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De ma première année d’étudiant en 1966 jusqu’à la campagne référendaire portant sur la « Constitution européenne » en mai 2005, j’ai acheté Le Monde, parcourant parfois des kilomètres pour trouver l’édition du jour qui est toujours datée du lendemain. Depuis plusieurs années, je m’étranglais de plus en plus fréquemment à sa lecture. Abandonnant « l’édition papier », je me suis abonné à l’édition électronique du quotidien.
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Le lecteur numérique dispose 500 signes pour réagir à la plupart des articles. C’est d’un intérêt limité d’autant qu’extrêmement régulées, ces réactions ne peuvent, très rarement, aller à l’encontre de la pensée unique dispensée par Le Monde des Lagardère et compagnie.
Hier, daté du 20.02.09 et mis à jour à 14h50, un article intitulé « Guadeloupe : les propositions de M. Sarkozy à l'étude ».
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Extrait de l’article :
En créole, le porte-parole du LKP s'est adressé à une petite foule attentive : ce qu'a proposé Nicolas Sarkozy "ne répond pas du tout à nos revendications de 200 euros nets par salarié. On nous propose des miettes". "Toujours même bitin" (la même chose), et l'on est "loin du compte". Il a donc demandé aux manifestants de "rester mobilisés". Puis tout le monde a rigolé : "Il a dit que si ça continuait, il s'essuierait avec le papier."
La tonalité n'avait pas changé depuis le matin où les militants du LKP, lors d'une conférence de presse, avaient laissé entendre que le gouvernement leur proposait "une sucette". "On veut que les prix soient contrôlés et qu'on ne nous prenne pas pour des vaches à lait", jugeait Catherine Guizolle, une graphologue de 39 ans. Paul, fonctionnaire, 53 ans, a tranché : "M. Sarkozy n'a pas compris ce qu'on lui demandait. S'il avait compris, il aurait fait une déclaration dans les médias nationaux, plus prisés." La foule est repartie en cortège et en chansons avant un autre rendez-vous vendredi à 15 heures. "Nous débuterons les négociations dans le même esprit, celui de trouver des solutions sur la base du document que nous avions négocié ensemble", a confirmé M. Domota..
Contrairement à bien des articles mettant en cause "l’intransigeance du LKP", rien à redire à celui-ci, signé Béatrice Gurrey, envoyée spéciale.
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Cela se gâte lorsque, par curiosité, j’ai parcouru les réactions. Parmi celles-ci, l’une « signée » Jacky donnait le ton : « M. Elie Domota est un brillant syndicaliste ; il brille par sa bêtise. Je ne peux comprendre les Guadeloupéens qui se laissent diriger par un tel personnage. Cet homme n'a aucun crédit et se ridiculise un peu plus à chacune de ses apparitions. Je ne remets pas en cause son engagement, légitime, mais sa manière. »
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Mon clavier bondit : « Des réactions de "békés" de métropole du type "M. Elie Domota est un brillant syndicaliste ; il brille par sa bêtise" sont d'une telle indigence et porteur d'un racisme larvé que l'on peut se demander pourquoi Le Monde les met en exergue. Pour exacerber les tensions ? Heureusement qu'il y a des Domota en Guadeloupe. Il nous en faudrait d'ailleurs qqs uns ici ! »
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Puis je pris connaissance d’une tirade (telle quelle) de Francis B.
« Et en plus, ils osent faire les difficile ... Consternant ... »
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Que Le Monde ne soit plus Le Monde, passe encore. Il y a désormais Médiapart dans lequel je retrouve des signatures qui m’étaient coutumières. Mais que cet ancien fleuron de la presse mette en exergue des réactions dignes de « National Hebdo » alors qu’elles sont censées être régulées, cela m’a paru inconcevable.
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J’ai donc vivement regimbé en adressant cette réaction : « Je demande instamment que le commentaire à connotation raciste de "Jacky" ("M. Elie Domota est un brillant syndicaliste ; il brille par sa bêtise. Je ne peux comprendre les Guadeloupéens qui se laissent diriger par un tel personnage. Cet homme n'a aucun crédit et se ridiculise un peu plus à chacune de ses apparitions") soit retiré des réactions mises en exergue par Le Monde. A moins que cet "avis" ne reflète celui de la rédaction... »
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Vous devinez la fin ? Ma demande, sous forme de réaction, a été censurée et jusqu’à ce matin, les commentaires - qu’il faut bien prendre comme l’expression d’un racisme latent - étaient toujours visibles sur l’édition électronique….