sur le sien avec Kennedy qui le battra en 1960 pour le poste de président.
Billet de blog 14 septembre 2011
Manipulations de l'opinion en politique à travers le temps: Nixon
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