Deux ou trois idées sur la recherche du «socialisme historique» perdu.
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Stéphane Alliès, sur cinq pages médiapartiennes, nous livre ses réflexions sur la démission de Jean-Luc Mélenchon, sénateur élu sur la liste PS de l’Essonne et déjà aspiré par un PCF en mal de stratégie. Revue de détails. Mes propres commentaires ou infos complémentaires sont soulignés. De nombreuses coupures du texte initial n’ont été réalisées que par souci "d’allègement »..
Ainsi, "Méluche" n'aurait «plus une minute à perdre», comme le prouve son portable qui vibre quasiment en permanence. Son site Internet aurait reçu 5.000 messages de soutiens. A rapporter aux 230 000 adhérents du PS et aux centaines de milliers de militants potentiels « pour une vraie gauche » . Et le PG («et non pas PdG», assène-t-il) peut s'appuyer sur «l'efficacité militante» de quelques réseaux notamment le sien, Pour une république sociale (PRS), ainsi que celui du Mars (quelques dizaines d’ex-chevènementistes en déshérence) et de ceux qui suivent le porte-parole d'Utopia.(…). D'autres ont rejoint l'aventure à titre individuel, comme les économistes Jacques Généreux et Christophe Ramaux (assurément les références les plus intéressantes), l'altermondialiste Claude Debons (en fait une ex-figure syndicaliste de l’opposition cheminote à la ligne CFDT)..
Die Linke est un «modèle intransposable» en France.
Reste l'ambition stratégique du Parti de gauche, qui se lance samedi lors d'un meeting à l'Île-Saint-Denis. Il a convié à ses côtés l'ancien ministre de l'Economie allemand Oskar Lafontaine, devenu leader d'une formation (Die Linke) gagnant du terrain électoral sur le parti social-démocrate (SPD), après avoir regroupé la gauche du parti et l'ancien parti communiste de l'Est. Souhaitons à son hôte que Lafontaine ne commette pas les mêmes dérapages xénophobes que ceux lâchés en Allemagne…Le sénateur lui-même déclare, contrant tous ses propos antérieurs et accessoirement tenus par nombre de dirigeants communistes voire par les signataires de « l’Appel Politis, le modèle «intransposable ». « On ne veut pas créer un grand parti, mais un parti complémentaire dans un front de gauche.». Curieux manque d’ambition qui ne peut se comprendre qu’avec la « mission » que s’assigne, à mon sens, Mélenchon : créer un pôle de gauche mi-productiviste, mi-souverainiste. Pôle qui s’articulerait autour du PC pour faire barrage au NPA de Besancenot qui donne d’épouvantables cauchemars Place du Colonel Fabien.
.Et d'expliquer par l'exemple: «L'idée, c'est de voir aux prochaines européennes un NPA autour de 10%, un front de gauche autour de 10% et un PS autour de 20%. Ça veut déjà dire que la gauche est à 40%, mais en plus cela obligera le PS à se déterminer par rapport à nous, et pas l'inverse.» Pour être convaincante, la démonstration devra éviter quelques écueils d'ici aux élections européennes et notamment celui de bousculer la lente constitution d’une fédération regroupant les « communistes unitaires (ACU) au sein d’une gauche alternative qui espérait (assez vainement et dans un flou bien peu artistique) s’interposer entre PS et NPA. Ecueil plus tangible : la dynamique propre au NPA qui ne va pas regarder passer les trains....
«Nous avons pris nos responsabilités»..
Ainsi, côté communistes rénovateurs, le maire de Sevran Stéphane Gatignon se fait sévère avec «cette réponse classique d'accord de partis, qui tend à sauver le soldat Marie-George Buffet, dans un schéma qui convient finalement tout à fait à la direction du PS: celui d'une force croupion qui viendra toujours le soutenir au second tour».Quant à l'écologiste Francine Bavay, si elle se «félicite qu'il quitte le PS», elle estime que «Mélenchon précipite les choses avec un nouveau parti finalement très pyramidal, et qui ressemble surtout à une petite officine devant lui permettre de discuter d'égal à égal avec le PCF et le NPA.(…). Ce dernier a déjà signifié sa disponibilité pour des actions communes contre les mesures anti-sociales de Sarkozy mais a glissé que l’accord conclu entre le PG (quelle abréviation !) et le PCF n’augurait pas d’un large front commun pour les élections européennes. D’autant que le NPA s’auto-gratifiant d’éco-socialisme du XXIème siècle est bien éloigné de cette gauche figée « seventies »..
«Une nostalgie illusoire de la gauche d'il y a trente ans» .(…).
D’ailleurs, pour Pierre-François Grond, dirigeant de la LCR, un des artisans de la transmutation de la LCR en « parti large », «cette construction est une nostalgie illusoire de la gauche d'il y a trente ans. Le PS est tellement à droite qu'il libère de l'espace politique pour plusieurs. Mais ça ressemble à un rassemblement de déçus qui n'arrivaient pas à se mettre d'accord auparavant. Le NPA cherche plutôt à s'adresser à la société»..
Des comités, des réseaux thématiques et des cercles. Mélenchon ne se cache pas de vouloir «mener une blitzkrieg jusqu'aux européennes». Pour cela, il défend un modèle d'organisation partisane basée sur «la souplesse». Depuis son départ du PS, il a réuni le «comité fondateur» du Parti de gauche à quatre reprises en deux semaines. On y retrouve les «états-majors» de PRS, de Dolez, du Mars et Claude Debons. «Mais il n'y a pas vraiment d'enjeux de pouvoir et on intègrera de façon ouverte qui voudra nous rejoindre. On connaît les limites du système de courants de l'extrême gauche», sourit l'ancien trotskyste (tendance Lambert). De par sa connaissance de ces chapelles, on peut être surpris de son désir d’ouverture envers des organisations sectaires comme LO et a fortiori le POI (ex-PT – lambertiste). Il est vrai que son nouveau compagnon de rupture, Marc Dollez, avait, à l’étonnement général, partagé la tribune avec feu Lambert lors de la campagne référendaire de 2005..
Mélechon fait part de sa volonté de «cumuler plusieurs formes de militantisme: les structures doivent rendre possible l'efficacité sur le terrain». À la base, des «comités» («on n'a pas voulu dire sections») dont le périmètre correspondra aux circonscriptions législatives («pour bien montrer qu'on est un parti de conquête de pouvoir»). Etonnante profession de foi électoraliste quand le « leader » se réclame de la « gauche sociale » !.
Avant de s'en aller, il lâche: «C'est très excitant, tout ça…» On veut bien le croire…Excitant, pour lui. Pour Marie-George Buffet, certainement aussi. Elle va peut-être réussir à sauver in extremis son congrès promis jusqu’alors à un titanesque naufrage. Quant au "peuple de gauche", préoccupée par les effets "blitzkrieg" de la crise et effaré des psychodrames internes au PS, il n’est pas certain qu’il retienne en quoi le PG se distinguerait d’un simple passe-plat entre PS et PC..
D’après Stéphane Alliès avec des "coupures" de texte et des ajouts (en gras)