"Payer trop d'impôts est injuste": c'est une des phrases particulièrement creuse du dernier rassemblement du parti dit socialiste dont l'auteur n'est autre que Manuel Valls. Elle sous-tend, évidemment, que l' "injustice" est déjà effective, et qu'il fallait quelqu'un de particulièrement courageux pour le dénoncer.
Mais c'est quoi, trop d'impôts, M. Valls, pour un socialiste (idéologique j'entends)?
D'un point de vue historique:
"Aux États-Unis, le taux le plus élevé de l'impôt sur le revenu a été porté à 91 % lors de la Seconde Guerre mondiale et il faut attendre 1964 pour qu'il revienne à 70 %, sous le mandat du président Kennedy. Le président Ronald Reagan l'abaisse à 50 % en 1981 puis à 28 % en 1986 mais Bill Clinton le relève à 39,6 % en 1992, avec un taux prohibitif pour les rémunérations dépassant un million d'euros, qui sera cependant contourné par le biais des plans de stock-options « liés à la performance ».
Le taux de la tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu a été porté à 89 % en Angleterre pour financer l’effort de guerre de la Deuxième Guerre mondiale. À la fin des années 1970, les revenus de placement sont taxés à 98 %, les hauts revenus du travail à 83 % et les plus-values à moyen terme à 40 %, sous le gouvernement travailliste de James Callaghan.
Les principales réformes fiscales ont été effectuées après 1979 et l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, qui a fortement abaissé les impôts sur le capital et sur les hauts revenus, proposant même au début des années 1990, une poll tax, frappant au même taux tous les contribuables, quel que soit leur revenu, avec un taux à un chiffre.
En France, après 1981, l'impôt sur le revenu comptait onze tranches. La onzième, la plus élevée pour les plus hauts revenus, a vu son taux porté de 60 % à 65 % par le gouvernement de Pierre Mauroy. Après 1986, le premier ministre Jacques Chirac a ramené ce taux à 55 %. Il sera de nouveau abaissé en 2002, à 50 %. L'impôt sur les grandes fortunes, créé en 1981 puis rebaptisé en 1988 impôt de solidarité sur la fortune est largement minoré par les abattements, exemptions et niches fiscales."
Alors? Quel est votre choix? Ça ne fait que diminuer de décennies en décennies, mais ça reste toujours injuste, évidemment. Sans oublier les prix de transfert pratiquée par les multis, les incitations fiscales en matière écologiques, d'investissements, les plans d'embauches qui visent à réduire les taxes sociales, et j'en passe.
Je vais vous dire ce qui est injuste: c'est que bcp de citoyens paient beaucoup plus en pourcentage que n'importe quelle entreprise, qu'il est extrêmement difficile d'être indépendant ou TPE, justement parce que la fiscalité est totalement déséquilibrée. Les budgets en patissent et font reculer les acquis sociaux.
Ce qui est injuste c'est que vous vous cachez derrière le mot socialiste.