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Le blocage est total. Une droite arrogante mène une politique de fondé de pouvoir de l'oligarchie au même titre que le ferait, demain, une gauche-FMI. A gauche du social-libéralisme, l'atomisation des formations homologue un manque total de crédibilité à leur égard. Il est à craindre, dédiabolisation médiatique aidant, que le FN récolte en partie les "fruits" de cette situation. Une enquête d'opinion dresse un tableau apocalyptique de la situation...
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Une récente enquête pour le CEVIPOF (1) - à prendre « avec des pincettes » comme tout sondage d'opinion - mesure la décomposition politique à l'œuvre depuis trois décennies dans notre pays.
Ainsi, quand on demande aux sondés les qualificatifs qui caractérisent le mieux leur état d'esprit actuel, 34 % répondent la "lassitude", 28 % la "méfiance" et 28 % la "morosité". En un an, la "lassitude" a gagné 8 points dans l'ensemble de la population, et même 12 points parmi les femmes, 11 points chez les moins de 35 ans et 13 points au sein des professions intermédiaires.
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Simultanément, le pessimisme a progressé pour atteindre le chiffre record de 57 % contre 50 en 2009. Responsable désignée : la crise économique et financière. En fait, la crise du capitalisme. Une crise dont 65 % des personnes interrogées estiment durable. Si le pessimisme gagne du terrain, c'est que la population interrogée fait de moins en moins confiance à ceux qui sont censés représenter leurs espoirs politiques. Ce sentiment n'est pas nouveau et date, en fait, du milieu des années 1980.
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Moment-clé où l'alternance entre la droite et la gauche gouvernementale a cessé d'être vécue comme la possibilité d'une authentique alternative. Depuis, la tendance n'a fait que s'accentuer : fin 2009, 56 % des Français n'avaient confiance ni en la droite ni en la gauche pour gouverner, ils sont aujourd'hui 60 % !
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Les responsables politiques peuvent se consoler en prenant connaissance de la défiance générale de la population à l'égard des banques (seuls 20 % des personnes interrogées disent avoir confiance en elles) mais comme, oligarchie régnante aidant, les français font la liaison entre politiques et banquiers, la perte de confiance s'auto-alimentent !
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A comparer, malgré une campagne de dénigrement de l'institution hospitalière et un manque reconnu de moyens dont ils disposent, les hôpitaux restent en tête des « organisations » avec un taux de 78 % de confiance.
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A quinze mois de l'échéance présidentielle, difficile de savoir comment cette méfiance désabusée se traduira dans les urnes. Dans un article du Monde, Pascal Perrineau du CEVIPOF cite l'économiste et sociologue américain Albert Hirschman "le mécontentement nourrit généralement deux attitudes : le retrait ou la contestation".
Or, seulement 56 % des Français estiment que voter est la meilleure façon d'influer sur les décisions prises dans le pays...
Ce qui nous ramène au billet de Jean-Marc Gavanon ( http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/jean-marc-gavanon/290111/ne-votez-pas-sic#comment-832477 ) qui s'en prenait aux futurs abstentionnistes avec une certaine condescendance.
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Perrineau, le politologue sarkozyste bon teint, affirme : « Pour éviter qu'un tel sentiment ne prévale en 2012, que ce soit sous la forme d'une abstention protestataire ou d'un repli vers des personnalités situées aux marges du système, les candidats n'ont guère le choix. Ils devront avant tout rassurer ».
On est alors saisi d'un énorme malaise quand on découvre que la peur du déclassement social se double d'un niveau jamais atteint depuis que ces études existent concernant les attitudes xénophobes encouragées par le clan au pouvoir : 59 % des sondés pensent ainsi qu'il y a trop d'immigrés en France.
Soit 10 % de plus qu'en 2009. Le débat « Identité nationale et immigration » a validé, au-delà des prévisions les plus pessimistes, les thèses du FN.
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On imagine alors quel type de « protection » sera au centre des débats pour 2012...
(1) baromètre sur la "confiance en politique", réalisé par OpinionWay pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et l'Institut Pierre-Mendès-France. Une étude conduite du 7 au 22 décembre 2010 auprès de 1501 personnes âgées de plus de 18 ans.