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Billet de blog 2 janvier 2011

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A l'est, qu'ont-ils fait des espérances des peuples ?

Je suis de ceux, avec mes camarades engagés dans la lutte contre le stalinisme et tous les totalitarismes, qui se sont réjouis de la chute des régimes dictatoriaux qui avaient préempté le beau mot de communisme et qui, voici vingt ans, se sont effondrés comme soufflés par une explosion quasi-planétaire.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis de ceux, avec mes camarades engagés dans la lutte contre le stalinisme et tous les totalitarismes, qui se sont réjouis de la chute des régimes dictatoriaux qui avaient préempté le beau mot de communisme et qui, voici vingt ans, se sont effondrés comme soufflés par une explosion quasi-planétaire.

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Enfin, nous disions-nous, le socialisme allait-il pouvoir être réinventé sans être renvoyé aux dictatures bureaucratiques. C'était, certes, faire preuve d'optimisme. Toute tentative de dessiner une politique de transformation sociale radicale est de suite assimilée par les clercs au service des classes dominantes au « communisme de caserne ».

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« Derrière le mur »

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Les espérances des peuples « derrière le mur » étaient certes un peu "infantiles". Les régimes abêtissants dans lesquels ils évoluaient y étaient pour beaucoup. Du capitalisme, cet « eldorado mythifié » à l'ouest du « rideau de fer », ils pensaient naïvement que liberté, démocratie et prospérité s'y mariaient harmonieusement. Et qu'ils pourraient « en bénéficier » sans abandonner une certaine sécurité de l'emploi qu'assuraient, bon an mal an, les régimes dits communistes.

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La désillusion des peuples fut rapide et des réactions, pour certaines inattendues, se firent jour.

Apparurent simultanément une certaine nostalgie du "bon vieux temps d'avant » et, concomitamment, un populisme nationaliste de droite extrême. Les lamentations sur les « avantages du communisme » n'expriment évidemment pas le désir de revenir aux affres de régimes qui étaient honnis par la population à l'exception d'une nomenklatura, subterfuge d'une classe dominante qui n'avait rien à envier aux « possédants » des pays capitalistes. Elles ne sont qu'éléments de nostalgie qui traversent tous ces peuples tant rude fut « la transition » vers un libéralisme sauvage.

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Des espérances trahies

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L'essor de l'extrême droite nationaliste et xénophobe - qui n'est pas une spécialité des « ex-pays communistes » - est , en fait, identique dans tous les pays, d'est ou ouest, pris dans le maelström de la mondialisation capitaliste. Il a néanmoins ses particularités dues à la répugnance répandue dans la population qu'inspirent nombre d'anciens dirigeants de la bureaucratie communiste qui sont encore dans les allées du pouvoir ou qui se sont vite reconvertis à la tête des nouvelles oligarchies régnantes.

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L'immense majorité des opposants dans les pays de l'Est ne manifestait pas pour le capitalisme. Ils voulaient solidarité, justice, liberté. Ils désiraient pouvoir mener une vie décente, débarrassée d'une pesante idéologie qui entendait tout régenter. Beaucoup d'observateurs disaient, à l'époque, que l'esprit de révolte aspirait davantage à "un socialisme à visage humain" qu'à un basculement brutal dans le capitalisme.

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Solidarnosc, du début des années 80, n'avait-il pas été un mouvement pour un socialisme autogestionnaire avant que l'église conservatrice polonaise ne lui assigne d'autres objectifs ?

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Le printemps de Prague, en 1968, n'avait-il pas été un appel pour « un autre socialisme » que celui imposé par les maîtres du kremlin ?

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De ces contestations, il ne reste, hélas, peu de traces dans la vie des peuples.

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Ils n'ont plus voulu des régimes dits communistes ?

Ils auront la dernière version néo-libérale du capitalisme dans sa phase globalisée, financiarisée !

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La violence du libéralisme

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Or, les dernières décennies montrent formellement que le marché, lorsqu'on le laisse faire, n'est pas un mécanisme anodin qui réaliserait le bonheur des peuples...

Pour son fonctionnement sans entrave, une grande violence sociale et écologique est obligatoire. Face aux ravages sociaux provoqués, les intégristes du marché retrouvent les réflexes caractéristiques du totalitarisme en exigeant une application toujours plus radicale de leur doctrine.

Le contenu régressif des traités européens paraphés tant par les droites que par les gauches libérales en témoigne. Jospin, par exemple, signa sans moufter tous les traités européens de dérégulation sociale et, notamment le fameux « agenda de Lisbonne » en mars 2002 ouvrant la voie à toutes les déréglementations que la droite, revenue au pouvoir, se fit une joie de mettre en oeuvre.

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Les peuples « de l'est » se sont débarrassés du douloureux joug du « grand frère soviétique » (au « bilan globalement positif » osait le PCF !).

Mais, on le sait depuis longtemps, l'économie capitaliste s'accommode très bien de dérives autoritaires pour museler les peuples. Ainsi, Viktor Orban, le Premier ministre hongrois disant volontiers s'inspirer de Sarkozy, et qui vient de prendre « la présidence tournante » de l'UE a fait adopter une législation qui met durement en cause la liberté de la presse et le pluralisme de l'information.

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Malmenés dans leurs droits, pris dans la nasse du libéralisme à tout crin, les populations vivent « l'horreur économique » imposée avec une brutalité propre aux ajustements structurels du FMI. Barbarie encouragée par l'UE pour ceux des pays l'ayant rejointe.

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D'est en ouest, réinventer un socialisme

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Pour que les peuples, d'est ou d'ouest, ne se réfugient pas dans un nationalisme mortifère, l'urgence d'une alternative crédible, voie originale pour un « socialisme du 21ème siècle », appariant les libertés démocratiques aux exigences sociales et écologiques, sans nostalgie aucune pour les défunts «régimes communistes » ni pour « les écritures saintes » se fait chaque jour plus vive.

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Cela nécessite des démarches politiques visant à rassembler toutes les « bonnes volontés », au-delà des divergences non stratégiques, qui se situent dans le cadre de la transformation sociale, démocratique et écologique.

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En France, la folie présidentialiste aiguë est de nature à entraîner, en 2011, un fâcheux surplace.

L'une des urgences démocratiques ne serait-elle pas, d'ailleurs, d'en finir avec le présidentialisme et de rompre (1) avec les cadres institutionnels qui le confortent ?

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(1) Depuis le 27 novembre, l'Islande dispose d'une Assemblée constituante composée de simples citoyens élus par la population.
Leur mission ? Réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a permis aux banques de terrasser l'île.
D'ailleurs, après la démission en catastrophe du gouvernement de droite libérale sous la pression populaire, l'Islande a procédé à la nationalisation des trois principales banques...

On comprend mieux pourquoi les grands médias font silence sur l'Islande qui doit rester l'île au volcan au nom imprononçable !

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