"La démocratie affirme sa vitalité comme régime à partir du moment où elle dépérit comme forme de société". Première phrase du livre. Je reste deux minutes, les yeux dans le vague tel un poisson rouge, à me demander ce qu'il voulait bien dire par là. Pour ceux qui comme moi on parfois du mal, ça veut dire que la pérennité d'une forme quelconque de société augmenterait au fur et à mesure que les structures remplacent les idéaux.
Qu'on légifère quoi. Bref, Je continue à lire et il m'apprend une chose qui me paraît essentiel: le mot égalité a été galvaudé au fil du temps. D'après lui, le mot égalité était un et indivisible. Nous, nous l'avons pour ainsi dire coupé en deux: " la républicaine égalité de droits et la socialiste égalité réelle".
Il cite deux arguments:
1) Dans son "Esprit de la révolution de 1789", Pierre-Louis Roederer, l'une des grandes figures de l'Assemblée constituante, écrivait: ""L'affection qui a décidé le premier éclat de la révolution, excité ses plus violents efforts, obtenu ses plus grands succès, c'est l'amour de l'égalité. Le premier motif de la révolution a été l'impatience des inégalités".
2) L'effort permanent pour réduire ces inégalités jusque dans les années 1980, où la tendance s'est radicalement inversée: en 1913, les 1% des français les plus riches accaparaient 53 % du patrimoine total contre 20% en 1984.
Pour les États-Unis, en 1929, 10% des revenus les plus élevés détenaient 50% du total, pourcentage qui s'est stabilisé en dessous des 35% de 1950 au début des années 1980.
La situation actuelle n'a donc rien d'un héritage du passé, elle marque au contraire une spectaculaire rupture avec celui-ci.
Donc, ce qu'il en ressort pour ma part, c'est que l'effort constant pour réduire les inégalités est le moteur de la nation française et dans l'esprit de la révolution.
Détail très important: non pas les résoudre totalement socialement parlant: on serait dans un régime communiste totalitaire dans ce cas-là, car par essence nous ne sommes pas égaux: certains contribuent plus à la société que d'autres et méritent donc plus. Non, on parle bien de tendre vers une société plus juste ou les écarts se rapprocherait plutôt que de se distendre comme cela se fait actuellement de manière absolument dramatique.