On assiste à une évolution conséquente du traitement de l'information concernant le droit de grève: on va chercher systématiquement le fait violent ultra-minoritaire, on insiste lourdement sur les pertes financières.
Ensuite, on questionne la personne qui est restée des heures dans les embouteillages, passablement énervée: "alors, pour ou contre cette grève? Hein? Alors?"
Enfin, on attaque les services publics qui ont par définition de puissants syndicats, avant de laisser la parole aux gens qui se plaignent fortement de la grève mais qui ne sont absolument pas concernées par les mesures gouvernementales, tels les patrons de PME pour parler des évènements d'aujourd'hui en Belgique.
On oppose le droit de grève au droit à aller travailler. Pour résoudre définitivement ce probème, pourquoi ne pas proposer à tous ceux qui veulent aller travailler LE RETRAIT de tous les avantages acquis par les syndicats depuis des années? Et à tous ceux qui ont LE COURAGE de lutter, de dire non à l'avenir sombre qui se prépare au prix de nombreux sacrifices, de garder leur acquis au prix de luttes centenaires?
Pourquoi cette lutte serait plus légitime que ceux qui nombreux veulent aller envers et contre tout travailler?
J'y vois plusieurs raisons:
1) Les mesures contraignantes que les gouvernements européens imposent à leur concitoyens sont objectivement contre-productives, de l'aveu même du FMI qui était le fer de lance de ce genre de mesures, qui encourageait cette politique.
2) Il faut, sous pression de l'Europe, s'aligner obligatoirement sur les critères imposés par les traités. Sans marge de manoeuvre. Peut-on exprimer l'idée que la dette en chiffres absolus n'est pas important mais bien la dette PAR RAPPORT au PIB, et qu'il faut laisser la marge de manoeuvre nécessaire à chaque pays pour arriver à une amélioration?
3) L'Europe n'est pas confrontée à un problème de création de richesses, mais à un problème de DEMANDE. Reprenons un exemple que je connais forcément mieux, la Belgique. Les entreprises de manière globale sont assises sur des montagnes de cash: 250 milliards. par rapport au PIB belge, c'est tout simplement gigantesque. Si on regarde plus attentivement ce chiffre, on s'aperçoit que ce sont les multinationales et grandes entreprises qui sont détenteurs en majorité de cette somme, et que les PME sont globalement en difficulté.
Ce qui m'amène au point 4, à savoir la fiscalité extrêmement avantageuse pour celles-ci, sans parler de l'extrême moibilité du Capital, véritable manque à gagner pour les Etats dont les conséquences frappe de plein fouet les PME et les millions de salariés.
La lutte contre ces mesures me paraissent donc complètement légitimes et nécessaires.
Pour répondre finalement à ma question-titre, ces attaques massives sont effectuées par des gens qui n'ont pas le choix, parce qu'il gagnent tellement peu leur vie qu'un jour en moins est un drame, par les milliers de patrons de PME précarisés par le peu de part de marché qu'on leur laisse, parce que chaque travailleur salarié sans statut fixe est en concurrence avec son collègue direct, parce que la solidarité est effacée par la structure de l'entreprise.
Mais j'appelle ça survivre, suivre le troupeau, avoir peur, laisser un monde précaire à nos enfants, pollué, sans perspectives que celui obtenu par le statut, une société basée sur le Capital et l'héritage, une société du chaos.
Pensez-y.