#meTooInceste
Pour moi il y a eu deux périodes d'abus sexuels (l'incestuel, lui, n'a jamais disparu).
. Des premiers mois de ma vie jusqu'à ce que je sois "consciente" (3 ans ?).
. Lorsque ma mère a quitté mon père (j'avais 6 ans) jusqu'au remariage de mon père avec ma belle-mère (j'avais 12 ans 1/2).
Ma mère me dit qu'elle "nous a sauvées en le quittant", seulement, alors qu'elle savait que mon père avait abusé de 2 petites soeurs de ma mère (c'est parce qu'il venait de tenter de recommencer sur l'une d'entre elles que ma mère a enfin eu la force de le quitter) elle nous a envoyées en week-end chez lui et la moitié des vacances.
Elle n'a pas pu déposer plainte ni écrire à l'employeur de mon père (ministère des affaires étrangères) car elle ne voulait pas "détruire sa carrière".
Elle était seule, détruite psychologiquement par cet homme séduisant, extrêmement charismatique, grand orateur à l'apparence cultivée (en fait ce n'était que du vent comme pas mal d'énarques), séducteur de ces dames, elle était perdue, honteuse, entourée de familles qui préféraient ne pas faire de vagues et taire la chose - c'était la même époque que celle décrite par Vanessa et Camille. La pauvre a fait ce qu'elle a pu.
D'une certaine manière, oui, elle nous a sauvées, je me serais suicidée si j'avais vécu avec lui dans un foyer pourri-détruit. Mais j'aurais pu avoir un parcours de vie bien moins abrupte si elle n'avait pas été si seule, si déjà, à l'époque, les frontières avaient été mieux définies (comme la justice commence timidement à le faire maintenant) et la parole plus libérée, moins diabolisée (merci Vanessa, merci Camille, merci toutes-tous les autres).
Elle aurait peut-être pu parler ?
Son silence ne fut pas sans conséquences (je ne cite ici que les highlights des réjouissances incesTueuses) : en plus de moi, ma cousine "jumelle" maternelle a été abusée (elle me rejoignait en week-end chez mon père), et j'ai dû vivre la double peine d'un classement sans suite lorsque j'ai parlé pour mon petit frère (orphelin de mère), ce qui a permis à une bonne partie de ma famille paternelle de classer eux aussi l'affaire "de la petite menteuse" - qui n'aurait pas dû parler, donc.
Répudiée, déshéritée, mais sans regrets - je peux me regarder dans une glace.
Et puis, tenter de sauver mon très petit frère fut aussi (je ne l'avais pas anticipé) le début de mon trajet vers moi-même. J'ai compris tant et tant sur ma famille - tant d'abus de pouvoir, tant d'inceste depuis tant de générations -, comme sur mon pauvre père : un gamin pris au piège familial, qui jouait sous les ors de la république aux jeux qu'il connaissait, qui a sur-vécut sa vie malgré des apparences flamboyantes et trompeuses.
La haine s'est envolée, ils sont tous surtout très à plaindre.
Je n'ai pas encore complètement trouvé cette Vanina que je suis, mais 20 ans après avoir enfin pu dire NON au père pour sauver mon petit frère, et après autant d'années de travail analytique, on y est presque (j'y crois).
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FILM LA LIBERTE
Le personnage du film de Guillaume Massart LA LIBERTE m'a pris la main avec tant de bienveillance qu'avec lui j'ai eu la force de rencontrer les personnes qu'il a filmées. C'est vraiment comme cela que je l'ai vécu et c'est cela aussi la magie du cinéma - montage si délicat qu'il a pensé avec Alexandra Mélot.
J'ai découvert son film toute seule chez moi, j'ai mis 10 heures à le regarder car je m'endormais régulièrement tant c'était dur - système de protection qui s'est auto-déclenché -, mais je continuais vaillamment en me cachant derrière Guillaume, la main sur son épaule.
Grâce à Guillaume, je peux entendre les personnes qui ont commis l'inceste et c'est pour moi aussi important que le travail que je fais en psychanalyse depuis tant d'années.
Mes familles sont pleines de fa-illes mais j'ai reconstitué, avec le temps, des familles de coeur. La vie peut parfois être belle avec vous tous.
https://www.universcine.com/films/la-liberte?fbclid=IwAR2icOb041D8AskN-jeatNdx8NSrT6ITCt6IH7lOFuqFy9HU74RsPymW7yE
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PODCAST (la loi du silence. Un podcast à soi)
Cela n'arrive pas qu'à moi.
Ici, le témoignage de Bruno qui décrit comment il a dévié sur la table à langer de sa première fille bébé (grosse pensée pour elle), et comment il a continué tout en ne supportant pas ce qu'il faisait après l'avoir fait etc (écouter le podcast), jusqu'à ce qu'il aille de lui-même chercher de l'aide à l'association l'ange bleu. Il a été jugé par la suite, il fait tout pour que ses enfants (qu'il n'a plus le droit de voir mais avec qui il est en relation via skype) se sortent de cette histoire de merde le moins mal possible.
Bruno : "je ne vis que pour que mes enfants, à 18 ans viennent me voir pour me dire "papa, va te faire foutre !" - "Si en plus que ce que j'ai fait, je leur avais imposé de régler leurs comptes avec moi face à une pierre tombale, là je les détruisais complètement".
Ses enfants ont tant de chance dans leur malchance... J'aurais aimé que mon père fasse le quart du cheminement de Bruno.
https://www.arteradio.com/son/61663468/inceste_et_pedocriminalite_la_loi_du_silence_24?fbclid=IwAR2ByOnQc_uvPD06V80eD20HoGOOd10fjQjEA_gikyQrXiw5BXFvIAajPn0
INCESTE ET PEDOCRIMINALITE : la loi du silence. Un podcast à soi - Une création de Charlotte Bienaimé.
De 36'30 à 47'30, Bruno, un père incestueux ET repenti, nous parle de son histoire, celle d'un mec "normal" qui n'avait jamais éprouvé d'attirance pour des enfants.