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Billet de blog 4 décembre 2008

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Appel Politis: pour quelle gauche?

Dès la parution de « l’appel de Politis », j'ai signifié aux responsables de ce « journal ami » combien le texte entretenait le flou dans son contenu et sur ses objectifs. L’éventail des sensibilités représentées parmi la cinquantaine de signataires initiaux était d'ailleurs caractéristique des tortueux contours de l'initiative.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dès la parution de « l’appel de Politis », j'ai signifié aux responsables de ce « journal ami » combien le texte entretenait le flou dans son contenu et sur ses objectifs. L’éventail des sensibilités représentées parmi la cinquantaine de signataires initiaux était d'ailleurs caractéristique des tortueux contours de l'initiative. Avaient été obtenues, dans de bien opaques conditions, les signatures du chercheur altermondialiste Raoul Marc Jennar (engagé dans le processus du NPA) ou du philosophe libertaire Michel Onfray (en pourparler avec le NPA), autant de noms qui ont peu à voir, doux euphémisme, avec...Jean-Claude Gayssot ou Marie-Pierre Vieu, figures d’un PC figé dans un baroque huisme.

Jennar et d'autres, s'apercevant de la manœuvre, ont retiré leur signature.
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Il apparaissait et apparaît plus fortement encore aujourd'hui que le but des initiateurs mandatés pour rédiger l’appel et collecter des signataires (peut-être à l'insu originel des dirigeants de Politis) était de faire barrage au NPA.

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Immédiatement, sur la base d’un bien modeste écho de l’opération, s'élaborerait l’idée d’une fédération regroupant pêle-mêle Alternatifs, Communistes dits unitaires et ce qui reste des Collectifs antilibéraux (au nombre de quelques dizaines...).

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Ces derniers mois ont tranché: la dynamique du NPA est tangible et on ne voit pas d'autre issue à cet appel que la valorisation éphémère de quelques personnalités toujours persuadées, le temps d'une pétition, de "faire l'histoire".

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A la suite de l’irruption de Denis Sieffert, directeur de Politis, en première page de Mediapart, apprécions la teneur dudit appel au contenu peu expliqué par l’auteur.

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QUE DIT L’APPEL ?

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À s’en tenir à son contenu, on ne trouve rien de vraiment original par rapport aux dizaines d’autres qui ont jalonné l’existence de la gauche de gauche depuis la campagne référendaire « pour un non de gauche » en 2005. Contrairement à d’autres pétitions, il est facile de constater de sérieux manques ou imprécisions permettant sa signature par n’importe quel militant souhaitant l’unité de la gauche de transformation sociale.

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Ainsi, la ligne de partage entre la « gauche de renoncement » et la « gauche de transformation » passe confusément à l’intérieur même du PS, dont est vaguement dénoncée la « majorité dirigeante ». Après leur dernière « déclaration de principes » et le congrès de Reims, limiter le tropisme social-libéral à la seule « majorité dirigeante » est pour le moins cocasse. Les rédacteurs de l’appel avaient-ils oublié la « synthèse du Mans » ? Alléguer que l’enjeu serait simplement de « redonner majoritairement le ton à gauche » ne peut donner que des sueurs froides à toutes celles et tous ceux se situant dans la moindre mouvance anti-libérale.

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Ainsi, la laconique condamnation du « bipartisme », présenté comme une simple « menace » alors qu’elle est une arme de dissuasion installée de concert par l’UMP et le PS relève d’une acceptation des mécanismes institutionnels de la Vème République. L’affirmation que « l’apport » du mouvement social peut être décisif apparaît comme une figure de style.

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Ainsi, la référence forcenée à Die Linke, né d’une situation politique allemande évidemment non transposable, apparaît comme un besoin vital de généraliser des traditions politiques atypiques pour concrétiser un projet de « rassemblement ». Depuis, le sénateur Jean-Luc Mélenchon, non signataire de cet appel, a fait « main basse » sur les droits d’importation de Die Linke sous la houlette bienveillante de Marie-George Buffet !

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Ainsi, développer l’idée d’une « gauche enfin à gauche » sans préciser si celle-ci inclut le PS en voie de modémisation laisse le potentiel pétitionnaire pantois après les derniers épisodes rémois. Est aussi citée « une gauche » (quelle est la délimitation ?) qui « redistribuerait les richesses » (à travers des politiques d’accompagnement social du libéralisme ou au travers d’incursions dans la propriété privée ?)

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Autant d’imprécisions ne peut être le fait du hasard…

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Pas étonnant, donc, que l’on trouve parmi les signataires - autres que les stakhanovistes de la moindre pétition- des personnalités dont les opinions sont, pour le moins, diverses, voire catégoriquement opposées quant aux questions stratégiques qui se posent à la gauche de transformation sociale…pour celles et ceux qui s’y reconnaissent !

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Ainsi, rencontre-t-on parmi les signataires une dirigeante du PCF qui, lors des débats internes de ce parti sur les candidatures à l’élection présidentielle, déclarait : « l’enjeu de la Conférence nationale, qui n’a rien à voir avec un préalable, c’est que la candidature de Marie-George Buffet soit défendue et que la souveraineté des communistes soit respectée… Bel effort unitaire période Marchais !

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Lorsque une brochette de personnalités lancent un appel, il est légitime de vérifier si leurs positions sont conciliables les unes avec les autres, et si oui, en quoi, sur quoi et pour quoi ?

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Tel n’est pas le cas. D’où le succès non certifié de l’opération nonobstant les dires de Denis Sieffert qui tente de rattraper le coup dans les colonnes de Médiapart après avoir transformé l’hebdo Politis, généralement plus ouvert, en fer de lance, un brin répétitif, de « l’appel ».

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L’objectif apparaît alors dans sa nudité cruelle : établir un cordon sanitaire autour du NPA afin de ménager une « gauche raisonnable »…

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Trop tard. Quoique l’on pense, par ailleurs, du processus engagé par la LCR.LCR : Auto-dissolution fin janvier. NPA : fondation le 1er février.

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Rendez-vous des courses à ce moment-là !

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