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Billet de blog 31 août 2010

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Pierre-François Grond (NPA): "jamais la possibilité d'infliger une défaite à ce pouvoir n'a été aussi forte".

Après 18 mois d'existence, le NPA, créé en février 2009 après l'auto-dissolution de la LCR, traverse-t-il une crise ? De quelle nature ? Comment se porte réellement le NPA à moins de trois mois de son congrès ? Quels débats le traversent ? Rencontre avec Pierre-François Grond, 44 ans, professeur d'histoire-géographie dans un établissement de Seine-Saint Denis, dirigeant du NPA, membre de son Comité exécutif.

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Après 18 mois d'existence, le NPA, créé en février 2009 après l'auto-dissolution de la LCR, traverse-t-il une crise ? De quelle nature ? Comment se porte réellement le NPA à moins de trois mois de son congrès ? Quels débats le traversent ? Rencontre avec Pierre-François Grond, 44 ans, professeur d'histoire-géographie dans un établissement de Seine-Saint Denis, dirigeant du NPA, membre de son Comité exécutif.

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JRV : L'Université d'été du NPA s'est terminée samedi dernier. Quel bilan tirer de ces quatre jours d'échanges et de débats ?

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PFG : Un bilan très largement positif : tant par l'affluence - plus de 1200 participants - que par l'ambiance générale marquée par deux éléments : une volonté studieuse d'approfondir la réflexion et les échanges sur des thèmes variés (près d'une centaine d'ateliers et d'initiatives !) , un impératif de mobilisation en cette rentrée si particulière qui a fait de notre meeting unitaire sur les retraites l'événement de cette université d'été. Tous les observateurs en sont convenus : l'ambiance était à la digestion des problèmes et à la relance du NPA, pas au remâchage de nos divisions.

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JRV : Signataire, avec une quarantaine d'autres membres du Comité exécutif, d'un texte qui apparaît assez critique sur les premiers pas du NPA, quels en sont les points essentiels ?

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PFG : Au printemps dernier, il était normal qu'une discussion sérieuse s'engage dans le NPA sur la stratégie et les premiers enseignements de deux ans d'existence du processus fondateur de notre mouvement. Il y a eu donc plusieurs contributions et c'est bien normal. Nous sommes à la recherche d'un équilibre entre une nécessité de rassemblement face à la droite, face à la brutalité de la crise du capitalisme et en même temps l'égale nécessité de rechercher des réponse radicales, de construire un projet de rupture avec le capitalisme alors même qu'une grande partie de la gauche y a renoncé.

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JRV : Après des scores très modestes lors des « régionales », on a pu lire, ici ou là, que le NPA était en crise. Il a enregistré des démissions, des textes se sont opposés lors de la réunion de ses instances comme lors du vote des militants. Qu'en est-il exactement ?

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PFG : C'est une vision déformée : on confond crise et débats. Il n' y pas de démissions massives et nous sommes en train de dépasser les problèmes posés par les élections régionales. Le débat est sérieux et se reposera sans doute dans le parti, mais, franchement, le poids des régionales dans la situation politique présente qui s'accélère n'est pas d'une lourdeur insoutenable ! Le glissement vers l'extrême droite de l'équipe Sarkozy, la bataille sur les retraites qui se joue dans les semaines qui viennent, l'affaire Woerth-Bettencourt créent les conditions d'une situation nouvelle. J'ai l'impression que nous avons pris la mesure du basculement politique.

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JRV : Et comment se prépare le congrès du NPA ? Sur quelles bases, sur quels textes ? Y verra-t-on s'opposer de multiples plates-formes ? N'y a-t-il pas un risque que se dessine une « majorité introuvable » au sein du prochain exécutif ?

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PFG : Un congrès, au NPA, ce sont les militants qui le font par leurs votes. Les textes soumis aux militants - avec possibilité d'amendements - seront adoptés par notre instance de direction large (le Comité Politique National) les 18 et 19 septembre et alors commencera réellement le débat. Donc, avant de parler de plateformes, de majorité introuvable, sérions les problèmes essentiels : la mobilisation contre la droite, la définition d'un projet anticapitaliste valable dans la rue comme dans les urnes, le rassemblement des forces anticapitalistes en indépendance vis à vis des sociaux-libéraux qui s'adaptent au FMI et, dans l'Union européenne, à la brutalité du système capitaliste. Et alors, nous aurons un débat constructif tel que le souhaitent les membres du NPA.

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JRV : Olivier Besancenot laisse poindre son désir de ne plus représenter seul le NPA voire d'y jouer un rôle différent. Quelles sont les mesures qui pourraient être prises par le congrès et les instances qui en seront issues dans ce domaine ? Le NPA n'a-t-il pas trop tardé sur ces questions ?

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PFG: Olivier Besancenot a raison. Un parti comme le nôtre ne peut avoir un porte-parole unique. Peut- être a t-on trop tardé mais je crois qu'il y a maintenant la volonté d'aboutir à un porte-parolat collectif. Nous sommes en train de travailler en ce sens parallèlement au congrès afin de permettre à celui-ci d'avancer.

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JRV : Avec l'auto-dissolution de la LCR, le défi de créer un parti anticapitaliste aux contours larges n'a-t-il pas du « plomb dans l'aile » ? Comment redresser une situation qui, aux yeux de beaucoup, apparaît, pour le moins, délicate ?
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PFG : Le NPA est un chantier de long terme, nous n'avons pas lancé le processus pour préparer 2012 ou tout autre échéance rapide. Nous voulons relever le défi du regroupement des forces anticapitalistes et redessiner à la chaleur d'expérience sociale et politique, un nouveau projet émancipateur. Comment juger la viabilité d'un tel projet sur une période aussi courte et sur des échéances électorales certes importantes mais pas vraiment fondatrices. Nous avons beaucoup de travail d'implantation dans la société, d'immersion dans les mouvements sociaux et écologiques afin, dans le cadre d'une crise globale du système capitaliste, de faire émerger une alternative socialiste et écologique. C'est sur ce travail que nous voulons être jugés.

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JRV : Une crise politique majeure peut, dans les prochaines semaines, s'ajouter aux crises économique, sociale, écologique et démocratique. Quel rôle entend jouer le NPA dans le déroulement de ces « évènements » en devenir ?

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PFG : Etre au cœur des mobilisations - à commencer par les manifestations des 4 et 7 septembre - dans une perspective de construction d'une épreuve de force avec le gouvernement. Depuis 2007, jamais la possibilité d'infliger une défaite à ce pouvoir n'a été aussi forte. A condition que la gauche soit unie et combattive : pour obtenir le retrait du projet de loi sur les retraites, pour bloquer la dérive "Vichyste" du pouvoir, pour exiger la vérité dans l'affaire Woerth Bettencourt . Cela se jouera en quelques semaines. Ceux qui pensent que le vrai match est pour 2012 se trompent, c'est maintenant que se jouent les rapports de force y compris pour la présidentielle prochaine. Un soulèvement social, civique, démocratique contre Sarkozy profitera à tout le monde à gauche. Ce sera également pour nous l'occasion de défendre la nécessité d'une alternative anticapitaliste globale qui, à notre sens, est la condition sine qua non pour non seulement défaire la droite mais également battre toutes les politiques de droite.

Entretien du 31 août 2010

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