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Danser, planer, s'évader, ou rêver, le cinéma a tous ces pouvoirs. Prendre le temps de se plonger dans un film, quand la société nous incite en permanence à être en action, c'est accepter de prendre du temps pour soi, et s'encourager à s'évader.
Avec ce même objectif de vous offrir une pause, je voulais vous conseiller quelques films. La première moitié de 2023 touchant à sa fin, voilà une sélection de découvertes cinématographiques m'ayant marqué jusque-là.
Sorties culturelles à l'autre bout de l'Atlantique
Au Canada, encore plus dans les cinémas «mainstream», les sorties de films sont plus réduites que sur l'hexagone. Pour satisfaire ma curiosité, j'ai alors dû faire quelques recherches supplémentaires. C'est sur les conseils d'un habitant rencontré dans le cadre de mon projet que j'ai découvert plusieurs bons plans.
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Avec les différences de valeur entre l'Euro et le Dollar Canadien, tout achat revenait moins cher qu'en France. Ainsi, pour voir les films abordés ici, je n'ai dépensé qu'une vingtaine d'euros, ce qui aurait sans doute été bien plus cher sur le vieux continent. Mais cela est également dû aux salles visitées: celles du TIFF, où se déroule chaque édition du festival international du film de Toronto, et différents cinémas indépendants.
Au moment où j'écris ces lignes, j'approche de la centaine de films visionnés depuis le début de l'année. Bien sûr, tout n'était pas parfait. Si j'ai en grande partie passé de bons moments, j'ai également été déçu, mais surtout, certaines découvertes m'ont émerveillé.
Le cinéma d'animation a trouvé son roi
Ma relation avec l'univers Marvel est bien complexe. Je ne peux pas nier que les premiers films ont beaucoup compté pour moi, mais les derniers m'ont beaucoup attristé (Strange se reconnaîtra). Sans doute plus exigeant, la qualité générale des nouvelles productions Marvel/Disney me semble désormais bien basse.
Arrive alors Sony, et plus précisément, sa branche «Pictures Animation». En 2018, le studio avait surpris beaucoup de monde, moi y compris, en dévoilant son Spider- Man: Into the Spider-Verse, offrant une nouvelle approche des aventures de l'homme araignée. Le film oscarisé était une grande réussite, et l'envie d'en voir plus n'était que normal.

Si le premier volet était génial, le deuxième l'est tout autant, si ce n'est encore plus. Plus de deux heures, et aucun moment d'ennui. Cela, on le doit à un casting parfait et des à doublages millimétrés, à une magnifique musique originale de Daniel Pemberton -qui peut par moments rappeler le travail d'un Vangelis sur Blade Runner- accompagné d'une bande-son mixant avec brio différents genres, du rock au hip-hop, en passant par du reggaeton.
L'atout principal du film réalisé par Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson, est sans aucun doute sa beauté, et diversité graphique. En 2018, nous étions épatés par la justesse des traits, et la fluidité des mouvements. Cinq ans plus tard, l'émerveillement est encore plus grand, quand chaque scène diffère des autres par son style, à la fois unique et innovant.
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Quand Disney abuse du principe du multivers dans ces derniers films, Spider-Man: Across the Spider-Verse en est l'exact opposé. Ce thème est au centre de cette nouvelle saga, mais rien n'est forcé ou tapageur. Chaque personnage, chaque monde, est travaillé. Aucun détail n'est laissé au hasard. Ce nouvel opus est un véritable comics immersif, ou le film d'animation rêvé.
Spider-Man est un des personnages les plus populaires, et est sans doute l'héros auquel il est plus facile de s'identifier. Si les films live-action étaient globalement réussis, celui-ci est sûrement l'adaptation qui parvient le plus à transmettre cela.

Par l'utilisation du multivers, de personnalités et parcours infinis, il est question de la recherche de son identité, de son chemin. Quelque chose que l'on connaît tous. Comment trouver sa place? Comment trouver sa voie? Miles Morales pourrait très bien être vous, qui lisez ce texte, ou moi.
Partir, pour mieux se retrouver?
La recherche de sens est tellement commune à l'humanité qu'il n'est que normal de voir cette problématique abordée de différentes manières, et par différents médiums. Dans son premier long-métrage, la réalisatrice Celine Song aborde avec justesse cette quête universelle.
Past Lives, que j'ai eu la grande chance de découvrir en avant-première en présence de la réalisatrice, est l'histoire de deux amis d'enfance, qui se retrouvent après des années sans se parler. Amis, copains, ou amants? Il faut voir le film pour mieux comprendre les parcours des deux personnages inspirés de la vie de Song, interprétés avec brio par Greta Lee et Teo Yoo.

La scène initiale nous attrape par un regard magnétique, pour ne plus nous lâcher. Une centaine de minutes plus tard, le film nous repose délicatement dans le monde réel. La «discrétion» de l'intrigue, la beauté de la séquence finale, ou les questionnements philosophiques autour du destin (in-yun en koréen), font qu'il est difficile de rester insensible à la splendeur de Past Lives.
Produit par un studio qui ne déçoit que très rarement, A24, ce film est la meilleure découverte cinématographique que j'ai pu faire ici, pas loin derrière le touchant Aftersun (également distribué par A24).

La danse comme source de vie
Nommé aux Oscars pour sa performance des plus émouvantes dans le film de Charlotte Wells, Paul Mescal est un acteur en pleine ascension. Révélé pour son rôle dans la minisérie Normal People, adaptée de l'excellent roman éponyme de Sally Rooney, Mescal fait d'ores et déjà parti de mes acteurs préférés.
Quelle ne fut pas ma surprise, quand j'ai appris qu'il interprétait un garde-frontière américain dans une adaptation moderne de Carmen. Je me devais d'aller voir ce film, d'autant plus qu'il s'agit de la première réalisation du danseur et chorégraphe français, Benjamin Millepied.
Cette version 2023 de l'opéra de Bizet met de côté sa misogynie originelle, pour mettre en avant une femme forte. L'actrice mexicaine Melissa Barrera interprète avec justesse cette Carmen cherchant à rejoindre une amie de sa mère à Los Angeles, incarnée par la grande Rossi de Palma.
Si l'histoire n'a rien d'extraordinaire, l'énergie débordante du casting, tout comme les prouesses de l'équipe technique, font aisément pencher la balance en la faveur du Carmen de Millepied. Les séquences de danse sont parfaites par des mouvements de caméra d'une grande fluidité. L'hypnotisante bande originale de Nicolas Britell amplifie l'immersion auprès des personnages, et la pure beauté cinématographique du film dans son ensemble n'a pas de mal à émerveiller.
Que ce soit pour cette relecture de Carmen, pour la beauté millimétrée de Past Lives, ou pour le spectacle époustouflant et émouvant de Spider-Man: Across the Spider-Verse, le cinéma est bien un trésor qu'il faut continuer de chérir.

On ne peut jamais être certain de l'effet qu'un film aura sur chaque spectateur, des questionnements qu'un visionnage peut amener, et des motivations ou inspirations qu'une oeuvre peut engendrer.
Un film peut vous chambouler, vous secouer. À titre personnel, c'est de la motivation que ces trois différents métrages m'ont apporté. Les passions se cultivent. Il ne faut pas baisser les bras. Quand on a identifié ce que l'on aime faire, l'important est de persévérer, laisser parler son coeur. Il n'y a rien de plus contagieux et impactant que la passion que l'auteur met dans ses créations.
-Dorian Vidal
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